Réalisation Divine vol 11.4

Paramahamsa Hariharananda fait un signe de salut de la main
Paramahamsa Hariharananda

Sommaire

Méditation de juin guidée par Baba

Homestead, Juin 2001

Je suis Swami Hariharananda Giri, je n’ai que 94 ans et je médite depuis 92 ans. Lorsque j’étais bébé, à l’âge de 2 ans, je méditais et je cherchais Dieu. C’était mon destin. Je suis né dans le district de Nadia de la ville d’Habibpur en Inde. Nadia est un lieu réputé spirituel; plusieurs moines bien connus sont nés à Nadia.

Aujourd’hui je vais parler de la réalisation divine. Je suis allé dans le monde entier et j’ai répandu le Kriya Yoga dans le monde entier. Dieu est unique, ce qui veut dire qu’Il demeure dans le corps de chaque être humain, sinon il ne pourrait pas être unique. Dans les Upanishads il est écrit que vous êtes à la fois mâle et femelle, vous êtes petit garçon et petite fille. J’ai 94 ans. Je ne peux pas me tenir debout, je ne peux pas me tenir assis ni marcher mais chaque être humain vit en moi.

Dieu est unique mais les religions sont nombreuses. Elles enseignent différentes façons de célébrer le culte avec les cinq organes des sens. A l’église, par exemple, ils lisent la Sainte Bible et tout le monde l’entend. Quelqu’un lit et quelqu’un écoute. Mais si vous ne faites qu’écouter vous ne pouvez pas Le connaître. De plus ce culte n’est rendu que le dimanche et pas les autres jours. Si un étudiant n’étudie que le dimanche et pas les autres jours de la semaine, sera-t’il un jour bien éduqué?

Les racines de l’arbre sont dans le sol et elles en tirent la nourriture qui les fait vivre. Mais l’arbre-corps est d’un type tout différent. La racine est au sommet, dans la fontanelle, à l’endroit le plus tendre chez le bébé. De là, Dieu inspire. Le jour où il s’arrêtera d’inspirer, ce jour là sera pour tout le monde celui de la mort.

Dans le Tantrasara il est écrit:

Taja durjanah sansatgam: évite les mauvaises fréquentations
bhaja sadhu samargamam: recherche les bonnes fréquentations
kuru punyam aha ratram: observe-Le à chaque souffle, jour et nuit
smara mitta anittatam: garde toujours à l’esprit que tu peux mourir à tout moment.

Taja durjanah sansargam: évite les mauvaises fréquentations. Les mauvaises fréquentations sont faciles à reconnaître: elles n’apportent pas la réalité ni la réalisation.

Bhaja sadhu samargamam: recherche constamment les bonnes fréquentations: celui qui constamment, avant et après l’accomplissement du travail, recherche et observe Dieu. Il inhale depuis la fontanelle et il observe. Lorsqu’il travaille, il voit que Dieu fait le travail. Et lorsqu’il ne travaille pas il ressent aussi que Dieu ne travaille pas. Et lorsqu’il fait quoi que ce soit, il voit que c’est Dieu qui fait tout.

La technique du Kriya Yoga est un raccourci. Il y a cinquante types de souffles parmi lesquels quarante-neuf sont pour l’agitation dans le corps humain, créant la colère, l’orgueil, la cruauté, le manque de sincérité et l’hypocrisie. Toutes les qualités négatives viennent de ces quarante-neuf types de souffle. Tous les êtres humains sont occupés par ces types de souffle. Il n’y a qu’un souffle pour la libération, le souffle le plus subtil. Le Seigneur Suprême et Tout Puissant inspire par les narines de tous les êtres humains depuis la fontanelle.

Donc, il faut d’abord fixer votre attention à la fontanelle et prendre votre souffle le plus faible. Le souffle est si lent et si faible que si vous mettez votre main devant vos narines, le souffle ne touchera pas votre main. Et si vous restez toujours attentifs, vous entendrez alors le son, constamment, et vous donnerez votre amour à tout le monde.

Donc, comme je le disais, je pratique depuis 92 ans. A toutes les étapes de ma vie je n’ai fait que Le chercher dans la fontanelle. De nombreuses religions enseignent Dieu de diverses façons, mais le Kriya Yoga est vie, souffle. Sans souffle, c’est la mort. Le Seigneur Suprême et Tout Puissant inspire depuis la fontanelle. Vous devez donc fixer votre attention au sommet de la fontanelle. Là, le Seigneur Suprême et Tout Puissant demeure, assis et Il inspire. Qui est-Il? Vous pouvez le découvrir si vous avez le souffle le plus subtil. Avec les quarante neuf types de souffles vous aurez tant de négativité et d’ignorance. Mais avec un seul souffle, le plus petit, cherchez-Le à l’intérieur de la tête. Si vous le faites, vous atteindrez alors le calme. Calmement et humblement vous L’observerez. Vous entendrez alors un son divin. Vous sentirez une pulsation dans le corps entier, et vous verrez aussi une lumière divine, blanche. Lorsque le soleil se lève le monde entier est éclairé. Demeurez-là, avec amour. L’amour, rien que l’amour avec le souffle le plus humble.

Par définition les moines ou les personnes réalisées sont ceux qui sont toujours sereins. Qu’ils observent la colère ou l’amour, ils sont toujours à la recherche du Tout Puissant Suprême. Il n’y a pas de colère, pas d’orgueil et ils ne font que donner de l’amour et de l’amour et de l’amour. Ils sont rares évidemment.

Tous les êtres humains ont certaines qualités particulières. Avec ces qualités particulières ils devraient aller de l’avant, à la recherche au dedans de la tête. Ils obtiendront alors un calme extrême et la liberté. De toute ma vie, de ma jeunesse à aujourd’hui, je n’ai jamais eu de jouissance sexuelle. Par la pratique du Kriya yoga, vous pouvez tout contrôler. Le sexe n’est rien. Ce n’est rien. C’est dans le mental. Par exemple lorsqu’un bébé tête le sein de sa mère, son pénis n’est pas en érection. Le corps entier est Dieu.

Je suis là, dans la fontanelle, avec amour, avec amour. C’est ça le Kriya Yoga. La chose la plus simple, la plus facile, la plus sûre, la meilleure: le succès. Si vous fixez votre attention dans la fontanelle, alors, à coup sûr, vous entendrez le son divin constant, un beau son, mélodieux, paisible. Vous verrez aussi la lumière divine, l’illumination. Vous resterez conscient du négatif.

Amour, amour, amour. Le Seigneur Suprême et Tout Puissant vous aime. Le jour où il n’inspirera plus, vous mourrez. Ne perdez donc de temps avec personne d’autre que Dieu et votre temps ne sera pas perdu. Vous pouvez L’observer tout le temps. Vous pouvez L’aimer et être libre. C’est très facile. Ceux qui pratiquent atteindront l’état de samadhi.

J’ai atteint l’état de samadhi. Mais un moine, il s’appelle Sitaram Omkar, un de mes cousins du même age que moi, me dit qu’aucun de ses disciples ne croyait que j’avais atteint l’état de samadhi, l’état sans pouls. Il dit qu’il n’y croyait pas non plus parce qu’il ne l’avait pas expérimenté lui-même au cours de sa vie. Il me demanda si je pouvais lui montrer mon état sans pouls sur le champ. Je dis que oui.

Jos Ide, un Belge, était là et il dit: “Non, s’il ne vous croit pas, il n’en est pas question. Vous n’avez qu’une demi-heure ou une heure au maximum et après il faut que vous alliez vous reposer. Vous ne pouvez pas entrer en samadhi ici.”

Mais le vieux moine m’offrit sa chambre et dit que je pouvais prendre son lit et demanda humblement que je lui montre. Je lui montrais donc. Je lui dis: “Prends mon pouls lorsque je médite mais seulement deux ou trois de tes disciples peuvent le faire lorsque je serai dans l’état de samadhi parce qu’ils n’ont pas cru.”

J’inspirais d’un souffle court et je me mis à chercher à l’intérieur de la tête et atteignis automatiquement l’état sans pouls. Mon cousin était dans l’étonnement. Il dit à ses trois disciples de venir toucher. Immédiatement après, mon disciple Jos Ide leur dit: “Plus personne ne le touche, il est maintenant dans l’état de samadhi, presque dans l’état de mort. Mettez le sur le sol et allongez le, sinon il va avoir mal dans le cou.” Ils me prirent immédiatement et m’allongèrent sur le sol et ils méditaient tous et virent à quel point ce Kriya Yoga est simple.

Si vous en avez le désir, un désir réel, et de bonnes fréquentations, alors, à coup sûr, vous progresserez et atteindrez la réalité. Je restais la allongé pendant vingt deux minutes après quoi je repris mes sens. Jos Ide secouait ma main, me massait les pieds et pressait aussi doucement sur mon cœur. Peu à peu je repris mes sens. Ils ne me laissèrent pas m’asseoir bien que j’en fus capable et Jos Ide me dit de rester allongé où j’étais. Lorsque j’eus complètement repris mes sens, Sitaram Omkar me demanda: “Comment te sens-tu maintenant?” Mais je ne pouvais toujours pas parler. Tout le monde était envoûté. Joie! Divinité! Et Sitaram Omkar appelait ses disciples pour qu’ils viennent s’incliner devant moi.

C’est ça le Kriya Yoga. Une heure plus tard, nous marchions lentement, très lentement, devant la maison de Shyama Charan Lahiri Mahasaya. C’est juste après l’ashram de Lahiri Baba à Varanasi, sept maisons plus loin, que se trouvait la maison de Sitaram Okmar. Sitaram Okmar m’avait demandé: “Veux-tu rester à l’ashram cette nuit?” J’avais décliné l’invitation. Je ne pouvais avancer que doucement, doucement. Nous marchions. La rue était si étroite qu’une seule personne ne pouvait passer à la fois. C’était très près du temple de Shiva, à environ dix minutes. Puis nous primes le pousse-pousse et retournâmes à la maison de la présidente du Collège des Femmes. C’est une de mes disciples. Et le président de l’École de Médecine était aussi un de mes disciples. Ils étaient très heureux et parlèrent avec moi et apprirent que j’étais entré dans l’état de samadhi quelques minutes plus tôt.

Cela ne dépend que de votre désir. Si votre désir est assez grand, vous pouvez alors atteindre cet état. Pratiquez cette technique, qui que vous soyez, quelle que soit votre religion, car le souffle passe à travers les adeptes de toutes les religions. Inspirez d’un souffle court et pratiquez. Je répand le message. Je ne dirai rien de plus.

Je veux m’incliner devant vous tous car le Seigneur Suprême et Tout Puissant demeure en vous tous. Que Dieu vous bénisse tous. Merci. Au revoir.

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Une lettre de baba en ce jour prometteur de l’anniversaire de la naissance de Lahiri Mahasaya.

Dimanche 30 Septembre 2001

Chère Âme tendre et divine.

Je suis Paramahamsa Hariharananda. Vous avez besoin de paroles spirituelles et je vais écrire au sujet du Kriya Yoga.

Dieu est unique et les religions sont nombreuses. Mais tous les gens du monde, quelle que soit leur religion, devraient tous pratiquer les techniques du Kriya Yoga parce que Kriya Yoga veut dire kri + ya: tout ce que vous faites est fait par le Seigneur Suprême et Tout Puissant qui se cache dans tous les êtres humains de toutes les religions.

Dieu est unique. Les religions sont nombreuses. Cela n’a pas d’importance car le Kriya Yoga repose sur le souffle. Le souffle est la vie. C’est écrit dans la Bible et de nombreux livres spirituels: le contrôle du souffle est le contrôle de soi, la maîtrise du souffle est la maîtrise de soi et l’état sans souffle est l’état sans mort.

Le souffle est la vie. Dans la Bible, au chapitre 1, verset 27 et au chapitre 2 verset 7 de la Genèse, il est écrit que Dieu fit l’homme et la femme à son image et insuffla dans leurs narines le souffle de Sa vie. C’est pourquoi les êtres humains sont vivants. Il y a cinquante types de souffles parmi lesquels quarante neuf apportent l’agitation. Le Seigneur Suprême et Tout Puissant inspire le souffle. Chacun devrait donc fixer son attention au sommet de la tête. Avec le souffle court vous devriez sentir que c’est Dieu qui respire. Alors, automatiquement, avec le souffle subtil vous obtiendrez le calme qui est Divinité. Avec le souffle faible, aucun mal ne peut être accompli. Une inspiration, une expiration. Si vous fixez tous votre attention au sommet de la tête et voyez que c’est Dieu qui inspire à chacun de ces souffles courts, alors, automatiquement, vous obtiendrez le calme qui est Divinité. Vous obtiendrez la pureté, la perfection, la réalité, la vérité et la libération.

Asseyez-vous calmement. Inspirez une fois, expirez une fois. Cherchez-Le dans votre tête. Il imprègne tout, ce qui veut dire qu’il est dans tout être humain. Avec ce souffle court, tous les maux vont donc disparaître. Il suffit de pratiquer.

C’est comme lorsque vous faites un pot de terre avec de l’argile. Si vous le remplissez d’eau tout de suite, il va se mettre à fuir. Mais si vous le passez au four d’abord et le remplissez d’eau ensuite, l’eau y restera plus longtemps. Si vous faites bouillir de la nourriture dans ce pot de terre, si vous le mettez sur le réchaud et l’allumez, le riz et la nourriture seront bien cuits sans aucun problème. De même, tant que vous n’aurez pas appris la technique du Kriya Yoga et été bien cuits dans le feu spirituel, vous ne pourrez contenir le lait du progrès spirituel. Mais si vous le pratiquez à chaque souffle vous obtiendrez le calme. Votre vie entière sera la vie divine.

Tout dépend de la pratique. Vous devriez l’apprendre du Kriya yogi réalisé. C’est la voie la plus simple, la plus facile, la plus sûre. Il suffit de respirer avec le souffle faible et de garder 99% de votre attention au sommet de la tête, alors, de façon certaine, vous obtiendrez la réalité et la libération. A chacun de vos souffles légers vous obtiendrez la pureté, le calme et la libération. Chacun de vos souffles subtils vous apporteront la divinité. Vous sentirez que vous êtes Dieu sous forme humaine et un être humain en Dieu.

Lahiri Baba était un chef de famille. Blupendranath Sanyal était un chef de famille. Au départ Shriyukteshwarji était aussi un chef de famille. Ils pratiquaient tous le Kriya si merveilleusement. Le pouvoir de Dieu entrait en eux. A l’aide du Kriya Yoga vous deviendrez prévoyant et vous pouvez tous développer cette qualité. Pendant onze ans et demi je suis resté dans ma chambre dans l’isolement à pratiquer. J’ai également atteint cet état. Beaucoup de grands personnages ont pris mon pouls et observé mon état sans pouls. Je n’ai rien à dire. L’état sans pouls signifie la réalisation de la réalité, de la vérité, de la joie et de la libération: l’accomplissement de la vie humaine.

Ce n’est qu’en pratiquant le Kriya Yoga de tout votre cœur, avec amour, qu’alors, à coup sûr, vous atteindrez le but divin. Je pratiquais lorsque Babaji est venu à moi, deux fois le même jour, et me dit que je ne devais pas rester à l’ashram de Puri. “Va répandre le Kriya Yoga à travers le monde” me dit-il. “Alors les gens du monde entier, s’ils le pratiquent, leur vie s’épanouira et ils atteindront le développement complet et la paix.”

C’est ça le Kriya Yoga. J’exprime tout cela de façon rapide. C’est très difficile à exprimer. Vous entendrez constamment le son, ressentirez la pulsation constante dans votre corps et vous verrez la lumière dans l’univers entier. La lumière vous donnera tout. Vous pouvez prévoir et aider beaucoup de gens dans le monde. En un mot, j’exprime le Kriya Yoga.

Merci beaucoup à tous. Je m’incline devant vous tous parce que le Seigneur Suprême et Tout Puissant est au dedans de vous.

Dans le Hatta Yoga Pradipika chapitre 4 verset 34 il est écrit:

yavat naiva pravishati charan maruta madhya marge

yavat vindur na bhavati dridhah prana vata pravandhat

yavat dhyana sahaja sadrisham jayate naiva tattwam

tawaj janam vadati tad idam dambha mithya pralapah

Ce qui veut dire: “si le souffle n’est pas très léger effleurant l’intérieur du cerveau (la glande pituitaire et la fontanelle), si l’attention perçante n’est pas concentrée à la fontanelle, si la technique n’est pas la plus simple, la plus facile et la plus rapide, sans grands mots et concepts compliqués, votre pratique est vaine et vide.”

Ce Kriya Yoga est donc le plus simple, le plus rapide et le meilleur.

De nouveau je vous donne mon amour, mon affection, mon respect et je m’incline devant tous.

humblement,

Hariharananda

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Patience et prière en période de crise

Prajnanananda, 14 Septembre 2001

Des problèmes se présentent et nous sommes confrontés à une crise. Cela peut arriver dans notre vie personnelle, dans notre famille, notre société ou au niveau de l’humanité. En période de crise nous devrions être plus fermes, patients, tournés vers la prière et l’amour de Dieu plutôt que vers l’émotivité, la vengeance ou le remords. Le nuage de la crise n’est jamais permanent. Il change et apporte le rayon de l’espoir, le soleil brillant de la force, de la beauté et de l’amour.

Une situation critique et chaotique comme celle à laquelle l’humanité s’est trouvée confrontée le 11 Septembre est en réalité un grand moment pour réévaluer notre foi, notre amour, notre harmonie à l’appel du temps. Prions Dieu avec sincérité de cœur et d’esprit pour la paix en tous lieux, remplis d’amour et d’harmonie dans notre mental, nos pensées, nos paroles et nos activités. La maîtrise de soi et l’introspection accompagnées d’une main prête à servir et d’une parole de sympathie cicatriseront la plaie de la haine et du scepticisme.

Priant pour la paix dans vos cœurs, pour la paix en tous lieux, pour la paix pour ceux qui ont perdu leurs vies et pour la paix dans les familles qui ont perdu ceux qui leur étaient proches et chers,

Avec amour

Prajnanananda

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Questions et réponses avec Paramahamsa Prajnanananda

On dit que nous sommes comme une cuvette percée ou un pot de terre crue. Il faut d’abord être bons pour pouvoir ensuite conserver les fruits de notre pratique du Kriya. Pouvez-vous expliquer cela?

Tout yoga comprend des règles de conduite pour la vie quotidienne. Cet ensemble de règles était autrefois stipulé et suivi en Inde et tout disciple, quelque soit l’ordre auquel il appartenait, ou le type de yoga qu’il pratiquait, devait suivre ces règles de conduite. Dans le système de yoga ashtanga (à huit branches) du sage Patanjali, vous avez yama, niyama, pratyahara, pranayama, etc… Yama est le contrôle du corps, l’aspect physique avec ses asanas physiques. Au sujet de ces positions physiques, il faut faire attention de ne pas commettre d’inexactitudes qui ne seraient d’aucun bénéfice pour notre santé, notre cerveau ou la société. Yama est aussi une discipline mentale. Vous ne devriez rien faire qui fasse du mal aux autres ou à la société. Vous devez donc agir et penser de telle sorte que chaque pensée va dans le sens du progrès de la société. Alors que Yama indique ce que vous devez faire, Niyama au contraire vous dit ce qu’il faut éviter.

Pratyahara signifie retenir ce qui se dirige constamment vers l’extérieur: les sens. La philosophie Indienne fait une distinction entre deux types de sens: jnanendriyas, les cinq sens de perception, et karmendriyas, les cinq sens d’action. Tous viennent du dedans. Vous devez empêcher vos sens d’aller vers l’extérieur et les intérioriser. Vous ne devez pas rechercher ce qui est inconvenant ou contraire à ce que les autres attendent de vous. Vous devez traiter avec soin ce que vous recevez.

Cela crée des règles de conduite et doit être pratiqué par tout yogi comme partie intégrante de sa vie, non seulement dans le cas du Kriya Yoga mais de tous les yogas.

Donc, lorsque la cuvette est percée, comment peut-on la remplir? Les trous doivent être bouchés par yama et niyama, par la pratique de nos règles de conduite. Ces règles de conduite sont absolument nécessaires et très spéciales et s’imposèrent en Inde il y a longtemps, principalement dans les ashrams et là où se trouvaient les rishis (sages) mais, malheureusement, elles ont été mises en dérision de maintes façons.

Est-ce que la pratique du Kriya Yoga est suffisante par elle-même pour faire de nous des gens biens et éliminer notre négativité?

La première chose que vous faites par la pratique du Kriya Yoga est de modifier vos règles de conduite. Cela fait de vous un Kriyavan. Si vous voulez maintenir une attention et une concentration aiguës, vous devez aussi éliminer toute votre négativité. Le Kriya Yoga insiste sur l’importance de garder son attention à la fontanelle et d’observer son souffle. Vous devriez constamment conserver votre attention sur le souffle, le souffle court. Tout cela vous rend naturellement capable d’éliminer tous vos aspects négatifs et de vous concentrer sur votre divinité. Donc, pour répondre à votre question, oui, définitivement, le Kriya Yoga élimine tout ce qui n’est pas nécessaire et dont vous devez vous débarrasser.

S’il vous plaît, parlez-nous des “pommes de bois”.

“Pomme de bois” est une façon de traduire en français le mot bilva. C’est l’un des deux fruits tropicaux auxquels on accorde en Inde une signification spéciale. En Sanscrit l’un s’appelle le bilva et l’autre le kapitha. Ces fruits sont recouverts d’une coque très solide, mais lorsque vous la cassez vous découvrez que la chair du fruit est très tendre. Le bilva est un arbre unique. Ses feuilles sont utilisées dans les temples de Durga et Shiva. Elles ont une très belle forme. Trois feuilles sont attachées sur la même tige, symbolisant trois yeux. Le fruit est très gros et a une grande valeur médicinale: les graines sont utilisées pour aider à la digestion. En Inde, on en fait une boisson lorsqu’il est bien mûr, en été.

On appelle aussi le Kapitha une “pomme de bois” parce qu’il est très dur extérieurement et il faut le casser pour atteindre la pulpe à l’intérieur. Si vous voulez savoir ce qu’est une “pomme de bois”, allez en Inde, allez à Puri, au Karar Ashram et devant la salle de méditation se trouve l’arbre le plus haut de l’Ashram avec un banc en béton ou vous pourrez vous asseoir. Si vous y allez à la bonne saison vous y trouverez des fruits mûrs mais en hiver il n’y a que de petits fruits. Les feuilles sont utilisées dans le temple. Les racines de l’arbre sont utilisées dans de nombreux rites Hindous pour des raisons astrologiques. L’arbre tout entier est utile. Les racines, les fruits, les feuilles, tout est utile. Nous en avons un plant ici en Floride qui vient d’Inde.

Le Kapitha est associé avec le Seigneur Ganesh. Si vous donnez ce fruit à un éléphant, il l’avalera d’un seul coup, le fruit tout entier. Il digère la pulpe complètement mais l’enveloppe rigide reste indemne. On peut les voir dans les rues. C’est un phénomène d’osmose. Le fruit a des pores subtils à travers lesquels le système digestif transfère la chair par osmose sans toucher les graines. Les éléphants aiment avaler ce fruit et on dit que le Seigneur Ganesh aime ce fruit parce qu’il a une tête d’éléphant.

Quelle est l’essence de la Gita?

Gita veut dire chant. Et parmi les nombreuses gitas la plus connue est la Bhagavad Gita. Toutes les gitas ont leur existence propre, mais pratiquement toutes tirent leur origine d’une écriture. La Bhagavad Gita par exemple vient du récit épique de la Mahabharata. La Pandava Gita est également tirée de la Mahabharata. La Rama Gita vient de l’Adhyatama Ramayana. La Guru Gita vient de la Skanda Purana.

Il y a 108 gitas différentes. La réalisation du Soi, savoir qui je suis, est l’essence de toutes les gitas. Mais la Ribhu Gita est l’essence de toutes les gitas. La Ribhu Gita est l’enseignement d’un grand sage du nom de Ribhu.

Toutes les écritures spirituelles, tous les maîtres. toutes les voies que les gens suivent nous dirigent vers la source d’où nous venons. Là d’où nous venons, nous devons retourner. Dans cette vie, vous êtes venus à l’Ashram et vous devez retourner chez vous. Vous avez votre billet de retour avec vous. De même nous sommes venus sur cette planète Terre avec un billet de retour. Comment retourner à la source est l’essence de toutes les gitas. Merci à tous. Que Dieu vous bénisse tous.

J’ai d’autres questions…

Pratiquement. les questions et les réponses sont en vous. Le problème est là, exactement comme dans un livre de mathématiques, avec les réponses à la fin du livre. Si vous vous souvenez de l’époque où vous étiez à l’école, lorsque vous essayiez de résoudre un problème mathématique, vous le résolviez en regardant la réponse à la fin, mais il vous fallait décortiquer le problème avant d’arriver à la réponse, bien qu’elle fut déjà là, sous vos yeux. De même, les réponses à toutes questions qui se posent sont déjà en vous.

De plus, supposons que quelqu’un répond à une de vos questions et qu’après avoir entendu la réponse vous pensez qu’elle n’est pas satisfaisante. Vous n’êtes pas satisfait parce que la réponse qui est déjà en vous et la réponse que vous venez d’entendre ne correspondent pas. Comment pouvez vous savoir qu’elles ne correspondent pas? Comment pouvez-vous connaître la réponse qui est déjà en vous? Allez à la fin de votre livre et vous trouverez la réponse. La question fondamentale de la vie humaine: “Qui suis-je?” et la réponse à cette question sont en vous et non dans la bouche des autres. Ne l’oubliez pas. Supposons que vous demandez: “Qui suis-je?” Quelqu’un répond: “Vous êtes Dieu” et quelqu’un d’autre dit: “Vous êtes l’âme”. Vous devez trouver qui vous êtes réellement et non pas écouter les autres ou des discours spirituels, ou lire des livres. Vous, vous-mêmes, devez trouver la réponse à cette question fondamentale et simple. C’est la réalisation. Le livre de la vie semble très gros. Alors tournez les pages, lentement, l’une après l’autre et vous arriverez à la fin et vous y trouverez la réponse.

Il y a deux types de questions qui sont généralement posées. L’un des types de questions a pour but de tester, l’autre a pour but de savoir. Ça n’apporte rien de poser des question-test parce que tout ce qu’on veut savoir c’est si celui qui répond sait ou non. Généralement le tuteur pose des questions-test. Si vous voulez savoir quelque chose vous pouvez alors le demander à votre tuteur mais vous pouvez aussi vous le demander à vous-mêmes. Vous pouvez prier et obtenir la réponse. Si donc vous voulez sincèrement obtenir la réponse à une question, vous pouvez vous interroger vous-mêmes, vous pouvez interroger Dieu et par la prière vous pouvez interroger votre tuteur.

Dans la Bhagavad Gita, chapitre 4 verset 34, il y a une description des questions:

tad vidhi pranipatena
pariprashnena sevaya
upadekshyanti te jnanam
jnaninas tattvadarshinah

“Comprend que par
l’humble soumission,
en posant les questions
appropriées, et en t’adonnant
a leur service, tu acquerras
cette connaissance
de ceux qui sont sages
de ceux qui ont la vision
de la vérité.”

Le Seigneur nous dit comment poser les questions. Tad viddhi veut dire savoir cela, connaître la vérité, connaître la réalité. (Tat veut dire cela; vidhi veut dire connaître, réaliser.) Pranipatena veut s’incliner, s’humilier. Tout d’abord nous devrions donc nous incliner avec humilité et ensuite poser la question. Sevaya veut dire à travers le service rendu. Il y a donc trois conditions: savoir qu’on doit d’abord s’incliner. S’incliner est une action, karma, une action en relation avec le corps, le mental , l’ego. Pour s’incliner on devrait avoir l’attitude; “je ne sais pas, mais je veux savoir”. Pariprashnena veut dire demander, demander avec humilité, encore et encore. Je veux savoir “qui suis-je?” Le premier aspect de la connaissance est l’action et le deuxième la demande du savoir. Le troisième est seva qui veut dire service en relation avec la dévotion. Nous devrions donc poser les questions de cette façon.

Toutes les écritures de la culture Védique, depuis les Upanishads jusqu’à la Bhagavad Gita et la Brahma Sutra sont sous forme de questions et réponses. C’est une autre obligation. Dans la tradition Indienne, le tuteur et le pupile vivent généralement ensemble et résolvent les problèmes qui se présentent. La vie est un problème qu’il faut résoudre. Chacun de nous doit résoudre son propre problème. Les autres peuvent aider un peu, le tuteur peut aussi aider mais, en fin de compte, nous devons résoudre notre propre problème. Nous devons trouver la réponse à la question et le tuteur nous aide à remonter à la source pour la trouver. Pour découvrir la vérité nous devons poser la question encore et encore, sincèrement et répétitivement: “Qui suis-je? “Pourquoi? pourquoi?” exactement comme l’enfant qui demande à sa mère: “Pourquoi?” “Pourquoi?” “Pourquoi c’est comme-ci?” “Pourquoi c’est comme-ça?” De même, intérieurement demandez: “Pourquoi ai-je cette émotion? Pourquoi cela m’arrive-t-il? Suis-je ceci? Qui suis-je? Pourquoi suis-je ici? Quel en est le but? “ Si vous essayez de trouver la réponse à la question fondamentale: “Qui suis-je?” du fond du cœur et croyez de même, votre vie sera la plus belle.

Que veut dire Krishna lorsqu’il parle d’abstinence dans la Bhagavad Gita?

Krishna parle de brahmacharia ou célibat. Vous devez concentrer toute votre attention sur Dieu qui est celui qui fait toutes ces choses de telle sorte que, quelque soit ce que vous faites, vous devenez brahmacharya. Brahmacharya est le fondement même de votre être.

Vous pouvez avoir une relation sexuelle et rester célibataire. D’après les écritures Hindoues, un grihasta est un chef de famille qui a des relations sexuelles dans le contexte prescrit mais qui reste constamment maître de soi. On doit engendrer des enfants et pour engendrer des enfants, on doit avoir des relations sexuelles. Mais lorsqu’on donne trop d’importance au sexe, on ne peut plus s’en défaire. Vous ne devriez pas avoir de relations sexuelles déplacées. C’est du laisser-aller et c’est nuisible. Vous pouvez voir les effets du laisser-aller et ce que ça produit dans la société moderne. Le laisser-aller entraîne des maladies et des problèmes. La maîtrise du sexe est donc toujours recommandée. Le sexe n’est pas interdit mais vous devez constamment maîtriser le désir sexuel. Si vous vous laissez tenter par le sexe vous en subirez les conséquences. Se laisser aller n’est pas la même chose qu’agir en réponse à ses désirs normaux.

Un chercheur spirituel ne se laisse pas aller au sexe parce que cela extraverti le mental et rend impossible la poursuite de la concentration vers le divin. Le chercheur spirituel ne devrait donc s’engager dans une relation sexuelle que lorsqu’il peut garder son sang-froid. Il peut alors continuer à aller de l’avant sur le plan spirituel car son mental reste stable. Pour atteindre la concentration et ne pas se laisser aller il ne faut donc pas s’égarer. Il y a un grihasta ashrama, un ashram pour chefs de famille. Un père ou une mère de famille vit une vie de célibat par le contrôle de soi et en performant l’acte sexuel selon les règles présentées dans les Shastras. C’est ça le célibat.

Pour ôter nos doutes et approfondir notre connaissance du divin, seriez vous assez aimable pour nous parler du grand Sage qui nous a été envoyé par l’invisible?

Ceci est tiré de l’œuvre du Sage Tulsidas intitulée Ramacharitamanasa qui signifie “Le Lac Sacré des Actes de Rama”, un récit épique très populaire et de grande beauté, décrivant la vie de Rama d’une façon très simple à l’aide d’enseignements pratiques pour changer nos vies. Au début du récit de cette histoire de Rama il y a un lac (le lac du mental). Imaginez un lac carré avec quatre marches. Vous pouvez descendre jusqu’au milieu du lac par ces quatre marches par n’importe quel côté. C’est le lac où la vie de Rama s’inscrit. Sur l’un des côtés se trouve Sitâi, son épouse bien-aimée qui nous décrit la vie de Rama. De l’autre côté se trouve le grand sage Lomash Rishi et il raconte la vie de Rama aux rishis, ou ceux qui méditent. Sur le troisième côté se trouve Bhushundi, un corbeau qui vit de tout temps et a été témoin de toutes les incarnations et de l’évolution des êtres humains, racontant la vie de Rama à un autre oiseau du nom de Garuda, le messager de Vishnou. Sur le quatrième côté se trouvent tous les fidèles de Rama qui écoutent l’histoire de sa vie racontée par leurs tuteurs.

La vie de Rama n’est pas une vie d’enseignement par la parole. La vie de Rama est une vie qui donne l’exemple de sa pratique personnelle. Rama est une incarnation qui ne fit jamais de grands discours mais toutes ses actions étaient un exemple de maîtrise de soi, de véracité, d’honnêteté et de conscience divine. Il démontra comment on peut changer notre vie, non pas par l’enseignement, mais pas la pratique. La pratique vaut mieux que la recherche. Nous devrions changer notre vie par la pratique et apprendre comment vivre dans la conscience divine, comment vivre en Dieu tout le temps.

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Le renversement Divin

Retranscription d’un cours de Swami Vidyadhishananda Giri

L’une des raisons pour lesquelles nous étudions les écritures, les grands maîtres et les saints est de comprendre plus en profondeur la signification de leurs enseignements. Lorsque quelqu’ils disent: “Dieu est amour. Aimez Dieu”, ça paraît très simple. Vous pourriez vous demander pourquoi, après tant d’années, après que tant de livres aient été écrits, que cela ait été répété tant de fois, le même enseignement, pourquoi c’est la seule chose qu’ils puissent trouver à dire? La réalisation de la vérité est si sublime et si simple que les enseignants n’ont pas besoin de chercher à améliorer cette assertion. Dieu est amour. Aimez Dieu. Mais derrière cette simple déclaration se cache une vie entière de travail intérieur, une sadhana, qui apporte une expérience ultime, qui s’exprime alors dans quelque chose de sublime.

Un chercheur ardent qui voulait trouver un prophète, un vrai tuteur, errait à travers tout le royaume. “Il y a tant de choses qui ont été écrites, pourquoi étudient-ils la vie des enseignants? Que peut-on y trouver de si important?” se demandait-il.
Après avoir erré des années, il arriva à un carrefour d’un ville sainte et demanda si quelqu’un connaissait un vrai maître, un vrai tuteur qui pourrait lui enseigner le sublime, l’invisible. Il pensait qu’il avait assez vu le visible et voulait savoir ce qu’il y avait au delà. Il posa la question par toute la ville et finalement quelqu’un lui montra du doigt un coin de rue où se trouvait un vieux sage, très respectable, très divin et très calme.

“ Pouvez-vous m’indiquer un précepteur qui peut me dire quelle est l’essence de la vie, ce que signifient toutes ces recherches? A quoi mon cœur aspire-t’il vraiment?”

Le vieil homme répondit: “Oui je peux vous mener à quelqu’un qui pourra vous enseigner le renversement divin.”

“Que voulez-vous dire, le renversement divin?”

“Mon enfant, tout ce qui est visible est un reflet. Ce qui est invisible est la métaphore cachée. Cette métaphore est le Renversement Divin. Vous l’apprenez à travers vos actions, vos leçons, dans votre vie; voir celui qui est incarné.”

“Conduis-moi à celui qui peut expliquer le Renversement Divin.” Le vieil homme lui indiqua le chemin et le chercheur se trouva enfin face à face avec celui qui était le Choix de son cœur. Il dit: “Un sage m’a dit de venir vous voir. Pourriez-vous m’accorder une audience?”

“Oui. Interroge-moi. Que cherches-tu?”

Il dit: “Je veux tout d’abord savoir si vous êtes bien celui qui peut m’aider à assouvir ce désir ardent de mon cœur. Je tiens quelque chose dans ma main. Si vous êtes vraiment illuminé, si vous êtes celui dont le sage m’a parlé, dites moi alors ce que j’ai dans la main. Ce sera pour moi le signe que je dois vous étudier vous et vos paroles.”

Le prophète regarda derrière le chercheur, contempla l’infini, regarda vers la droite, regarda vers la gauche, regarda en bas regarda en haut et regarda derrière lui.

“Je vous demande ce qui est dans la paume de ma main et vous regardez tout autour.”

“Précisément. Vous tenez à la main le Livre Sacré des instructions, le Livre Sacré de la métaphore, le Livre sacré de la réinterprétation des lois c’est à dire le Renversement Divin. Vous tenez à la main la Bible.”

“Comment le savez-vous? Comment savez-vous que j’ai la Bible à la main, le livre complet de la vie?”

“Mon enfant, j’ai regardé tout autour, derrière vous, au dessus de vous, en dessous de vous, derrière moi, sur votre droite, sur votre gauche et j’ai vu ce qui manquait en ce monde.”

“Le sage m’a dit que le sujet de votre enseignement est le Renversement Divin. Pourriez-vous m’expliquer?”

“Tout ce que j’enseigne est dans votre main. Vous le tenez. Allez et étudiez, réfléchissez-y et méditez dessus. C’est le comment. Revenez me voir.”

Lentement, au fil des mois et des années, le chercheur perdit de vue ses désirs profonds, sa voie, parce qu’il n’étudia pas comme il lui avait été demandé. Finalement, après des années, il se trouva de nouveau à l’agonie à la vue de tout ce temps perdu. Il retourna dans la même ville et demanda si personne ne savait où se trouvait le vieux sage. Finalement il arriva au carrefour où il avait rencontré des années auparavant le sage qui l’avait dirigé vers le vrai maître. Il s’approcha de lui en pleurant: “Je vis dans l’agonie profonde.”

“Pourquoi vivez vous dans cette agonie? Je vous ai indiqué le maître.”

“Je me sens trahi, blessé, je souffre.”

“Qui vous a trahi?”

“Le monde entier m’a trahi et je souffre. Je suis à l’agonie. Aidez-moi. Menez-moi à la même personne.”

“Oh, vous vous sentez trahi plus que qui que ce soit au monde, n’est-ce pas?”

“Oui. personne ne peut avoir été trahi au même point que moi. Je me sens complètement abandonné, trahi et blessé.”

Le vieil homme demanda: “Connaissez-vous celui que vous êtes allé voir?”

“Je m’en souviens. Je veux retourner le voir.”

“Personne ne peut être trahi comme lui. Connaissez vous la signification de la croix? Avez-vous vu celui qui est dessus? Avez-vous vu l’image des clous? Voici l’image. Voyez-vous? Voici le dessin. Le voyez-vous?”

“Oui.”

“ Chacune de vos sensations de trahison, chacune de vos sensations de souffrance de la trahison du monde, je vous en prie, suspendez chacune de ces sensations à ces clous.”

“Pourquoi me dites-vous cela?”

“Personne ne peut avoir été trahi comme celui auquel je vous ai envoyé. Je vous ai envoyé à celui qui aurait pu tout vous apprendre. Il a été trahi plus que quiconque. Vous ne pouvez pas être trahi comme il l’a été.”

“Il n’est plus là?”

“Il n’est plus là” acquiesça le vieil homme, “mais vous avez tous ses enseignements. Ne vous a-t’il pas dit que vous aviez tous ses enseignements? Les avez-vous étudiés? Avez-vous étudié sa vie? Avez-vous compris ses enseignements?”

“J’ai peur que non. J’ai perdu tout ce temps.”

“Personne ne peut être trahi comme lui et vous êtes là en train de dire que le monde entier vous a trahi?”

“Oh, vous qui êtes un sage, vous semblez connaître ses enseignements. Pouvez-vous me dire ce qu’est le Renversement Divin?”

Le vieil homme répondit: “Mon enfant, le monde est un reflet. L’image est inversée et l’invisible est au delà. Il y a un renversement; le renversement est la métaphore cachée et cette métaphore est la recette de la vie. Si vous comprenez, suivez-la”

“Expliquez-moi par un exemple. Je ne comprends pas ce que vous dites.”

Le sage décida de l’enseigner. “Celui qui a été trahi, Il a guéri un lépreux un jour de sabbat. Il a guéri les petites gens dans la synagogue. Il n’a pas suivi la loi. Il a interprété la loi. Avez-vous entendu parler de l’histoire où Il a été couronné d’épines et recouvert d’une robe de pourpre?”

“Oui, je l’ai entendu dire. Est-ce le même maître?”

“Oui.”

“Mais qu’est-ce que c’est que ce Renversement Divin?”

Le vieil homme continua: “Eh bien , le jour du Grand Pardon, dans le Livre des Lévites chapitre 16, verset 1, Aaron , qui était le grand prêtre, transféra tous les péchés du monde sur un bouc et le revêtit d’une robe de pourpre et d’une couronne d’épines. En Israël, anthropologiquement, le bouc émissaire est associé à une robe de pourpre et une couronne d’épines. Jésus a donc été revêtu de la même robe de pourpre et de la même couronne d’épines.”

“Pourquoi n’a-t’il pas protesté?”

“C’était le Renversement Divin. Il n’a pas répondu au mal par le mal. Il a répondu au mal par le pardon. C’est, mon enfant, le Renversement Divin.”

“Vous voulez dire qu’il a abandonné?”

“Non, il n’a pas abandonné. Il a montré la vraie voie du pardon. Il a montré la vraie voie du rachat. Il a montré le pouvoir du pardon. Ce n’est pas abandonner. C’est gagner du pouvoir.”

“Continuez, continuez!”

Il dit: “Savez-vous quels sont les cadeaux que l’enfant Jésus a reçus le jour de l’Épiphanie?”

“Oui, j’en ai entendu parler; il y avait de la myrrhe, de l’encens et de l’or.”

“La myrrhe représente le prophète, l’encens le prêtre et l’or le roi. Jésus était roi, Jésus était prêtre et Jésus était prophète… mais il n’a jamais prétendu l’être. Il ne fit que montrer qu’Il l’était à travers Son enseignement. Il ne fit jamais de proclamation, Il ne fit que montrer dans Ses actions qu’Il était capable d’être les trois à la fois par Son pouvoir de pardon, par Son pouvoir de rédemption, par son Renversement Divin, en enseignant la métaphore cachée et en l’appliquant à nos vies.”

“Comment?”

“Lorsqu’Il guérit le lépreux et lorsqu’il guérit le malade dans la synagogue, il déclencha la colère chez les prêtres. Les prêtres n’aimaient pas cela parce que ça ne suivait pas la procédure normale. Il guérit un lépreux le jour du sabbat. C’est contraire à la loi, mais Jésus mit la loi en lumière et la réinterpréta. C’est le Renversement Divin. Lorsque vous possédez la bonté, vous devez vous en servir, même le jour du sabbat. La sainteté ne peut pas être stoppée. C’est ça le Renversement Divin, mon enfant.”

“Mais comment? Je ne comprends pas la prêtrise.”

Le sage fit une pause et dit: “Savez-vous qu’ils n’ont pas cassé ses jambes sur la croix? Ils l’ont transpercé. Les écritures proclament qu’ils regarderont celui qui a été transpercé.”

“Pourquoi ne lui ont-ils pas cassé les jambes?”

Le sage répondit: “Pour accomplir la prophétie selon laquelle le sacrifice devait être parfait. Il était le prêtre idéal qui guérit le lépreux le jour du sabbat. Il ne suivit pas la loi, la loi telle qu’elle est perçue. Il réinterpréta la loi divine. Savez-vous que de l’eau et du sang s’écoulèrent lorsqu’il fut transpercé sur la croix? L’eau est le symbole, l’élixir de vie de ce dessert. L’eau est l’esprit de Dieu.”

“Alors pourquoi saigna-t’il?”

“Parce-qu’il était encore humain. Le sang est le sang du sacrifice. A la fois l’eau Divine et le sang Humain. Dieu en l’homme et l’homme en Dieu, les deux symbolisent qu’il était encore le sacrifice parfait sur la croix. Il était le prêtre. Vous souvenez-vous qu’il vous prouva qu’il était un prophète lorsqu’il vous dit que vous aviez la clé, que vous teniez à la main tout l’enseignement? Il vous montra ce qui manquait dans le monde entier.”

“Oui, oui, je me souviens.”

Le désir ardent du chercheur devenait plus profond et il continua à poser des questions et des questions. Le sage lui parlait de la métaphore cachée derrière tous les enseignements de la vie de Jésus pour mettre en lumière ce Renversement Divin. Ce qui est matériel cache quelque chose au dedans: c’est la métaphore. Ce sur quoi on agit, ce qui en ressort cache quelque chose au dedans qui est le Renversement Divin.

C’est pourquoi vous étudiez la vie des maîtres, pour connaître le véritable enseignement. Dire simplement “Dieu est amour, aimez Dieu” est une déclaration à la fois profonde et simple. Mais elle peut résonner au plus profond de votre cœur, mais elle s’énonce après des années et des années de réalisation, et c’est aussi simple que ça.

Le chercheur continua à chercher. Et le tuteur qui était maintenant le sage, le représentant, continua son enseignement, une histoire après l’autre, que ce soit la résurrection, l’ascension, le bouc émissaire ou quelqu’autre aspect du ministère du Christ. Chaque thème recouvre une métaphore cachée qui s’appelle le Renversement Divin, pour mettre en évidence la véritable signification de la vie spirituelle, le véritable esprit de recherche.

Nous étudions donc la vie des maîtres en plus de leurs paroles pour comprendre la profondeur de leur enseignement. La compréhension la plus profonde de la métaphore cachée ou du Renversement Divin ne peut se résumer à ces mots si simples qu’après des années et des années de pratique et de méditation.

Nous pouvons voir dans la Bible et les autres écritures que la métaphore est le Renversement Divin. Lorsque nous sommes complètement extravertis, nous recherchons le matériel. Lorsque nous ne faisons que rêver de gains matériels, nous sommes aveuglés par la gratification de nos sens. Nous ne pouvons comprendre la leçon derrière l’action, la leçon cachée dans nos actions, la leçon cachée dans nos œuvres créatrices, la leçon de notre participation. Mais lorsque nous nous détachons, que nous y réfléchissons, que nous méditons dessus, que nous étudions la vie de vrais enseignants, la vie des maîtres et ce qui se cache derrière cet enseignement, alors la métaphore cachée se révèle comme un renversement. Alors on peut comprendre pourquoi Jésus choisit de guérir un lépreux le jour du sabbat, un acte tabou.

Nous choisissons des boucs émissaires parce que nous ne voulons pas nous regarder nous-mêmes en face. Nous voulons faire porter le blâme par quelqu’un d’autre. Ce vêtement de blâme est la robe de pourpre, la couronne d’épines. Nous voulons en recouvrir l’autre. C’est notre propre réflexion intérieure, notre propre agonie, notre propre problème que nous transplantons pour créer un bouc émissaire.

Jésus fut transformé en bouc émissaire mais malgré cela il ne rendit pas le mal pour le mal. Il avait des milliers et des milliers d’adeptes. Il aurait pu facilement déclencher une rébellion mais au contraire il répondit par le pardon. Il répondit avec une force énorme. Il répondit par la promesse de la transcendance du corps par la résurrection, par la prophétie et par le sacrifice parfait sur la croix. Il nourrit les multitudes de son pouvoir spirituel.

Il dit: “L’homme ne peut pas vivre que de pain. Je ne suis pas venu ici pour les nourrir de ce pain.”

Quel est le pain dont il est venu ici nous nourrir? C’est le pain spirituel, le pain qui nourrit les multitudes, le signe de la vraie royauté, de la vraie richesse. Jésus vécut donc la vraie royauté, la vraie prêtrise et était un vrai prophète quoiqu’il n’ait jamais proclamé rien de semblable. C’était la métaphore. C’est le Renversement Divin des trois présents du jour de l’épiphanie.

La tradition de l’Eucharistie de la messe Catholique contient un beau Renversement Divin. Vous pouvez y partager le pain. Le pain et le vin sont considérés comme la représentation de la chair et du sang. Il mourut pour nos péchés et nous devons donc y participer. Mais cela ne révèle pas la métaphore cachée. Vous pouvez apprendre tout l’enseignement traditionnel, mais il ne dévoilera pas le thème du Renversement Divin si vous n’y réfléchissez pas, si vous n’étudiez pas ce qui se cache derrière.

Le pain est l’immensité de la terre. Il est le grain imbibé de la merveilleuse énergie du soleil, de la lune et des dons, de la bonté de tous ceux qui ont pris la peine de semer les graines et de les arroser. Il contient la bonté de cœur de beaucoup de gens. Alors les graines poussent, sont récoltées, et moulues. Elles sont complètement réduites en fines particules. Non seulement ça, mais l’eau est de nouveau ajoutée et alors elles lèvent et forment le pain.

Toutes les consciences individuelles, tous les egos sont réduits en poussière ensemble, écrasés ensemble, mélangés ensemble, nourris ensemble avec l’eau de vie, l’eau de l’esprit. Ils se lèvent pour former le pain. Ils s’élèvent de l’ego individuel à la conscience collective, à la compréhension du partage et de l’amour.

C’est le pain que vous rompez à la messe. La messe est la communion des masses. La messe est notre compréhension collective et notre amour pour Dieu. Nous nous rassemblons pour chercher ensemble et c’est pourquoi vous rompez le pain, parce que vous écrasez votre individualité. Vous écrasez votre ego individuel pour vous élever et prendre part au pain sacré, le pain de vie. C’est la chair du prêtre qui fut transpercé sur la croix, dont les jambes ne furent pas cassées pour que le sacrifice soit parfait.

Nous pouvons examiner l’image du vin de la même façon. Le raisin est vendangé. Des milliers et des milliers de grappes sont écrasées sous les pieds. Lorsqu’elles sont écrasées, elles fermentent et se transforment en vin. La douceur de chaque cœur, de chaque chercheur est regroupée collectivement et est nourrie et enchaînée. Avec les conditions favorables elles se transforment en vin qui est le vin mystique, le sang du sacrifice parfait, le nectar divin qui rallie tous les cœurs pour former le cœur de Dieu. Le Dieu qui demeure dans chaque cœur individuellement est ce qui est au delà et invisible.

C’est pour comprendre et sonder ce thème du Renversement Divin que vous prenez part à la tradition eucharistique au cours de la messe. Le pain et le vin sont le couronnement de l’esprit de recherche, le couronnement de ce qu’on appelle la compréhension du Renversement Divin, la métaphore cachée. De même, nous suivons la vie des tuteurs et des maîtres pour comprendre la profondeur de l’enseignement, pour voir se qui se cache derrière l’enseignement. On ne peut pas se contenter de comprendre simplement des déclarations ou parfois on se met à penser: “Oh, après tant d’années il fait une déclaration si simple qu’elle ne contient rien de nouveau.” La vérité pourrait-elle être soudainement redite avec d’autres mots? La vérité est simple. La vérité est toujours présente. La vérité est sublime. Seul le sublime se montrera lorsque vous expliquerez la vérité, si vous pouvez l’expliquer.

Nous étudions donc la vie de Jésus. Nous étudions la Bible pour comprendre le thème du Renversement Divin. En tant que Kriyavans, nous faisons tous nos efforts pour comprendre la métaphore cachée de nos vies en étudiant la vie de Gurudeva et ses enseignements. Mais se contenter d’écouter ses enseignements ou de lire ses livres, n’est pas suffisant. Nous devons nous demander ce qu’en est la signification cachée.

Nous devons mettre en application les mêmes principes que ceux que Baba utilisa pour évoluer et grandir spirituellement. La vie matérielle nous apportera l’interprétation ordinaire. Notre vie spirituelle révélera la métaphore cachée derrière toutes les actions. Chaque fois qu’une histoire est racontée, il y a une métaphore cachée, mais ne vous contentez pas de la compréhension intellectuelle. Appliquer les mêmes principes à nos vies et nos actions que nous appliquons aux écritures et aux vies des saints est la vraie croissance spirituelle et le véritable esprit de recherche. Si nous ne pouvons pas faire cela, alors notre compréhension sera superficielle et nous ne pourrons pas grandir spirituellement.

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Des pensées pendant la méditation

Question:

Pendant la méditation, comment contrôlez-vous toutes ces pensées qui ont été ancrées dans votre âme pendant si longtemps et comment éviter ces pensées qui reviennent constamment et vous gênent? Y-a t’il un moyen pratique, lorsque vous méditez et pratiquez d’arrêter ces pensées? Je vois mes pensées aller et venir et je ne sais pas comment m’en débarrasser. Même si j’essaye, elles reviennent. Je me dis alors de ne pas penser et de me concentrer. Comment contrôler cela?

Réponse:

Le sage Patanjali nous dit qu’il y a cinq états mentaux. Le premier est mudha (en état de stupeur). Le deuxième est kshipta (agité, perturbé). Le troisième est vikshipta (distrait). le quatrième est ekagra (concentré). Et le cinquième est niruddha (contrôlé). Lorsque le chercheur s’assoit pour méditer, lorsque vous commencez à pratiquer les techniques, il ne vous est pas possible d’être directement dans l’état mental concentré. C’est pourquoi toutes ces techniques vous ont été données à pratiquer. L’hypothèse est que lorsque vous vous asseyez pour méditer votre mental est distrait. S’il est agité ou complètement éteint, cela représentera un challenge supplémentaire, mais on considère que vote mental est distrait. Les techniques vous amènent à l’état suivant, ekara ou concentré. Puis par la pratique plus approfondie des techniques, cette concentration vous amènera à niruddha, ou l’état naturel. C’est un état naturel atteint par la pratique où toutes les autres pensées sont bloquées. Par “bloquer” je ne veux pas dire bloquer par force. Il n’est pas possible de combattre ses pensées; c’est une bataille perdue d’avance.

Je vais faire une analogie que j’ai déjà utilisée de nombreuses fois. Vos impressions latentes sont profondément enfouies dans la vase d’un lac. Sous l’effet des désirs subtils, le pouvoir de ce lac est immense. Il monte; il monte à la surface comme une vague. Lorsqu’il est arrivé à la surface et commence à former la vague, il n’est pas possible de la combattre parce que, lorsque vous commencez à supprimer la vague, cela crée davantage de turbulences tout autour. Vous créez davantage de turbulences en essayant de combattre vos pensées. Ce n’est pas possible.

Par PARAMAHAMSA PRAJANANANDA

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Interview de Swami Sarveshwarananda Giri à la radio

Retranscription éditée d’une interview de Swami Sarveshwarananda Giri par Virginia Gomez de WKAQ RADIO au cours de l’émission “La Hora Magica” à San Juan, Puerto Rico le 23 Août 2001.

Intervieweuse: Swami Sarveswarananda, merci de vous joindre à nous aujourd’hui au téléphone. Je voudrais parler avec vous de la parution de votre nouveau CD: “Chants Sacrée pour les Coeurs Innocents: un CD au Bénéfice de l’Arche d’Amour.” Tout d’abord je voudrais vous féliciter pour ce merveilleux projet.

Swami: Merci.

Intervieweuse: C’est une merveilleuse mission d’amour et c’est très ambitieux, Swami.

Swami: Mais ce n’est pas moi qui fait le travail, c’est Dieu. Je ne suis que l’instrument.

Intervieweuse: Dans combien de pays avez-vous pu créer des centres pour les enfants sans logis?

Swami: Nous ne faisons que commencer mais nous avons déjà de nombreux volontaires dans plusieurs pays d’Amérique Latine.

Intervieweuse: Vous venez juste de démarrer?

Swami: Dieu fit germer cette idée dans ma tête il y a quelques mois alors que j’enseignais au Brésil. La détresse des enfants qui vivent dans les rues est si horrible. Elle est présente partout. J’eus donc l’idée d’ouvrir un genre d’abri pour ces enfants où ils pourraient trouver refuge, découvrir leurs ressources spirituelles et en ressortir divinement transformés, comme dans la métaphore de l’Arche de Noé dans la Bible, où toute la création prit refuge et en ressortit purifiée, renouvelée. Et le nom se présenta tout naturellement: “l’Arche d’Amour.” Je partageais donc l’idée avec nos nombreux étudiants en Kriya Yoga sur place. Immédiatement des équipes de volontaires se formèrent. Les étudiants étaient très enthousiastes à l’idée d’apporter leur aide. Puis, lorsque je continuais mon périple à travers l’Amérique du Sud, l’idée de cet Arche d’Amour commença à se répandre à Sao Paulo, Lima, Bogota, San Juan…

Intervieweuse: Comment ça marche? Vous commencez par apprendre aux enfants le Kriya Yoga ou vous commencez par leur donner de la nourriture et des vêtements? Qu’est-ce qui passe en premier?

Swami: C’est une question très importante. Vous ne pouvez pas enseigner la religion à une personne qui a faim. Il faut commencer par la nourrir, la conforter et lui donner votre amour parce que c’est ça la religion. C’est la présence de Dieu dans toutes les formes. Dans le cas d’enfants qui ont étés maltraités et qui vivent dans la rue, la première chose est de gagner leur confiance.

Intervieweuse: Ce sont des enfants très profondément blessés, non seulement physiquement mais aussi spirituellement.

Swami: Malheureusement, oui. Mais ils ont aussi un ressort extraordinaire. Les enfants sont beaucoup plus résistants qu’on pourrait le penser. Je les approche généralement en chantant des chansons ou en leur racontant des histoires et en leur posant des questions.

Intervieweuse: Quel genre de questions? Quel genre de questions peut bien les inciter à se rapprocher de vous?

Swami: Vous commencez avec n’importe quelle question et très vite ils se mettent à poser des questions à leur tour. C’est juste pour les inciter à participer. Par exemple, je leur demande: “De quoi aimeriez-vous parler aujourd’hui?” et très souvent ces jeunes enfants abandonnés me demandent: “Dites-nous quelque chose sur Dieu. Est-ce qu’il se souvient de nous? Est-ce qu’il nous aime?” Alors je parle des nombreuses erreurs que les gens commettent dans leur vie, faisant du mal aux autres, mais que nous ne devrions pas les juger sur leurs erreurs. Les gens sont fondamentalement bons au dedans bien qu’ils fassent beaucoup de mal par ignorance.

Je me souviens du jour ou j’étais assis près d’une petite fille de sept ans qui avait été maltraitée à plusieurs reprises et molestée sexuellement. Après que je me sois mis à parler de la bonté fondamentale des gens cachée derrière leur noirceur elle s’exclama spontanément: “Oh oui, je sais. C’est vrai, les gens sont bons.” Je la regardais, serrant dans ses bras sa misérable petite poupée, disant ce qu’elle avait en tête avec une foi si inébranlable… et les larmes me montèrent aux yeux. Pour moi c’était la voix de Dieu, la voix du pardon et de la foi inébranlables en dépit de tout le mal qu’il lui avait été fait. C’était la voix du Seigneur Jésus. Oui, certainement ce travail est un travail béni, une mission bénie.

Intervieweuse: Pour les gens qui ne vous connaissent pas, pourriez-vous expliquer vos origines religieuses, philosophiques afin qu’ils puissent comprendre combien vous êtes universel, ouvert à toutes les religions de tous les temps?

Swami: La façon dont je me suis retrouvé moine est peu commune en ce sens que je ne suis pas né avec des tendances particulièrement spirituelles, plutôt le contraire. Je suis né dans une famille athée. Pendant mes années de “pratique” je ne connus qu’une religion qui consistait à mépriser toutes les religions et à m’enorgueillir dans ma compréhension intellectuelle supérieure de la réalité. Je devins un jeune homme très malheureux et indiscipliné. J’avais environ vingt cinq ans et je vivais alors en Californie lorsqu’une de mes amies me dit: “Tu sais, tu devrais essayer la méditation. Ça t’apporterait un peu de paix.” Je ne croyais pas à la méditation, à l’âme, en Dieu ni à tout ce verbiage spirituel, et je rejetais donc immédiatement l’idée. Mais cette amie était quelqu’un que je respectais et en qui j’avais vraiment confiance et comme elle insistait, je fis finalement une petite incursion dans le monde de la méditation et rapidement je commençaisà me sentir mieux quoique je ne fus pas du tout à la recherche de Dieu. Je ne recherchais qu’une sorte de bonheur égoïste… et je commençais en fait à le ressentir! Finalement je fus introduit à mon maître, Paramahamsa Hariharananda (Baba pour les intimes, ce qui veut dire père). Il m’éduqua comme son propre fils et m’apprit à pratiquer la science spirituelle sacrée du Kriya Yoga grâce à laquelle ma vie fut complètement transformée. Après plusieurs années de pratique, d’étude et de service, il m’ordonna finalement dans l’ordre monastique et m’envoya enseigner ce merveilleux Kriya Yoga autour du monde.

Kriya Yoga est une technique yogique très ancienne qui ne repose pas sur une croyance ou une religion, mais sur l’expérience directe du Divin en nous. Si vous avez une religion, vous devriez la garder. Il y a une cause profonde à la naissance d’une personne dans une religion particulière et c’est un devoir de vivre la vie religieuse telle qu’elle nous est transmise par nos propres écritures, en suivant notre propre prophète et nos enseignants. La lecture de livres religieux n’est pas en elle-même suffisante pour rendre une personne religieuse. Comme Laurence J. Peter le dit un jour: “Aller à l’église ne fait pas de vous un Chrétien, pas plus que d’aller au garage ne fait de vous une voiture.” Lire la Bible, aller à l’église et faire de grands discours sans avoir complètement abandonné nos vies au Christ ne fera jamais de nous des Chrétiens. Si nous n’essayons pas en permanence d’émuler Ses actions, Ses vertus et vivre selon Ses commandements dans notre vie quotidienne, nous ne pouvons pas prétendre au nom de Chrétien.

Combien de gens peuvent vraiment parler comme cette petite fille maltraitée tout au cours de sa courte vie? Elle était pour moi semblable au Christ. Lorsqu’on voit des enfants maltraités et abandonnés, on devrait donc se souvenir qu’ils ont beaucoup plus de ressources que nous car ils sont intérieurement beaucoup plus connectés avec le Divin que ne le sont les adultes. Ils ne se sont pas encore endurcis au dedans. Ils n’ont pas encore cette accumulation de tant de mauvaises habitudes ancrées, de fausses croyances qui sont si difficiles à changer. En fait c’est beaucoup plus facile d’enseigner la spiritualité à des enfants qu’à des adultes. Par exemple, l’une des choses qu’on enseigne dans le Kriya Yoga c’est de percevoir la présence de Dieu en nous sous forme du Son Divin, de Lumière Divine et de Divine Vibration. Donc lorsque j’enseigne cela aux enfants, très souvent ils me disent: “Vous voulez dire que tout le monde ne ressent pas cela?” Pour beaucoup d’entre eux c’est complètement naturel.

Intervieweuse: Swami, ce CD “Chants Sacrés pour les Coeurs innocents” est très beau. C’est un ensemble de pièces musicales merveilleux, une musique qui non seulement illumine nos esprits mais nous élève. Comment ce CD a-t’il été réalisé?”

Swami: Par un miracle!

Intervieweuse: Il y a donc des miracles. Quand s’est-il produit?

Swami: Lorsque j’étais jeune, je jouais de la guitare dans différents orchestres: jazz, blues, rock et Brésilien. Cela remonte à des années. Lorsque j’entraisà l’ashram et commençais ma formation monastique, d’abord en tant que brahmacharya (novice) puis en tant que moine, j’arrêtais de jouer. Je n’écoutais plus de musique et ne touchais aucun instrument. Je me concentrais seulement pendant de nombreuses années sur la méditation, la prière et l’étude des écritures. Mais un jour mon tuteur Baba me dit que je devrais chanter. Je répondis: “Baba, je n’ai jamais chanté de ma vie.” Je pouvais jouer de la guitare et un peu d’autres instruments, mais je n’avais jamais chanté. Baba ne se contente jamais d’une réponse négative et il dit: “Si, vous pouvez chanter” Et il commença à m’apprendre une prière très simple en Sanscrit avec une patience et un amour extraordinaire. Il pratiquait avec moi tous les jours, travaillant sur ma prononciation, mon intonation, la traduction et tout le reste. Puis il me demandait tous les soirs lorsqu’il allait se coucher de lui chanter quelque chose. Je ne chantais plus pour moi-même, je chantais pour exprimer mon amour et ma gratitude pour mon tuteur, et c’était tout à fait autre chose. Je commençais à ressentir un désir grandissant de chanter par amour, de chanter pour Dieu et pour éveiller Son amour dans tous les coeurs. Je me mis à rechercher des chants d’amour divin dans différentes religions et les apprit.

Lorsque je fais une présentation publique, quel que soit le pays, j’encourage toujours l’auditoire à chanter quelque chose avec moi. Au cours de toutes ces années de voyage à travers le monde, je n’ai jamais trouvé un auditoire qui n’aimait pas chanter des hymnes spirituels parce que les chants parlent directement à l’esprit; vous n’avez même pas besoin de comprendre les paroles, elles n’ont pas tellement d’importance. Après avoir donc passé des années à chanter et à voyager, certains de mes étudiants me demandèrent si je ne pouvais pas faire un CD avec plusieurs de ces chants. Le problème était que nous n’avions pas l’argent ni le matériel professionnel pour le faire, et c’est là que le miracle se produisit… Progressivement, un grand nombre d’étudiants offrirent qui un micro, qui un studio ou son expertise professionnelle ou son talent musical, sa voix, et une foi inépuisable pour la réussite du projet. J’ai écouté ce CD de nombreuses fois et je me sens si touché chaque fois que je l’écoute au souvenir des histoires et des miracles qui se cachent derrière lui. Et je suis rempli de gratitude envers Dieu pour avoir assemblé une si belle équipe d’amour: Jill, Ben, Ariel, Terry et tant d’autres.

Intervieweuse: Votre formule est magique Swami. Ces chants sont si beaux.

Swami: Merci beaucoup. Ce qui est merveilleux c’est que les possibilités d’écrire, d’arranger et d’enregistrer de nouveaux chants avec une variété d’étudiants ne font que croître. Je ne planifie rien. Ça se manifeste simplement comme un courant continu de chants joyeux, s’écoulant d’une source éternelle vers d’innombrables destinations.

Intervieweuse: Il est vrai que lorsqu’on écoute certains chants de ce CD, l’esprit s’élève et on peut ressentir la présence de Dieu d’une façon nouvelle.

Swami: Absolument et il y a plusieurs raisons pour lesquelles ces chants élèvent notre conscience. Tout d’abord tous les chanteurs sont des gens qui ont pratiqué la méditation sincèrement. Aucun d’entre eux n’est chanteur professionnel. Méditation et amour de Dieu sont le premier objectif de leur vie. Tous ceux qui participèrent à ce CD, depuis ceux qui l’enregistrèrent, jusqu’à ceux qui le mixèrent ou exécutèrent les chants, sont des gens spirituels. Une qualité toute spéciale émane d’une personne qui aime Dieu et qui chante simplement pour lui plaire et célébrer toute la création. La sensation est complètement différente lorsque quelqu’un chante pour devenir une vedette, ou se faire de l’argent, ou pour se faire plaisir… même si ces motivations sont inconscientes. D’autre part, beaucoup de ces chants furent exécutés dans leur langue d’origine qui sont des langues révélées comme le Sanscrit ou le Grec ancien, l’Araméen ou l’Arabe. Ces langues ont une vibration spirituelle toute particulière lorsqu’elles sont chantées ou articulées d’une manière spéciale.

Intervieweuse: Pourriez-vous nous parler d’un de ces chants en particulier, le Gayatri Mantra? Pourriez-vous expliquer quel est le miracle derrière ce très beau chant?

Swami: Cest un bon exemple. En Inde le Gayatri Mantra est considéré comme étant la mère de tous les mantras. Il vient de l’écriture la plus ancienne du monde appelée le Rig Veda et il signifie en Français: “Nous méditons sur l’Être Auto-illuminé qui a créé tous les univers, les trois mondes et dont l’illumination donne sa lumière au soleil lui-même. Nous prions ce Soi magnifique de nous éclairer et d’illuminer notre propre intellect.” Ce mantra est pratiqué dans l’Inde entière par des millions de gens, tous ensemble, au lever et au coucher du soleil. Traditionnellement, on le chante trois fois de suite face au soleil. Comme c’est une prière qui s’adresse au soleil au dedans de nous et non pas au soleil extérieur, à l’âme qui est notre propre soleil, lorsqu’on la pratique avec amour et une absorption complète, on se sent immédiatement en contact plus intime avec notre âme elle-même. Tout le monde peut pratiquer cela: l’écouter simplement au lever ou au coucher du soleil. Si vous connaissez les paroles vous pouvez les répéter. Et vous sentirez alors très vite qu’une transformation intérieure se produit.

Intervieweuse: En même temps on peut apprendre les paroles bien qu’elles soient en Sanscrit je suppose.

Swami: Oui, et les enfants y arrivent généralement les premiers! Les enfants n’ont pas honte de faire des erreurs et n’ont pas peur de pratiquer et ils apprennent donc beaucoup plus vite que leurs parents. Ils ne savent pas lire ni écrire les paroles, ils ne savent que les chanter.

Intervieweuse: Ils ne savent probablement même pas quelle langue ils parlent. Ils n’en ont pas besoin. Cela n’a pas d’importance.

Swami: Ils savent que c’est le langage de l’amour… c’est la seule chose qui compte.

Intervieweuse: A votre avis, comment doit-on écouter ce CD?

Swami: Vous pouvez l’écouter pendant des moments de calme: au petit matin ou lorsque vous allez vous coucher. Beaucoup de gens l’écoutent aussi lorsqu’ils pratiquent le Hata Yoga, ou lorsqu’ils se font masser ou lors d’activités de ce genre. Mais vous pouvez aussi l’écouter à des moments de stress; c’est là que ses effets sont les plus bénéfiques. Par exemple lorsque vous êtes coincés dans les fameux encombrements de San Juan, vous pouvez l’écouter dans votre voiture. (Rires)

Intervieweuse: Mais il y a une grosse différence entre votre CD et d’autres types de musique comme la musique de relaxation. On peut écouter ce CD en conduisant alors qu’on ne peut pas le faire avec la musique de relaxation parcequ’on risquerait d’avoir un accident.

Swami: Oui, c’est vrai. Ce n’est pas de la musique de relaxation. Son but est de nous rendre vivant, de nous éveiller à la vie de l’esprit au dedans de nous. Vous pouvez l’écouter en toutes circonstances; elle ne peut que vous rendre plus joyeux, plus vivant. Cette musique est une invitation à plonger plus profondément à la découverte de notre âme. En même temps il faut comprendre que la musique sacrée n’est qu’une invitation et non pas le moyen d’y parvenir. Ce n’est que par la contemplation, par la méditation que l’on peut vraiment établir le contact avec l’âme.

Intervieweuse: Et personne ne peut le faire à notre place.

Swami: Exactement, parce que l’âme n’est pas perçue par les sens. Elle n’est pas perçue par les oreilles, les yeux, le nez, la peau ni même le mental. L’âme est au delà de tout ça. Elle n’est perçue que dans l’immobilité tranquille. Dans la Bible, au livre des Psaumes, chapitre 46 verset 10, il est dit: “Reste immobile et sache que je suis Dieu” Les chants sacrés élèvent notre disposition d’esprit vers Dieu et nous inspirent mais ils ne remplacent pas la méditation. Ils rendent le voyage très joyeux et exaltant.

Intervieweuse: La joie est comme vous Swami, quelque chose qui vous décrit parfaitement. Vous voyez de la joie dans tous les aspects de la vie.

Swami: La joie est la nature profonde dont nous sommes faits. Les Upanishads, l’ancienne écriture de l’Inde, déclare: “De la joie nous sommes issus, dans la joie nous demeurons et à la joie finalement nous retournerons.”

Intervieweuse: Swami, dans ce cas, il n’y a aucune raison de souffrir en ce monde?

Swami: Il y a des difficultés. Nous pouvons peut-être comprendre que nous sommes issus de la joie et que nous retournerons à la joie, mais la plupart des gens ne comprennent vraiment pas comment nous pouvons demeurer dans la joie tout en vivant dans ce monde où il y a de toute évidence tant d’injustice et tant de souffrance causée par la maladie, les accidents et la cruauté. On se demande qui peut prétendre que c’est une vie de joie.

On ne peut pas répondre à cette question par le raisonnement. On ne peut y répondre qu’en établissant ce contact profond avec l’âme. Le Soi intérieur ne souffre jamais parce qu’il n’est jamais né et ne mourra jamais; le corps seulement souffre, pas l’âme. La raison pour laquelle nous souffrons et ne ressentons pas la joie est que nous avons fait une fausse identification. Au lieu de nous identifier avec l’âme, nous nous identifions avec le corps. C’est la source de tous les maux. Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas avoir de compassion pour les autres et ne pas faire tout notre possible pour les aider à éviter cette souffrance. Ce serait un péché grave de dire à une mendiant ou à quelqu’un qui souffre: “Ah!, c’est votre faute. Vous ne vous identifiez pas avec votre âme!”

Intervieweuse: C’est pourquoi vous vous occupez tant des enfants sans logis?

Swami: Oui, c’est notre premier devoir. Rendre service est ce que toutes les religions enseignent. Notre Arche d’Amour est un humble petit élément de ce grand réseau de service désintéressé s’étendant d’un coeur à l’autre sur l’ensemble du monde. Wilfred Grenfell l’exprima d’une façon merveilleuse lorsqu’il dit: “Le service rendu aux autres n’est en fait que le loyer que nous payons pour la place que nous occupons sur cette terre.”

Intervieweuse: C’est une belle phrase Swami. Comment votre Arche d’Amour finance ses différents projets?

Swami: Uniquement par des donations privées et la vente de matériel spirituel comme ce CD. Comme tous ceux qui participent à cette mission sont volontaires, depuis les artistes jusqu’à ceux qui vont chercher les enfants dans la rue, tous les profits de la vente de ce CD peuvent être directement utilisés pour nourrir une bouche affamée, revêtir un corps frissonnant ou remonter le moral d’une personne à l’aide d’un beau livre sur la vie des saints et des sages…

Intervieweuse: Malheureusement, nous devons terminer ici notre programme d’aujourd’hui. Nous vous sommes très reconnaissants. La note finale était parfaite pour terminer ce beau programme. Swami, je voulais vous demander de nous donner à tous une bénédiction toute spéciale.

Swami: Oui maman, ce sera un plaisir pour moi. Je vais chanter une prière en Sanscrit qui s’adresse à tous les enfants de Dieu, les jeunes enfants et les enfants adultes.

(Il chante) om sarvesham svastir bhavatu sarvesham shantir bhavatu
sarvesham purnam bhavatu sarvesham mangalam bhavatu
sarve bhavantu sukhina sarve santu niramayah
sarve bhadrani pashyantu ma kashchid-duhkha-bhag bhavet

Cela veut dire: “Que tous soient bien établis dans l’âme, que tous atteignent la paix, que tous réalisent leur perfection, que tous aient de la chance. Que tous soient heureux, que tous soient en bonne santé, que tous ne voient que de bons auspices. Que personne n’ait part à la peine.”

Que Dieu vous bénisse tous. Merci.

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Une lettre de Swami Shuddhananda Giri aux résidents de l’ashram de Miami

AIMEZ TOUT LE MONDE POUR AIMER DIEU

“Tu es l’âme
Éternellement unie à Dieu
Tu vis dans ce corps
Pour réaliser un jour
Que tu vis en Dieu éternellement.
Être conscient de ton
existence éternelle en Dieu
est le but de la vie.”

Chers divins ashramites de l’ashram de Miami,

J’espère que vous êtes tous actifs dans votre recherche spirituelle et que vous essayez tous constamment de trouver la Vérité.

La Vérité est éternelle. La vérité est interne. De toute éternité, Dieu est avec vous. Cest votre vie, votre souffle. C’est vous. Il est si aimable et doux avec vous, constamment respirant pour vous et vous donnant la vie. Votre vie n’est pas votre vie. C’est la vie de Dieu. Votre vie doit donc être uniquement pour Dieu. Pas pour votre corps, pas pour votre mental, pas pour les autres. Souvenez-vous que les autres dérobent la vie, ils ne peuvent pas la donner. Les autres ne peuvent pas respirer pour vous. Faites donc attention à votre vie. La vigilance constante est le prix de la liberté.

Restez dans la Vérité pour réaliser la Vérité. Évitez le mensonge, l’hypocrisie, la vanité et toutes ces qualités négatives. Cultivez vairagya, la véritable impassibilité envers la matière (le corps matériel et le monde) pour réaliser l’esprit intérieur. Dieu doit être réalisé au dedans d’abord. Lorsque vous avez réussi cela, alors vous voyez Dieu partout. Développez votre recherche intérieure de Dieu. Ne soyez jamais satisfaits avant d’avoir réalisé la Vérité. La Vérité c’est que vous êtes l’âme, ne faisant éternellement qu’un avec Dieu. C’est uniquement pour réaliser cela que Dieu vous a donné cette vie humaine.

Ne perdez jamais de temps inutilement, inconsciemment. Souvenez-vous de ce que dit Baba: “Ne perdez de temps avec personne d’autre que Dieu et votre temps ne sera pas perdu.” Perdre son temps c’est gâcher sa vie. Chaque souffle est une vie. A chaque souffle, observez que c’est Lui qui respire. Avec l’amour et la dévotion les plus profonds, restez continuellement conscients du Divin jusqu’à ce que vous trouviez la Vérité. Aimez et servez le Gourou. Suivez-le spirituellement davantage que matériellement pour atteindre le succès.

La réussite spirituelle entraîne la réussite dans la vie. Réussissez. Vous avez quitté votre maison, votre travail, votre famille et toutes ces choses matérielles attrayantes. Pourquoi? Pas pour un profit matériel. Uniquement pour votre profit spirituel. En êtes-vous conscients? Ou fonctionnez-vous comme une machine? Réfléchissez bien; vous rapprochez-vous de la Vérité? Est-ce que votre pratique s’approfondit de plus en plus? Ressentez-vous davantage d’amour et de dévotion pour Dieu dans votre vie? Ne vous arrêtez pas à la croisée des chemins. Allez de l’avant. Continuez à avancer sur la voie spirituelle; faites tous vos efforts jusqu’à ce que vous trouviez la Vérité. Cherchez continuellement. Vous trouverez.

Si vous cherchez sans trouver c’est qu’il doit y avoir un défaut dans votre recherche. Essayez de découvrir vos fautes. Les trous dans votre boîte à lait doivent être réparés si vous voulez garder le lait de la spiritualité. La méditation et l’étude par elles-même ne vous aideront pas. Vous pouvez verser du lait mais les trous ne vous permettront pas de conserver le lait dans la boîte. Vous devez vous libérer du négatif pour réparer les trous de la vie. Même une seule chose négative est un trou. Faites très attention. Vivez une bonne vie, une vie propre, pure, simple.

Tirez des leçons de la vie des autres. Observez le positif et le négatif. Gardez le positif. Apprenez du négatif que vous ne le tolérerez pas dans votre vie. Ne faites pas étalage de vos bonnes qualités devant les autres. Cachez-les. La spiritualité n’est pas pour en faire étalage. Beaucoup de gens, même ceux qu’on appelle des maîtres spirituels, ne sont pas au dedans comme ils apparaissent au dehors. Beaucoup ne pratiquent pas ce qu’ils enseignent. Gardez-vous de ces gens-là.

Vous avez tant de chance, vous avez reçu tant de bénédictions. Vous vivez près de Baba, près de Dieu. Soyez vigilants. Voyez-le sur l’autel de votre coeur. Illuminez votre vie de lumière. Soyez conscients du Divin et développez votre spiritualité. Il y a un très beau dicton: “En dessous de la lampe, c’est l’obscurité.” Ne permettez jamais à la dépression ni à l’erreur d’entrer dans votre vie. LA VIE. La vie c’est pour trouver l’éternité, non pas le plaisir. Travaillez dur à l’ashram. Mais en même temps vous devez trouver le temps de méditer, d’étudier et de contempler. Ne soyez pas comme une machine vivante. Soyez vraiment une personne spirituelle. Soyez bons. La bonté entraîne la bonté. Amour, compassion, dévotion et dévouement, abandon, détachement, objectivité, Vérité, vertu, pardon, douceur, gentillesse, honnêteté, simplicité, droiture, sincérité, serviabilité. Cultivez ces qualités de vie.

Soyez conscients à chaque moment, même maintenant en lisant cette lettre. Vivez une vie de conscience et d’amour. Soyez consciemment actifs et activement conscients. Je prie Dieu pour vous tous.

Avec tout mon amour, constamment aux pieds du Maître.

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La Bhagavad Gita

Interprétation Métaphorique Par Paramahamsa Hariharananda

Chapitre 16, Versets 6 et 7

Verset 6:

dvau bhudasargau loke ‘smin
daiva asura eva cha
daivo vistarashah prokta
asuram partha me shrinu

Traduction:

En ce monde, les êtres créés sont de deux types: divin et démoniaque. Le divin a déjà été expliqué en détail. O Partha (Arjuna)! Écoute moi maintenant au sujet du démoniaque.

Interprétation Métaphorique:

Arjuna est surnommé ici “Partha” ce qui veut dire “celui qui est né de la conception la plus raffinée de Mère Pritha”. Pritha concentra son attention dans le centre ombilical, puis dans la glande pituitaire, observant Dieu avec un souffle lent et court. Ce faisant, elle conçut un enfant très spirituel doué de force, d’énergie et de vitalité. Il est Partha, Arjuna.

Ce que le Seigneur dit à Arjuna c’est que: “Dans ce monde il y a deux types de personnes: ceux qui sont spirituels et ceux qui sont démoniaques. De même, dans chaque être humain, ces deux qualités coexistent. La qualité spirituelle vient de sa dans la glande pituitaire. Elle ne vient pas du corps mais de div, le vide, le ciel intérieur. La qualité démoniaque est née de la nature inférieure. Les gens qui s’adonnent au monde matériel, aux plaisirs de la table, à la boisson et font la noce n’acquièrent que des propensions négatives.”

Le Seigneur Krishna nous a donné la liste des vingt-six bonnes qualités essentielles pour la vie spirituelle et la réalisation divine. Puis il nous a indiqué brièvement les six qualités démoniaques. Maintenant dans les versets 7 à 24, Krishna va expliquer les qualités démoniaques des êtres humains qui font vivre les gens comme des bêtes.

Il faut être particulièrement conscient que les qualités animales et rationnelles existent au dedans et en dehors du corps. Parfois, grâce aux difficultés, à la souffrance et au destin les gens se retrouvent sous l’influence de qualités spirituelles. A d’autres moments, à cause de mauvaises fréquentations, ils succombent aux qualités démoniaques. Les qualités spirituelles et les mauvaises qualités sont présentes à l’intérieur du corps aussi bien que dans le monde extérieur.

Dès que les gens sont dans la vérité (sattva), leurs qualités spirituelles, logées à l’intérieur du canal du sushumna, apparaissent. Mais la plupart des gens sont très occupés et accaparés par des activités mondaines (rajas), d’autres par l’oisiveté (tamas); dans les deux cas ils ne peuvent pas discerner le bien du mal et restent donc absorbés dans le mal.

Verset 7:

pravrittim cha nivrittim cha
jana na vidur asurah
na shaucham na ‘pi cha ‘charo
na satyam teshu vidyate

Traduction:

Les hommes qui ont une disposition démoniaque ne savent pas quand agir ni quand se retenir d’agir. De ce fait, ils sont dénués de pureté, de bonne conduite et de véracité.

Interprétation Métaphorique:

Ceux qui sont sous l’emprise de mauvaises qualités ignorent la vraie signification et le vrai but de la vie. Ils ne comprennent pas clairement ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Ils sont déconcertés, incapables de discriminer ou de juger. Dans cet état d’extrême illusion, ils ne peuvent pas observer les choses correctement. Leur jugement est loin d’être rationnel. Ceux qui n’ont pas de force intuitive, qui ne recherchent pas à l’intérieur d’eux-mêmes, ne peuvent pas reconnaître une bonne disposition ni comment éviter les mauvaises.

Les compétences dans les affaires mondaines sont souvent considérées comme de l’intelligence, mais la rationalité et la divinité sont les vrais preuves d’intelligence. Ceux qui vont recevoir le contact du maître réalisé peuvent atteindre la véritable intelligence.

En pratiquant la technique scientifique du Kriya Yoga, grâce à laquelle on peut ouvrir le canal du sushumna et demeurer dans la vérité, il est possible de rester constamment dans la conscience divine, et ressentir le calme extrême. Mais la plupart des gens se livrent aux activités d’ida et de pingala, et c’est pourquoi ils sont égoïstes et accaparés par la force illusoire de la nature. Leur mental est dans l’illusion et leur fait penser que leur façon de faire est la meilleure, attitude qui leur crée de nombreux problèmes. Ils n’ont pas de pureté. Ils sont ignorants. Ils sont déconcertés. Ils ne connaissent ni les règles et lois de la vie spirituelle, ni comment se rapprocher des maîtres réalisés pour leur emboîter le pas. Bien que tout le monde puisse percevoir la pureté intérieure en allant au dessus de la glande pituitaire, la plupart des gens ne savent pas comment faire. Ainsi, ils ne connaissent pas le véritable art de vivre qui leur permettrait de percevoir que l’âme est la demeure de Dieu.

Pour percevoir la Vérité, on doit s’élever à la fontanelle, au sommet de la tête, d’ou le divin père sans forme déclenche les manifestations de la vie. Les gens qui ont une nature démoniaque ne peuvent pas le faire. Pour eux, le mensonge est vérité. Ils ne connaîtront jamais la réalité, la pureté, la modération ni la vie divine; au contraire, ils ne connaîtront que le mensonge, l’hypocrisie et l’impureté.

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Les Yoga Sutras de Patanjali

Commentaires de Yogiraj Shri Shri Lahiri Mahasaya

Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Prajnanananda

Sutra 20

shraddha virya smriti samadhi prajna purvaka itaresham

Traduction:

Pour d’autres (ce samadhi, asamprajnata) se produit par le canal de la foi, de la vitalité, de la mémoire de l’équilibre mental et de la connaissance discriminative.

Commentaires de Shri Lahiri Mahasaya:

D’autres atteignent le samadhi par la foi, la vitalité, la mémoire, la concentration (les branches du Yoga) et la connaissance discriminative. Par la pratique régulière du Kriya Yoga la foi se développe. Par la sincérité on obtient la force et le souvenir constant, un état d’équilibre et finalement on entre dans l’état de samprajnata samadhi. Grâce à cela et au continuel vairagya (détachement, objectivité), on atteint l’asamprajnata samadhi.

Interprétation Métaphorique:

Dans cette sutra, le Sage explique upaya pratyaya mentionné dans la sutra précédente. Cest la voie qui confère l’état de sadya mukti (libération complète ou instantanée). On peut la résumer par cette très belle séquence: shraddha (foi), virya (vitalité), smriti (mémoire), samadhi (concentration) et prajna (connaissance contemplative).

  1. Foi: la foi dans les paroles du maître et les commandements des écritures.
    Celui qui est incapable de comprendre la signification intrinsèque des écritures
    devrait suivre l’interprétation qu’en donne le maître.
  2. Vitalité: la force qui vient de la pureté des sens, du contrôle mental, d’une
    vision supérieure et de l’acceptation de toute douleur et souffrance.
  3. Mémoire: se souvenir en permanence que aham brahmasmi: “je suis Brahman.”
    Voir la Bhagavad Gita chapitre 18 verset 73.
  4. Samadhi: le mental concentré sur et absorbé dans l’objet, c’est à dire le but.
  5. Connaissance contemplative: l’expérience personnelle atteinte par la méditation
    profonde, dénuée d’imagination, d’hallucination, etc…

Celui qui procède de cette façon, pas à pas, acquiert l’expérience de l’Absolu. C’est upaya pratyaya asamprajnata samadhi, la réalisation née de ces divers moyens de méditation. Toutes les étapes ici décrites sont franchies l’une après l’autre et aident le chercheur à atteindre l’état supérieur.

Grâce à la foi et au désir profonds on ressent l’envie pressante et l’encouragement qui mènent au mental méditatif, à la concentration profonde et à la réalisation. Ces cinq étapes permettent, en s’élevant à travers les cinq chakras, d’atteindre la grotte du crâne où l’on se fond à la nature divine essentielle, le Soi, Brahman.

Oh chercheur! Souviens-toi du mantra du Katha Upanishad: uttishthata jagrata, prapya varam novodhatah: “Debout, réveille-toi et atteins le but suprême.” Ne t’arrête pas tant que le but suprême n’est pas atteint. Rejette toutes les idées gênantes, la paresse et le doute. Rempli de foi et d’amour, va de l’avant et atteins le but suprême.

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Jardiner avec Baba

Par Theresa Norman

“L’âme perd sa peur servile de Dieu et repose totalement sur la certitude d’atteindre la maturité en Lui.”

St. Therese d’Avila

La cloche de l’Ashram sonne signalant que Baba est dans le jardin. Tout le monde sort pour se joindre à lui, sauf moi. J’ai peur du jardin et j’ai peur de Baba. Je préfère aider à l’intérieur de l’Ashram. Et je veux me cacher du regard de Baba qui sait et voit tout.

Katherine me trouve dans la bibliothèque et gentiment me pousse dehors: “vous allez manquer Baba dans le jardin” dit-elle. Je marche lentement pour me joindre au groupe qui entoure Baba au fond du jardin de l’ashram. Bien que j’essaye de rester derrière, Anschi me pousse en avant. Elle me demande mon nom et celui de la ville ou j’habite, m’amenant directement à Baba.

L’herbe mouillée se couche sous mon corps alors que je me prosterne à ses pieds. Lorsque je sens mon attention fixée à la fontanelle, je lève mes yeux qui croisent les siens. Baba m’examine d’une façon si pure et directe que je ne peux qu’y répondre avec amour. “Votre ville est une belle ville, une ville éduquée” sont ses simples mots en guise d’introduction. “Oui” acquiesçais je, calmée et affermie par son regard.

Baba nous donne ses instructions pour commencer le travail dans le carré de citrouilles qui se trouve à ses pieds. Ignorant tout du jardinage, je ne perçois qu’un chaos de verdure. Où sont les pieds de citrouille, où sont les mauvaises herbes?

Bien que nous soyons nombreux, Baba observe chacun de nous. Je plonge la main dans la masse enchevêtrée et empoigne quelque chose qui est fermement enraciné. Baba dit: “Oui, arrachez-le, c’est la forêt.” Ma main touche quelque chose d’autre et il dit: “Ne touchez pas cette feuille.”

En peu de temps sous sa direction, mes mains commencent à se mouvoir avec plus de sûreté. Je commence à reconnaître ce que je dois arracher et ce que je dois laisser.

Je pense en moi-même que ce désherbage sous la surveillance de Baba est comme nos vies. Nous ne savons pas ce dont nous débarrasser ni quoi garder. Je m’arrête devant quelque chose qui pousse en hauteur et qui pourrait bien avoir quelque valeur. Je l’examine en me demandant s’il s’agit d’une fleur ou d’une mauvaise herbe. “Arrachez-la” dit Baba avec fermeté. Baba est une source rafraîchissante de fermeté dans un monde incertain.

Le jardin est chaud, boueux et plein d’insectes qui piquent comme je le craignais. Je me répète le refrain, encore et encore: “Calmement, cherchez-le dans la fontanelle” pour ne pas succomber à ma timidité et à la fatigue. Et là, dans un moment de grâce, touchée par la douceur d’une brise exquise, Dieu me parle et dit: “Il n’y a pas besoin d’escalader l’Himalaya pour trouver Babaji. Il est ici.” Dans ce carré de citrouille, sous la surveillance de Baba, une belle métaphore pour la manière dont il nous guide dans la vie, je suis consciente que Babaji est là, évidemment.

Nous venons à l’ashram prêts pour le seva, prêts à aider, à participer, à ne pas être un fardeau, à faire notre part. Mais, dans l’accomplissement même de ce service, c’est nous qui sommes aidés.

Il est en fait impossible de donner à un maître réalisé. Même si l’on donnait tous nos revenus, pour le reste de notre vie, ou si l’on travaillait dans son jardin pendant des années, cela ne serait jamais une compensation suffisante pour ce que le maître nous a donné: la libération et la paix, comme il n’est pas possible non plus de donner à Dieu qui possède tout.

Puissions nous vivre dans la conscience que les bénédictions de Dieu nous inondent constamment. Il est la source de tout ce que nous sommes et de tout ce que nous recevons.

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