Réalisation Divine Vol 16.1a

Message du Maître Préparation à la Méditation

Préparation à la Méditation

Pour méditer il faut préparer son terrain. Il faut être réceptif. L’état d’introversion ne peut être perçu ni par les cinq organes des sens, ni par le mental, ni par la pensée, ni par l’intellect, ni par l’ego. Tout vient de l’âme unique qui vit au-dedans. Si vous pénétrez profondément au-dedans, alors vous serez libéré du mental, de la pensée, de l’intellect et de l’ego. Si vous pratiquez cela dans votre vie quotidienne, vous sentirez que vous êtes purs et parfaits. Vous devez découvrir où se cachent vos lacunes et essayer de vous en défaire.

Aimez Dieu et priez: “Tu es en moi, j’ai de la chance. Mon cerveau est parfait parce que Tu es dans mon cerveau. Mes yeux sont parfaits parce que Tu vois à travers mes yeux. Ô Seigneur, tout ce que je fais avec mon corps physique, ce n’est qu’un culte que je Te rends et une prière que je T’adresse. Je T’aime. C’est l’offrande que je Te fais. Ô Seigneur, dissipe mes peines, dissipe ma colère, mon orgueil, ma cruauté, mon manque de sincérité. Donne moi la pureté. Donne moi un développement complet. Seigneur, je méditerai tous les jours et je m’incline mille fois devant Toi.”

Mais on ne peut pas atteindre cet état uniquement par la prière. On ne peut pas l’atteindre non plus simplement en lisant les écritures. Il faut prier et méditer. Il faut lire les écritures et méditer. Vous devriez alterner le chant et la méditation. Lorsque vous êtes fatigué du chant, alors méditez. Lorsque vous êtes fatigué de la méditation, chantez. Chanter n’est pas verbal. Il faut entendre le son divin mentalement. Si vous ressentez que vous êtes l’âme, alors vous entendrez le son divin. Cherchez-Le constamment. Vous êtes les enfants de Dieu, vous devez donc posséder les qualités de Dieu, la pureté, la perfection, la douceur, la gentillesse, l’amabilité.

Que Dieu vous bénisse tous.

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Gouttes de Nectar

PASSAGES DU LIVRE “GOUTTES DE NECTAR”
De Paramahamsa Hariharananda
Rédigé par Paramahamsa Prajnanananda

  • Si vous observez votre âme dans chaque pensée, chaque parole et chaque action, vous êtes immortel. Toutes vos maladies sur le plan matériel disparaîtront.
  • Notre vie n’est pas une vie humaine; c’est la vie divine.
  • Tant que vous n’aurez pas bien lavé votre cœur, vous ne pourrez rien faire de bien, vous ne pourrez pas aimer. Il faut donc laver votre cœur et votre mental avec la technique de la méditation.
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La Voie de L’Amour

PASSAGE DU LIVRE “LA VOIE DE L’AMOUR”
de Paramahamsa Prajnanananda

Premier Chapitre
QU’EST-CE QUE L’AMOUR?

L’Amour est longanime (patience à endurer les offenses des autres ou ses propres malheurs), l’ Amour est serviable, il n’est pas envieux, l’ Amour ne se vante ni ne se rengorge. Il ne fait rien d’inconvenant, il ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne s’arrête pas au mal.
(Première lettre aux Corinthiens, chapitre 13, Verset 4 et 5)

L’Amour, le Fondement de la Création

La création tout entière est une manifestation d’amour. C’est grâce à l’amour divin que le monde est né. Le soleil brille pendant la journée grâce à cet amour, la lune luit dans la nuit en raison de ce même amour, le vent souffle par amour et les nuages déversent la pluie par amour. Les saisons changent; en automne les feuilles tombent par amour et au printemps de nouvelles feuilles sortent, poussées par l’amour. L’amour est évident dans toutes les créatures. On grandit et on vit dans l’amour. Une mère nourrit ses enfants avec amour. Tous les êtres vivants ont connu l’amour à un moment ou à un autre. Les êtres humains aiment et les animaux aiment aussi. Toutes les mères aiment leurs rejetons. Lorsque j’étais enfant en Inde, j’ai passé beaucoup de temps à observer comment les animaux se comportaient les uns avec les autres. Dans les villages Indiens, les oiseaux font leurs nids au sommet des toits. Un jour un chat réussit à dévorer un bébé oiseau et lorsque les parents rentrèrent et ne trouvèrent pas leur enfant, leur peine était évidente. Les animaux et les oiseaux ont des émotions exactement comme les humains.

De La Passion à La Compassion; De L’Émotion à La Dévotion

L’émotion est une qualité particulière aux êtres vivants. L’émotion peut être un outil aussi bien qu’une entrave à l’évolution. L’art de gérer, contrôler et manifester son émotion est la Voie de l’Amour. L’émotion devrait être dirigée vers un but de vie supérieur. Lorsque l’amour se dirige vers le bas, il devient kama ou passion et lorsqu’il se dirige vers le haut il se transforme en prema ou Amour Divin. Kama a aussi une autre signification; ka veut dire bonheur et ama pas mûr ou immature. Le cœur est le siège de l’émotion. L’émotion peut être positive comme l’amour, la joie et la paix ou négative comme la colère, la dépression et la jalousie. Lorsque l’émotion s’enfonce vers les centres inférieurs, la nourriture, le sexe et l’argent, elle apporte une joie temporaire mais c’est un bonheur vert, pas mûr.

Lorsque le même sentiment se dirige vers le haut, il devient dévotion. Tomber amoureux c’est de l’amour ordinaire mais grandir en amour c’est ressentir un amour qui englobe tout. Lorsque l’eau monte il y a des inondations. De même, celui qui grandit en amour est inondé d’amour et ne perçoit plus que de l’amour tout autour de lui. L’émotion peut être positive ou négative. L’amour est une émotion positive. Généralement, le mot amour est utilisé de façon trop imprécise et s’applique à l’attraction physique, à l’affection ou à la tendresse. Le mot amour, comme le mot Dieu, est un des mots les plus mal utilisés et les plus incompris de l’histoire humaine et ces deux mots ont étés à l’origine de nombreux conflits.

La passion est un instinct naturel aussi bien chez les animaux que chez les humains. Cette fascination l’un envers l’autre est certainement utile comme moyen de procréation et de continuation de la création de Dieu. Mais la passion est une pulsion qui entraîne l’attachement et l’asservissement. Cet instinct peut malgré tout être régulé pour apporter la transformation intérieure. La passion peut aboutir à la compassion. L’amour est donc une qualité surnaturelle, un lien qui nous aide à évoluer et à grandir. L’amour est une très grande force de poussée pour la croissance psychologique des gens. L’amour bien canalisé commence avec soi et a un potentiel de croissance vers le divin. L’amour pour le divin est de la dévotion qui élargit le cœur humain au point d’accommoder et même d’englober l’infini. L’amour commence avec un forme familière et grandit jusqu’à atteindre l’émancipation complète en apportant l’expérience de l’Absolu et en s’unissant à l’Infini comme le Gange qui jaillit d’un glacier de l’Himalaya et gagne en puissance en dévalant les vallées montagneuses, puis traverse la plaine Indo-Gangétique où il coule le long d’innombrables lieux saints, surmontant tous les obstacles, montagnes et déserts pour finalement, après avoir livré sa dernière bataille, s’unir à l’océan.

Le fleuve est ici un symbole, une image de la création divine, non seulement des flots de ses eaux mais aussi du flot d’amour qui, avec le passage du temps et des lieux, se renforce en surmontant tous les obstacles pour s’unir avec l’absolu. Dieu est amour. L’amour est Dieu. A travers l’amour sous sa forme la plus pure et à travers la création, Dieu s’est manifesté Lui-même dans toute sa perfection.

L’Amour Divin

En Sanscrit, l’Amour Divin Suprême y compris les étapes de l’émancipation aboutissant à la réalité ultime, se dit bhakti. Bhakti ou l’Amour Divin consiste à ressentir de l’amour tout d’abord pour ses proches et s’étend ensuite à l’univers entier. Beaucoup de textes sacrés et une large part de la littérature de l’héritage spirituel Védique se sont longuement attardés sur ce sujet.

On peut diviser le phénomène de bhakti en aparabhakti et parabhakti.
Parabhakti est l’état Suprême d’Amour Divin, où le mental est complètement saturé d’amour de Dieu.
Aparabhakti est l’état préparatoire de la pratique de l’amour qui mène à l’Amour Divin Suprême.

Aparabhakti peut être divisé à son tour en gaunibhakti et mukhyabhakti qui sont deux étapes différentes sur la voie de la réalisation suprême.

Gaunibhakti fait partie de l’état préparatoire et peut prendre trois types de formes selon la nature du dévot: sattvique (pure), rajasique (ambitieuse) ou tamasique (léthargique). Tout le monde possède la force intrinsèque de transformer et de transcender sa vie et de passer de l’état léthargique ou ambitieux à l’état le plus pur, où la vie gagne en sublimité et en amour.

Mukhyabhakti naît de la pratique de l’état préparatoire. Il n’en est qu’un état plus avancé.

La vie est la grâce de Dieu et l’amour est une bénédiction qui donne à la vie une qualité vibrante, remplie de joie. La préparation à la perception du Suprême par le cœur, le mental et l’Âme, apporte un changement magnétique à la vie elle-même. De même que les nombreux affluents forment en s’unissant un fleuve au cours puissant, l’ensemble de toutes les pratiques préparatoires nous donnent de l’élan et nous aideront finalement à atteindre notre but, l’expérience de l’Amour Suprême.

Parabhakti ou le Suprême Amour Divin

Parmi tous les anciens sages Védiques, Narada occupe une place prépondérante pour son enseignement de la voie qui mène au Suprême Amour Divin. Sa vie tout entière fut remplie à ras bord d’un extrême amour de Dieu. Parmi ses œuvres les plus connues, on trouve les Bhakti Sutras de Narada et Les Aphorismes de Narada sur l’Amour Divin. Malgré tout, cela ne l’empêcha pas d’avoir à faire face a des difficultés comme il l’explique lui-même:

anirvachaniyam premasvarupam
“ La nature de la dévotion ne peut pas être exactement définie ni analysée.”

La Voie des Paramahamsas

Le Bhagavatam, le grand récit épique composé par Maharshi Vyasa, est considéré ‘Paramahamsa Samhita’, le livre sacré des Paramahamsas. Il s’agit de la dernière œuvre de Vyasa, postérieure à son édition des Vedas, au Brahma Sutra, au dix-huit Puranas, à ses commentaires des Sutras de Patanjali et au Mahabharata.

Il y a une histoire très émouvante qui se révéla plus tard le moteur et l’inspiration de l’auteur du Bhagavatam.

A l’époque, Vyasa était un vieil homme, mûri par l’acquisition de la connaissance, et jouissant d’une grande réputation pour sa stature spirituelle et le travail monumental qu’il avait accompli. Sa qualité de visionnaire profond inspirait aussi le respect. En dépit de tout cela, quelque chose de profondément ancré en lui restait insatisfait. Son mental était rempli d’agitation et une sensation d’inachevé le tourmentait. Au milieu de cette crise profonde dans laquelle il sombrait, son ami Narada vint lui rendre visite. Narada était bien connu pour sa compassion et son amour universel. Il se rendit immédiatement compte de la situation difficile dans laquelle se trouvait son ami, cette si grande âme, et il lui offrit l’avis suivant: “Ô, grand sage! La connaissance mène à un niveau de maîtrise intellectuelle élevée. Mais, comme la connaissance se concentre sur la pensée rationnelle, elle vide le cœur de son amour. Au contraire, l’amour rend la vie plus paisible. L’amour ajoute beaucoup de douceur à la vie. L’amour anime la vie en la débarrassant du poids de la connaissance et de la fatigue de l’action. L’amour est l’élément d’intégration qui nous permet de manifester la perfection et la beauté dans nos vies. Tu as sans aucun doute accompli un travail inimaginable pour l’humanité mais tu ne t’es pas encore penché, malgré toute ta sagesse, sur les avantages qu’on peut retirer de l’amour. Le moment est venu de méditer sur l’amour et de composer une œuvre sur l’amour.”

Vyasa prit à cœur l’avis de Narada et écrivit son œuvre bien connue le Bhagavatam. Lorsqu’il eut achevé cette grande œuvre sur l’Amour Divin, Vyasa chercha dans son entourage la personne à qui confier son nouveau trésor et son choix s’arrêta sur son fils Suka, un Paramahamsa pur et plein de dévotion, à la hauteur de la tâche. C’est pourquoi la Voie de l’Amour devint la Voie des Paramahamsas. Plus tard Suka transmit ce message sacré au roi Parikshita, un descendant de Krishna et d’Arjuna. La majeure partie de l’œuvre décrit l’amour entre Dieu et ses dévots et le reste est dédié à Krishna et aux Gopis.

L’amour des Gopis de Brindavan est un exemple sans égal du Suprême Amour Divin. Elles aimaient Krishna comme s’ils ne faisaient qu’un seul cœur et qu’une seule âme. Krishna quitta Brindavan à l’âge de dix ans en promettant aux Gopis qu’il reviendrait. Il alla faire ses études au Gurukulam ou l’école du Gourou puis ils se trouva confronté à tant de problèmes qu’il ne pouvait revenir. Mais il n’oubliait pas les Gopis et il leur envoya son cousin Uddhava avec un message.

Lorsque Uddhava arriva à Brindavan il trouva plusieurs Gopis assisses les yeux fermés, complètement absorbées en méditation. Les heures passèrent et elles n’ouvraient toujours pas les yeux. Finalement Uddhava eut l’impression qu’elles revenaient à la conscience corporelle et se dit qu’il pouvait toucher leurs pieds. Puis il hésita craignant qu’elles ne le lui permettent pas. Au même moment, une abeille noire se posa sur l’un des orteils d’une Gopi. La Gopi se mit à parler à l’abeille: “Ô abeille, ne touche pas mon pied. Tu vas de fleur en fleur pour butiner le miel. Ta nature est la même que celle de Krishna qui butine l’amour et aime l’amour.” Uddhava profita de l’occasion pour leur adresser la parole: “Je suis Uddhava, un cousin de Krishna, et j’ai un message pour vous, une lettre. Vous pouvez la lire.” Les larmes se mirent à couler sur leurs joues et elles répondirent: “Ô Uddhava, ne sais-tu pas que nous ne savons pas lire? Nous ne connaissons qu’un seul mot, le mot amour. Nous ne l’avons pas appris dans un livre ni de quelqu’un d’autre mais de ce que nous ressentons en nos cœurs et nous l’avons dédié à Krishna. Ne vois-tu pas les larmes dans nos yeux? Le simple fait de regarder la lettre en délaverait l’encre. A quoi bon lire le message?” Uddhava répondit: “Dans ce cas, je vais vous le lire. Ecoutez toutes attentivement et concentrez y toutes vos pensées.” Les Gopis, simples et sans éducation, éclatèrent de rire: “Ô Uddhava on te croyait intelligent! Combien de pensées te passent par la tête? Nous n’avons de pensée que pour Krishna. Quelle pensée veux-tu que l’on t’accorde? Nos pensées appartiennent déjà à Krishna.” Tel était l’amour que ressentaient pour Krishna les Gopis de Brindavan, au mental et à l’âme uniques et sans détour.

L’amour donne au mental cette unique direction que les Yogis appellent la concentration et la méditation. La vie et le cœur se remplissent simultanément d’un charme divin qui transporte de joie chaque atome du corps et se répand dans l’atmosphère environnante. Un vrai dévot, un amant de Dieu, purifie sa propre vie et ceux qui viennent à son contact s’en trouvent également purifiés.

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Fleuve de Compassion

Un Passage Du Livre “FLEUVE DE COMPASSION”
De Paramahamsa Prajnanananda

Chapitre 5: Les Portes Fermées S’ouvrent

“bahar dvar banda amar bhitar dvar kholo” est un dicton populaire de la tradition spirituelle du Bengale. Cela veut dire: “Toutes mes portes extérieures sont fermées. Mon Dieu, je t’en prie, ouvre la porte intérieure.” Notre corps est une maison avec de nombreuses portes, neuf portes d’après la Baghavad Gita, dix portes d’après le Jnana Sankalini Tantra, et onze portes d’après le Kathopanisad. Toutes ces portes sauf une sont ouvertes et représentent les sens. La dernière porte qui est fermée et doit être ouverte est la porte de la fontanelle. La littérature yogique y fait référence sous le nom de brahmarandra, la porte de brahman. On peut l’ouvrir avec la clé de la méditation, une ouverture intérieure appelée svargadvaram apavrtam – la porte ouverte du ciel telle qu’elle est décrite dans la Baghavad Gita.

Les yogis, les saints et les sages ont essayé d’ouvrir cette porte de l’illumination et de la réalisation de différentes façons. La méditation est le raccourci pour atteindre cet état.

Brahmachari Rabinarayan intensifia sa sadhana. Il méditait continuellement dans sa chambre. Il utilisait une grande moustiquaire carrée pour méditer et pratiquer des asanas sans être gêné par les moustiques. Il n’en sortait que pour aller aux toilettes ou prendre une douche, le plus souvent la nuit. Il prenait un peu de nourriture lorsqu’il avait faim. Le Swami de l’Ashram prenait soin de sa nourriture et de ses autres besoins.

Un jour, après une longue méditation, il se reposait sur son lit et s’apprêtait à lire la Baghavad Gita. Mais il se dit à lui-même: “Je suis ici pour méditer et réaliser. Je pourrai lire les écritures plus tard, même après ma réalisation.” Telle était l’intensité de son désir pour la méditation.

A la périphérie de Puri il y avait deux endroits pittoresques d’une grande beauté naturelle. Parfois il allait y méditer. L’un de ces endroits était une forêt près de Tota Gopinath, un temple ancien dédié à Krishna, et l’autre était Ketaki Jhar, une autre forêt proche de la première. Ces endroits étaient calmes et tranquilles bien que fréquentés par de nombreux singes. Il partait le matin de bonne heure emportant un peu de nourriture et de l’eau, méditait toute la journée et revenait à l’Ashram tard dans la soirée.

LE MOINE MYSTÉRIEUX

Dieu est omniscient. Il est dit dans les écritures: “yadrsi bhavana yasya siddhir bhavati tadrsi.” – tel est le désir, tel sera le succès. L’effort continu, la persévérance, la maîtrise de soi et la méditation apporteront le succès dans la vie. Pendant cette période d’intense sadhana, il reçut l’aide visible et invisible du Divin. Un jour qu’il méditait dans sa chambre fermée et observait le silence, quelqu’un frappa à la porte hurlant comme un fou. Brahmachariji ouvrit et trouva devant sa porte une personne à l’air étrange. Il avait l’accoutrement et l’apparence d’un fou mais son visage et ses yeux rayonnaient de paix intérieure et d’amour. Il entra dans la chambre.

Brahmachari avait sculpté deux statues de la Mère Divine. L’une, représentait Kali et était exposée pour l’adoration dans une petite salle de l’Ashram. L’autre, représentait Saraswati, auquel un culte était rendu dans l’école de l’Ashram à l’occasion du Saraswati Puja en Janvier/Février, et restait dans la chambre de Brahmachari le reste du temps.

Voyant la statue de Saraswati le visiteur demanda pourquoi il y avait une femme dans la chambre d’un Brahmachari qui méditait dans l’isolement. C’était une remarque étrange, sa signification réelle étant qu’il fallait percevoir “advaita” – la réalisation de l’état de non-dualité.

Il dit alors qu’il avait faim. Il y avait quelques sucreries au lait et au sucre sur une assiette que Brahmachari lui offrit. Il les accepta et les tendant vers la statue de Sarsawati il dit d’un air détaché: “Mange, mange.” Ce n’était ni un mantra ni une prière solennelle. Lorsqu’il prononça ces mots deux volutes de fumée, semblables à celle qui s’élève d’un bâton d’encens, sortirent des yeux de Saraswati et se posèrent sur l’assiette. Brahmachari en fut très surpris et réalisa qu’il ne s’agissait pas d’un homme ordinaire mais qu’il se déguisait pour ne pas attirer l’attention.

Les gens ordinaires qui ont acquis un peu de pouvoir ou d’expérience spirituelle essayent de l’exhiber en public pour se faire leur propre publicité. Mais il y a de nombreux yogis sincères et avancés qui s’efforcent d’éviter d’être reconnus par les autres. Ils se déplacent incognito. Ces mystérieux saints donnent éventuellement quelques conseils spirituels pratiques qui aident à atteindre l’état de réalisation. Ce genre d’expérience n’est pas accidentel ou miraculeux. C’est le fruit du travail acharné d’une pratique spirituelle accomplie avec foi et amour.

NIRVIKALPA SAMADHI

Comme la plante qui pousse sous les soins du jardinier puis fleurit et porte ses fruits lorsque la saison est venue, Brahmachari progressait sur la voie de la réalisation du Soi. Il eut de nombreuses expériences intérieures et goûta différents niveaux de samadhi. En 1944-45 il fut libéré du tourment des centres inférieurs et s’absorba encore davantage dans l’état de superconscience. La période comprise entre 1945 et 1948 fut marquée par ses succès spirituels les plus notables.

Un jour il méditait dans sa chambre fermée à clé et entra dans un état de profonde méditation. Son corps s’affaissa lentement et il se cogna la tête. Il gisait près de la fenêtre et sa blessure saignait. Le sang s’écoula sous la porte vers l’extérieur où des corbeaux s’assemblèrent pour happer le sang frais. Swami Satyananda était à l’Ashram et comme il jetait un coup d’œil à sa fenêtre il vit les corbeaux et le sang. Il se précipita et vit que le sang venait de la chambre de Brahmachari Rabinarayan. Mais la pièce était fermée de l’intérieur. Il enfonça donc la porte et trouva le corps de Brahmachari au sol. Il n’y avait pas de pouls mais le corps n’était pas froid. Il massa la plante des pieds, les paumes des mains et la poitrine pour activer la circulation sanguine et le ramena à ses sens.

Un autre jour, Brahmachari Rabinarayan alla à Ketakijhar, une forêt proche, pour y méditer. D’habitude il rentrait à l’Ashram avant la nuit mais ce soir là il ne revint pas. Un étudiant qui résidait à l’Ashram se mit en route à sa recherche dans la forêt, muni d’une lampe et criant à voix forte: “Brahmachariji! Brahmachariji!” Mais en dehors de l’écho dans le silence de la nuit, il n’y avait pas de réponse. Après un bon moment de recherche dans la forêt il découvrit finalement le corps de Brahmachariji appuyé contre un arbre. Il semblait presque mort. Il n’y avait aucun signe de respiration ni de pouls. Il fut d’abord saisi de peur, puis, toujours terrifié, se mit à secouer gentiment le corps en criant: “Brahmachariji!” Peu à peu Brahmachariji reprit conscience de son corps et ouvrant les yeux comme quelqu’un qui sort d’un long sommeil demanda: “Où suis-je?” Un peu plus tard il regagna pleine conscience, mais il était incapable de marcher. Aidé par le solide jeune homme, il réussit finalement à rentrer à l’Ashram ce soir-là.

C’est ainsi qu’il atteignit l’état très rare de nirvikalpa samadhi. Les écritures yogiques disent que très peu de gens reviennent à l’état de conscience physique après avoir atteint l’état de nirvikalpa samadhi. Seul un petit nombre d’êtres bénis qui ont pour mission de guider d’autres chercheurs sur la voie spirituelle reviennent en tant qu’instruments de Dieu pour exécuter son plan.

Après 1948, il devint capable d’atteindre à volonté ce niveau de samadhi en méditation profonde. Parmi les saints et les sages de l’époque moderne, Ramakrishna Paramahamsa, Lahiri Mahasaya, Swami Shriyukteswar et Paramahamsa Yogananda pouvaient également atteindre cet état à volonté. Brahmachari Rabinarayan avait atteint ce rare état de samadhi que de nombreuses personnes, y compris des docteurs et des scientifiques, purent observer aussi bien en Occident qu’en Orient.

Il observa les instructions de son père sur la nourriture et la boisson jusqu’au moment où il atteignit l’état d’illumination complète. Après l’avoir atteint, il se rendit un jour à Calcutta chez Prabash Ghosh, un cousin de Paramahamsa Yogananda et demanda qu’on lui prépare quelque chose à manger. Tout le monde fut surpris de sa demande sachant qu’il avait fait le vœu de ne prendre aucune nourriture à l’extérieur. Questionné sur ce sujet, Brahmachariji, sans dévoiler ce qu’il avait expérimenté ni son niveau de réalisation, répondit simplement qu’il n’était plus nécessaire de suivre cette restriction.

Le feu, le péché et la vérité ne peuvent rester cachés. Ils se révèlent d’eux-mêmes. Peu à peu les fidèles de l’Ashram apprirent la nouvelle. La sérénité, la béatitude, et la joie de la plénitude transparaissaient dans l’attitude de Brahmachariji et mettaient en évidence qu’il était solidement établi dans l’état de sagesse.

Dans la littérature védique il est écrit: “brahmavid, brahmaiva bhavati”- celui qui connaît Brahman devient Brahman. Celui qui a transpercé le voile des paysages de la nature et de la danse illusoire de Maya est constamment absorbé dans l’océan de béatitude. Le mental pur est constamment ancré au point de brahmarandhra, appelé aussi sahasrara, au sommet de la tête. Celui devant qui cette porte s’est ouverte, elle lui est ouverte pour toujours et lui permet d’être en permanence inondé par la conscience divine et le pouvoir surnaturel.

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L’Unité dans la Diversité

par Paramahamsa Prajnanananda

Il y avait un moine qui avait de nombreux adeptes. Il pensait que, lorsqu’il quitterait son corps, ses disciples se disputeraient au sujet de ses biens. Lorsque Saint Kabir, un Maître spirituel du quinzième siècle mourut, ses disciples ne s’étaient-ils pas querellés au sujet du lieu de son enterrement? La grâce du maître est infinie et tout aussi infinie la stupidité des disciples. Ce moine voulait donc distribuer tout ce qu’il avait. Il avait entre autres une statuette du Seigneur Ganesh et une souris en or. Le moine se rendit chez un joaillier pour une évaluation des statuettes. Le joaillier lui dit que la valeur de Ganesh était de 100.000 et que celle de la souris était de 200.000. Le moine était surpris et demanda: « Comment la valeur de Ganesh peut-elle être inférieure à celle de la souris? » Le joaillier répondit: « J’achète l’or et non pas Ganesh ou la souris. Je ne considère que le poids de l’or. »

Quelle est notre perception lorsqu’on regarde le monde? Nous voyons une multiplicité de choses, des arbres, des étoiles et des planètes. Nous sommes bien d’accord qu’elles sont visibles, mais où est la vraie vérité? La vérité c’est ce qui se trouve au-delà de tout cela. Par la grâce de Dieu ou la compassion du Gourou, je voyage souvent à travers le monde et lorsque je vois tout ces aéroports et tous ces pays, je me demande: « Dieu a créé la terre, mais qui a divisé la terre? Qui a créé l’Inde, le Pakistan, l’Amérique ou le Canada? » Lorsqu’on regarde autour de nous, on voit tant de divisions et de diversité. Les divisions sont en partie utiles, mais derrière cette diversité, il y a l’unité.

Dans la Bhagavad Gita, on trouve une diversité dans les différentes approches des dix-huit chapitres, chacun d’entre eux avec son propre message en partant du Vishada Yoga, le yoga de la dépression, pour finir avec le dix-huitième chapitre sur la libération ou l’émancipation. Ce que tous les chapitres ont en commun est le mot yoga contenu dans leur titre. Yoga veut dire union. La Gita part de la diversité et aboutit d’une manière unique à l’enseignement de la perception de l’unité. Il faut avoir des yeux qui voient l’unité et non pas la diversité. Lorsque le ciel est clair, que voit-on? On ne voit pas tout ce qui est réellement présent. On ne peut pas voir les millions d’étoiles.

Dans la Bahgavad Gita, le Seigneur nous dit:
mayi sarvamidam protam sutre mani gana iva

Sutra veut dire cordon. Comme le cordon qui relie ensemble les perles d’un collier ou les fleurs d’une guirlande, toutes les diversités sont reliées ensemble par une unité. Il y a trois principaux livres de Sutras: les Brahmasutras, les Yoga Sutras et les Bhakti Sutras. La vie ne tient qu’à une simple sutra: le souffle. Sans souffle il n’y a pas de vie. L’âme en vous et en moi, et même dans le plus petit des insectes, est la même.

La Bhagavad Gita (chapitre 5, verset 18) dit:
vidya vinaya sampanne brahmane gavi hastini
suni caiva svapakeca pandita sama darsinaha

L’homme noble, bien éduqué et humain voit la même âme également présente dans l’éléphant, la vache, le chien ou la personne qui mange une nourriture avariée.

Adi Shankara, un grand maître qui redonna à l’hindouisme un nouvel élan, était l’un des plus grands avocats de la Philosophie dite Advaita. Un jour, il marchait dans une rue de Kashi, de retour de son bain dans le Gange, avec un pot rempli d’eau pour l’adoration au Seigneur Vishvanath. Shankara vit un balayeur qui s’approchait trop près de lui et il lui dit “gaccha, gaccha”, ce qui veut dire “pousse-toi, pousse-toi.” Le balayeur lui sourit et dit: “Qui doit s’éloigner de qui? Le corps fait de cinq éléments ou une âme immortelle d’une autre?” Cette remarque ouvrit les yeux de Shankara qui tomba aux pieds du balayeur en disant: “Qui que vous soyez, vous êtes mon maître.”

Nous sommes tous les enfants de Dieu sur l’aire de jeu de la terre. Un jour il faudra s’arrêter de jouer et rentrer à la maison. Jouons dans la joie.

Dans la Bhagavad Gita (chapitre 6, verset 30), le Seigneur dit à Arjuna:
yo mam pasyati sarvatra sarvam ca mayi pasyati

Arjuna, vois-Moi en tout. Nous devrions pratiquer ce genre de vision. Lorsque je vous parle, je devrais me parler à moi-même au-dedans de vous. Swami Ramartirtha, un jeune moine de Lahore, s’adressait à son auditoire en disant: “Moi-même, sous forme de ceux qui m’écoutent, je suis en vous et vous êtes en moi.” C’est le genre de sensation que nous devrions avoir.

La Bhagavad Gita est une shastra (écriture) sur le yoga qui doit être pratiquée pour aider à discipliner notre mental et notre vie. Lorsque la vie est disciplinée elle peut s’embellir et devenir plus agréable. Les parents prient pour que leurs enfants réussissent leurs examens. Pourquoi ne pas prier pour que tous les enfants réussissent? Avec la bouche on dit sarve bhavantu sukhinaha, mais le ressentons-nous au fond du cœur?

Oublions les différences et faisons naître l’unité. Nous sommes tous les enfants de Dieu et les temples vivants de Dieu. Dieu nous a donné la diversité dans la création mais nous ne devrions pas oublier l’unité derrière cette diversité. Swami Vivekananda disait: “Qu’il y ait une religion pour chaque être humain, mais qu’il n’y ait pas d’intolérance.” La vérité est unique.

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