Réalisation Divine Vol 13-2

Lettre de Swami Hariharananda

Mes chers et divins Louise Ma et Kevin Baba,

Je suis très heureux d’avoir reçu votre carte de Noël.

En Inde au moment de fêtes de Noël, beaucoup de gens ont pour coutume de faire des cadeaux à leur Gourou car le Gourou est le guide spirituel de ses disciples. Beaucoup de gens viennent donc voir leur Gourou avec des cadeaux divers, des fruits et des friandises et s’assoient avec lui pour méditer.

Vous m’avez envoyé un cadeau tout spécial. En retour je vous donne mon affection et ma bénédiction grâce auxquels vous pouvez tous les deux changer toutes vos mauvaises tendances et demeurer dans la lumière divine. La vie divine signifie Dieu dans les êtres humains.

Je sais qu’il y a de nombreuses choses négatives que vous devriez changer. Vous devriez apprendre à conquérir le mental de votre mari par le service extrême. Kevin baba devrait aussi apprendre à se débarrasser de son ego et de ses sentiments. Vous devriez tous les deux vous débarrasser de vos tendances mauvaises par la méditation. Dieu n’a pas d’ego. Dieu vous donne tout et vous dit: “Débarrassez vous de toute votre négativité et soyez parfaits comme Moi.”

Seule la méditation peut vous rendre tous les deux purs, parfaits, doux, gentils et pleins d’amour.

L’amour est patient, doux. L’amour n’est pas jaloux ni vantard. Il n’est pas arrogant ni brutal. L’amour ne cherche pas à avoir raison. L’amour n’est pas irritable et n’a pas de ressentiment. Il ne se réjouit pas du mal mais se réjouit du bien.

L’amour supporte tout, croit tout, espère tout, endure tout. L’amour n’accuse pas. L’amour est aveugle. L’amour est désintéressé. L’amour est sans fin. L’amour s’épanouit et ne diminue pas. L’amour est Dieu.

Ne déchirez pas ma lettre. Faites-en une photocopie, lisez-la tous les jours et vivez ensemble.

Tout va bien pour moi.

Ma bénédiction à tous.

Humblement, Hariharananda

EXTRAIT DU LIVRE GOUTTES DE NECTAR
de Paramahamsa Hariharananda
rédigé par Paramhamsa Prajnanananda

Ne perdez de temps avec personne d’autre que Dieu
Et votre temps ne sera pas perdu.

Pratiquez, pratiquez, pratiquez!
La pratique vous rendra parfait.

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Le processus de La culture de L’âme

par Paramahamsa Hariharananda

Méditation veut dire absence de conscience corporelle et de conscience du monde. C’est à la fois comme si vous étiez endormi mais sans être endormi. Vous êtes endormi physiquement et vivant spirituellement.

Il suffit de fixer votre attention sept centimètres à l’intérieur du crâne au point-atome. Inspirez et touchez-Le, aimez-Le, fondez-vous en Lui. Vous verrez alors votre conscience corporelle, votre conscience du monde et toute vos pensées disparaître. A ce moment-là vous atteindrez le véritable état sans forme, l’état de béatitude, de calme, de divinité, de réalité, de vérité. C’est la culture de l’âme. Sans l’état sans forme, la pratique religieuse n’est qu’un jeu religieux de rites et de rituels très éloigné de la Vérité.

Qui veut la Vérité? Tous les gens restent superficiels dans leur compréhension de la Vérité parce qu’on leur enseigne que le jeu religieux est la vraie religion. Ils ne savent pas qu’ils doivent méditer pour atteindre la vérité, pour atteindre le Soi. Le culte extraverti sans désir sincère d’union avec avec Dieu et sans méditation est une forme de gratification des sens et en soi ne fait que masquer le Soi derrière l’illusion, l’imagination et l’erreur. Ainsi les rites et rituels extérieurs ne sont qu’un jeu, du théâtre, et nous éloignent encore plus du Soi. La religion authentique consiste à s’unir à Dieu qui est le Soi. Le Kena Upanishad, Chapitre 1, Verset 2, dit:

“Comme Il est l’Oreille de l’oreille, le Mental du mental, la Parole de la parole, la Vie de la vie et l’œil de l’œil, l’homme intelligent abandonne son identification avec les sens et ayant renoncé au monde devient immortel.”

Brahman, la Vérité, ne peut donc pas être perçu par les cinq organes des sens, les douze pairs de nerfs crâniens et les vingt quatre éléments grossiers pas plus qu’en parlant avec éloquence. Brahman ne peut pas davantage être atteint par des cérémonies ni des spéculations philosophiques, la suggestion ou l’imagination. La sagesse ne peut être perçue que par l’atome. La personne vraiment intelligente est celle qui désire sincèrement sa propre réalisation et médite pour atteindre le but suprême. Devenir réalisé, comprendre le Soi qui imprègne tout, Le connaître, suppose d’approcher humblement un vrai maître spirituel, de lui poser les questions nécessaires à la clarification de votre compréhension et le faire partager avec vous sa connaissance divine, vous insuffler son énergie divine et vous guider dans la pratique de la méditation. Essayez. Goûtez. Soyez. Il vous faut méditer de plus en plus et de plus en plus.

Puis il faut mettre en application cette méditation dans votre vie quotidienne. Observez-Le dans chaque mouvement, pensée, action, disposions. Vous apprendrez ainsi à séparer objectivement votre personnalité ou ego de votre véritable Soi. Vous verrez que Dieu est celui qui agit dans chaque pensée et action. Le Kena Upanishad dit au chapitre 2, verset 4:

“ On connaît vraiment Brahman lorsqu’on le connaît comme étant le Soi de chaque état de conscience car et par là, on atteint l’immortalité. De même qu’on acquiert la force à travers son propre Soi, à travers la connaissance on acquiert l’immortalité.”

Notre vie est faite pour la réalisation de soi, pour la connaissance du Soi. Alexander Pope, le poète du 18ème siècle disait:

“Connais-toi donc toi-même, n’aie pas la présomption de scruter Dieu. Pour l’humanité, le meilleur sujet d’étude est l’homme.”

Dieu n’est pas loin. Dieu est en vous et vous êtes en Dieu. Dieu est partout en tout, l’animé et l’inanimé. Lorsque vous comprenez cela, vous percevez que votre travail quotidien est un culte rendu à Dieu et votre vie devient la vie divine. Kriya Yoga veut dire s’unir au divin. Kri veut dire travailler et ya veut dire que vous voyez que Dieu est celui qui fait tout en toute action. Lorsque vous percevez que Dieu est en tout, tout devient alors Divinité. Vous ne voyez plus ce monde et les choses ou les gens qui y sont comme des objets de gratification de vos sens à l’usage et sous le contrôle de votre ego.

Dans nos relations notre conscience intérieure du Soi est trop souvent mal placée et nous percevons notre propre Soi et le Soi des autres à travers notre ego, oubliant que tout est Dieu. Par exemple, dans la vie maritale, le mari et la femme peuvent désirer se dominer l’un l’autre. Ils peuvent aussi voir leurs enfants comme des extensions de leurs corps et de leurs egos dont ils peuvent jouir physiquement et mentalement. Mais en réalité, tous les liens familiaux ont pour but de s’entraider dans l’amour pour atteindre le but suprême de la réalisation du Soi.

En fait, toutes les relations, qu’elles soient avec les choses ou avec les gens, ont pour but d’aider à l’évolution spirituelle. Ainsi, le travail devient un culte rendu à Dieu. La perception de son importance personnelle dans l’accomplissement de ses devoirs et dans ses croyances, sans la vision de son vrai Soi est une recette pour déceptions, illusions et dépression.

Il n’y a rien que vous puissiez emporter avec vous au delà de la mort, ni votre famille, ni votre richesse, votre maison, votre nom, votre célébrité, etc… Vous ne pouvez emporter que votre richesse spirituelle. Dans la Bhagavad Gita, il est écrit au chapitre 4, verset 40 à 44:

“Votre seule raison d’être est la réalisation de Dieu. Votre vie familiale est pour votre réalisation de Dieu. Votre système tout entier est le système de Dieu.”

Dans la Bible, au livre des Psaumes, il est dit: “Ne bouge pas et sache que tu es Dieu”

Les relations sans Divinité, sans voir que chaque personne et que chaque chose est Dieu, sont comme l’accomplissement de rites et de rituels sans méditation et sans connaissance. Les deux sont superficiels et mènent à la réincarnation. Savoir que tout est Dieu, trouver le Soi au dedans et voir que Dieu fait tout mène à l’immortalité, l’unité avec Brahman. Cela vous éloigne de votre état humain, de votre négativité. Cela vous mène à la paix, la joie, la béatitude, le pardon, la gentillesse, l’amabilité, la douceur, la pureté et la divinité éternels.

Si vous allez au maître authentique du Kriya Yoga, il s’occupera de vous personnellement et purifiera votre corps. En l’espace de trois minutes, lui-même ou ses disciples qui ont reçu le pouvoir d’initier, peuvent aussi vous donner la sensation du Mouvement Divin dans les 108 parties du corps ainsi que du Son Divin et de la Lumière Divine. Il a fallu à Jean 3 ans pour entendre ce son mais vous l’entendrez en 3 minutes et vous atteindrez l’état de superconscience qui est La Lumière. Cela fera disparaître votre noirceur, votre ignorance et vous saurez alors quelle nourriture vous convient, quelles habitudes sont bonnes pour votre développement physique, mental et spirituel. Vous jouirez alors d’une santé solide, d’un mental solide et vous vivrez cent ans. Vous ferez votre travail et resterez compassionément détaché et sentirez à tout moment que vous êtes Dieu sous forme humaine, humain en Dieu.

Tout le monde, riche ou pauvre, cultivé ou inculte, devrait méditer. Ils devraient méditer parce que leur souffle est inspiré par le Soi interne (ya) c’est à dire que le pouvoir de Dieu opère à travers eux.

L’extrême extravertissement de la conduite humaine est dû aux 12 nerfs crâniens. Ils répandent maya c’est à dire l’illusion et l’imagination ou la perception que l’ego ou personnalité est le Soi. C’est ce qu’on appelle kundalini. Kundalini ne veut pas dire serpent. S’il y avait un serpent dans le corps, le chirurgien qui opère le cœur ou le cerveau le trouverait et le retirerait. Kundalini veut dire l’état extraverti. Seule la technique du Kriya Yoga peut purifier l’être humain et lui donner la paix, la béatitude, la joie et la divinité. C’est une technique simple. Elle ne présente pas de difficulté. Elle n’est pas sectaire et c’est la voie la plus facile et la plus sûre vers la réalisation divine. C’est la technique authentique et originale qui n’est jamais parvenue en Occident auparavant. C’est la technique de Babaji, Lahiri Baba et Sri Yukteshwatji. Seul l’être humain peut rendre sa vie divine. Je vous prie donc humblement de venir, de voir, de goûter, d’être.

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Un message à l’occasion du 50ème anniversaire du Mahasamadhi de Yogananda le 7 Mars 2002.

Chers âmes aimables et divines

Je m’incline devant vous tous, le pouvoir vivant de Dieu. Recevez tous les bénédictions de Dieu.

Aujourd’hui c’est une occasion toute spéciale de méditer sur la douce mémoire de notre bien-aimé Paramahamsa Yoganandaji qui atteignit le mahasamadi il y a exactement cinquante ans. Son amour pour Dieu et pour l’humanité fut évident à travers toutes ses activités tout au long de sa vie.

Le temps préserve les traces de maîtres réalisés comme la lumière du phare qui nous guide sur notre voie spirituelle.

Yoganandaji avait également un grand amour pour l’Inde. C’était pour lui un lieu sacré où il avait reçu tout son apprentissage spirituel de ses parents, de ses professeurs et tout particulièrement de son Gourou bien-aimé, Swami Shriyukteshwarji. Dès sa plus tendre enfance l’esprit de Yoganandaji se complaisait dans les pensées de Dieu, des saints, des sages et des vallées Himalayennes.

Il disait souvent: “Je ne veux pas mourir dans mon lit mais dans mes bottes, parlant de Dieu et de l’Inde.”

Je me permets maintenant de citer les derniers mots qu’il prononça juste avant son mahasamadhi: “Je suis fier d’être né en Inde… J’en suis très fier aujourd’hui. J’ai souvent dit: les incendies des mortels peuvent bien raser tes maisons et tes rizières dorées; mais pour dormir sur tes cendres et rêver d’immortalité, Oh Inde, je serai là! Dieu créa la Terre et l’homme créa des pays confinés dans leurs frontières de caprices gelés. Là où le Gange, les forêts, les grottes de l’Himalaya et les hommes rêvent de Dieu, j’ai été sanctifié; mon corps a touché ce sol.”

Je vous en prie, méditez bien et conservez toujours le véritable esprit d’amour pour Dieu pour éprouver la présence vivante des Gourous dans votre vie quotidienne.

Avec amour.

Prajnanananda


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Jour du Mahasamadhi de Shriyukteshwarji – Mars 2002

Aimable et divin Soi
Que Dieu vous bénisse tous.

Je m’incline devant vous tous, la présence vivante de Dieu.

Aujourd’hui est un autre jour tout spécial pour se remémorer, contempler et méditer plus profondément. En ce jour, Swami Shriyukteshwarji, un grand gourou de la voie du Kriya Yoga, a atteint le Mahasamadhi (séparation finale et consciente du corps) au saint Karar Ashram de Puri en Inde.

Lorsqu’il quitte son corps, un maître réalisé manifeste davantage son amour et sa sagesse dans la vie d’un chercheur et l’exhorte à suivre ses pas.

Le temps passe. La véritable réussite dans la vie dépend des efforts de chacun dans sa recherche de Dieu au dedans et partout. Shriyukteswarji, avec sa personnalité exemplaire faite de discipline, de détachement, de sens du devoir et de dévotion est une source constante d’inspiration et d’encouragement dans notre vie spirituelle.

Méditez bien. Analysez-vous avec amour. Essayez de grandir sous tous les aspects de la vie.

Priant pour vous tous.

Que les bénédictions d’un si grand Gourou reposent sur nous tous.

Avec amour,

Prajnanananda
Tattendorf, Autriche
Le 9 Mars 2002

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La maîtrise du mental

Version éditée d’une conférence de Paramahamsa Prajnanananda en 2001

Dans la Bible, Jésus dit que là où est votre trésor, là se trouve votre mental. Cela veut dire que si vous observez ce sur quoi votre mental se concentre le plus souvent, vous saurez quels sont vos préférences et ce qui a le plus de valeur pour vous. Analysez votre mental et prenez note du type de pensées qui prédomine en vous, du type de pensées qui revient encore et encore. Dans la vie spirituelle, l’analyse de soi est nécessaire car elle révèle le type de mental que nous possédons. Le mental ordinaire va vers l’extérieur mais un mental paisible reste immobile. Le mental ordinaire se dirige vers l’extérieur, vers les objets des sens parce qu’on pense que le plaisir vient des sens.

Prenez par exemple un enfant qui aime le chocolat. Pour lui le chocolat c’est quelque chose. Il aime ça. Si vous lui donnez un chocolat, il est heureux, deux chocolats, il est aux anges, mais au troisième chocolat son bonheur commence à diminuer. Après le quatrième il se pourrait bien que son goût pour le chocolat ait disparu et au cinquième il pourrait même vomir. Si le bonheur était dans le chocolat, il pourrait en manger sans s’arrêter, de plus en plus et de plus en plus. Mais il y a une loi en économie, la Loi de la Diminution de l’Utilité Marginale et il en est de même avec le chocolat. S’il n’y a pas de bonheur dans le chocolat, pourquoi le chocolat l’attire-t’il? Pourquoi a-t’il choisi le chocolat? S’il n’y a pas de bonheur dans le chocolat, comment y trouvait-il du bonheur au début? Le bonheur n’était pas dans le chocolat. Le bonheur était en lui mais il en avait super imposé l’idée au chocolat. Il pensait que manger du chocolat le rendrait heureux.

Vous avez sans doute remarqué qu’il y a des choses que vous avez beaucoup aimées à une époque de votre vie mais qui, lorsque vous avez grandi, ont perdu leur attrait. Par exemple lorsque vous étiez petit garçon ou petite fille il y avait ce jouet particulier auquel vous aviez donné un nom, que vous embrassiez, avec lequel vous dormiez et que peut-être vous considériez même comme un ami. Vous l’aimiez beaucoup mais en grandissant, il perdit son intérêt. Vous n’en retiriez plus aucune joie parce que vous aviez trouvé d’autres choses qui vous apportaient davantage de plaisir et vers lesquelles vous étiez maintenant attiré. En continuant à grandir vous êtes peut-être passé par une phase où vous aimiez les livres d’images ou les coloriages et plus tard sortir avec les copains. Ainsi, si vous analysez votre vie, vous verrez que ce qui était agréable à un moment donné ne l’est plus aujourd’hui. Pourquoi? Parce que vous avez grandi. Vous avez acquis une certaine maturité. Si un garçon de quinze ans se promène avec un jouet, on va penser qu’il est toujours gamin. Il est peut-être adulte physiquement, mais il n’a pas grandi mentalement. Il agit toujours comme un enfant, d’une façon immature. La maturité physique n’est pas suffisante, nous devons atteindre la maturité mentale.

Maturité Mentale

Le mental ordinaire, immature, est guidé par ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas. Ces attractions et répulsions sont décrites dans le Yoga Sutra de Patanjali. Elles peuvent créer des problèmes dans la vie familiale. Par exemple un mari a envie de lire et sa femme a envie de dormir. Le mari veut allumer la lumière pour pouvoir lire et la femme veut éteindre la lumière pour dormir. Il y a un conflit entre les choses qu’on aime et celles qu’on n’aime pas. Que faire? Pourquoi avons nous ces attractions et ces aversions? Comment en-a t’on hérité? D’où vient cette impression que certaines choses sont agréables? Cela vient de la faculté d’association et de l’environnement.

L’Environnement

Dans l’environnement où nous avons été élevés, nous avons remarqué que les gens possédaient des choses, une voiture, une maison, un réfrigérateur, et la pensée nous est venue que nous devrions les posséder aussi. On se demandait ce que les autres penseraient si nous ne les possédions pas.

Les Associations

La deuxième cause des attractions et des aversions est la faculté d’association. On goûte quelque chose, on y trouve un certain plaisir et se met à l’aimer. Par exemple, les Occidentaux qui vont en Inde trouvent au début que la nourriture est trop épicée. Mais avec le temps ils s’acclimatent et se mettent à l’aimer. Je me souviens d’un petit garçon Autrichien qui avait vécu à New Delhi (sa famille nous rend souvent visite à l’ashram de Vienne.) Un jour je lui demandais s’il préférait la nourriture Indienne ou Européenne. Il répondit qu’il aimait la cuisine Indienne. Sa mère ajouta que même quand elle fait des pâtes, elle doit y mettre des épices indiennes parce qu’il les aime. Il aimait la cuisine épicée parce qu’il y avait été exposé encore et encore.

Ce processus ne se limite pas aux choses matérielles. Certains aiment l’hiver et pas l’été alors que d’autres aiment l’été et pas l’hiver. Lorsque vous vivez dans le monde, il y aura des hivers et des étés, que vous les aimiez ou non. La même chose se produit aussi avec les gens. Il y en a qu’on aime et d’autres qu’on n’aime pas. Mais on n’est libre que lorsqu’on s‘est libéré des attractions et des aversions.

Devenir Mûr Mentalement

Si vous voulez atteindre la maturité mentale, il faut analyser votre mental et faire son entraînement. Pour la croissance physique, il n’y a pas beaucoup d’efforts à faire. Il suffit de prendre de la nourriture, un peu d’exercice et le corps grandit: c’est sa tendance naturelle. Mais pour faire croître le mental, il faut faire son entraînement et un mental entraîné est un mental mûr. Un mental non entraîné crée de gros problèmes dans la vie. Et ne perdez pas de vue qu’en dehors de ce mental il n’y a rien d’autre qui puisse causer l’asservissement ou la libération.

Entraînez votre mental

Pour entraîner votre mental, il vous faut un guide expérimenté dans le domaine. Dans la vie spirituelle, les maîtres spirituels sont nos guides et ils peuvent nous montrer comment contrôler notre mental exactement comme un professeur d’auto-école peut nous apprendre à conduire.

Le mental est l’écoulement des pensées. Souvenez-vous de cette définition. Une pensée n’est pas le mental. Supposez que vous ayez une pensée, “de venir à l’ashram”. C’est votre pensée. C’est une pensée, ce n’est pas le mental. Un fil n’est pas un morceau de tissus. Il passe de l’état de bobine de fil à celui d’un morceau de tissus ou d’un mouchoir lorsqu’il est tissé d’une certaine façon. Le mental est un écoulement de pensées reliées les unes aux autres. Une pensée n’est généralement pas suivie d’une autre pensée sans rapport avec la première. Non, généralement elles s’enchaînent. Lorsque vous méditez, si vous êtes attentif, vous pouvez facilement vous en rendre compte. Supposez que vous vous souvenez que vous n’avez pas fait un certain travail. Vous pensez alors que si vous ne le faites pas aujourd’hui, vous n’aurez pas le temps de le faire demain et que vous devriez le faire maintenant. Puis vous pensez que vous pourriez le faire après la méditation. Mais alors vous vous mettez à penser que peut-être vous devriez le faire tout de suite et arrêter la méditation immédiatement. Et ainsi de suite… Le mental est donc un écoulement de pensées comme un fleuve est un écoulement d’eau.

Il y a un autre parallèle entre le mental et l’eau. Rien qu’en y jetant un coup d’œil, vous voyez si l’eau est bonne, si vous pouvez la boire ou aller vous y baigner. De même vous pouvez vous rendre compte de la qualité du courant de pensée qui s’écoule en vous.

Les yogis étaient de grands psychologues. D’après eux, pour changer votre vie, il suffit de s’occuper de votre mental et tout le reste suit. Si vous voulez être libre, prenez soin de votre mental. Votre mental vous libérera et s’il y a un obstacle dans votre vie il n’est autre que votre mental. Le mental peut être très utile dans la vie mais il peut aussi être la cause du chaos. Connaissez votre mental et utilisez-le intelligemment. Si vous avez une voiture, vous savez comment vous en servir. Mais si vous me donniez une voiture, je ne saurais pas m’en servir. J’aurais besoin qu’on m’aide ou que quelqu’un conduise à ma place. Connaissez donc votre mental, faites-en bon usage et vous arriverez à destination.

Connaissez votre mental

Pour connaître son mental il faut s’analyser, se poser des questions, s’introspecter. Notez le genre de pensées qui vous reviennent fréquemment. Par exemple, un disciple de France se rendit en Inde. Il me raconta qu’à son retour il mourrait d’envie de manger une salade parce qu’en Inde on ne trouve pas de salade occidentale. Il ne mangeait plus que de la salade au déjeuner et au dîner parce qu’il en ressentait un besoin désespéré.

Il y a deux choses à savoir lorsqu’on veut comprendre et contrôler son mental. La première est de connaître la qualité de vos pensées, quel genre de pensées vous reviennent constamment. Si les pensées qui vous viennent encore et encore sont bonnes et inspiratrices c’est que vous êtes une personne de haut calibre; non seulement vous pouvez vous inspirer vous-même mais vous pouvez inspirer les autres.

La seconde est la quantité de pensées. Avec quelle fréquence les pensées se succèdent. La qualité et la quantité de pensée détermine donc l’état de votre mental.

J’ai déjà dit que le mental est l’écoulement des pensées. Les gens intelligents contrôlent cet écoulement et les gens ordinaires flottent à la dérive dans le courant. Dans cet exemple de l’eau et du fleuve on voit bien ce qu’on perdrait si on ne contrôlait pas l’écoulement de l’eau dans le fleuve. L’écoulement de l’eau dans le fleuve est continu de la source à l’océan. Si vous savez endiguer le fleuve avec un barrage, vous pouvez irriguer, produire de l’électricité et contrôler le niveau de l’eau.

Le mental est un don naturel de Dieu. Avec un peu de bon sens, il est facile de contrôler votre mental et vos pensées et de le rendre utile non seulement pour vous mais aussi pour les autres. Mais si vous ne savez pas contrôler le mental, le mental va simplement s’écouler. Vous aurez vécu en pure perte. De même qu’on peut débarrasser un fleuve de sa pollution, on peut contrôler son mental et le débarrasser de toute pollution. Le mental que Dieu vous a donné est encore inexploité, inutilisé.

La Faculté du Doute

Il y a une deuxième définition du mental dans les écritures yogiques: le mental est la faculté de douter. Le mental étant un écoulement de pensées crée constamment la confusion. Le mental humain ordinaire est toujours confus devant ce qu’il devrait ou ne devrait pas faire. Il ne peut pas décider ce qui est bon ou mauvais. Le mental vit dans la confusion. Il aime la confusion. S’il n’y a pas de confusion, sachez alors que vous n’êtes pas une personne mentalement ordinaire. Vote mental est filtré, pur.

Le mental pur est dénué de confusion. Il sait ce qu’il faut faire, penser et dire avec une clarté complète. Il n’y a pas de confusion. Je suis convaincu. Je suis parfaitement convaincu de ce que je pense, de ce que je dis, de ce que je fais. Si le mental est dans cet état, il ne s’agit généralement plus de mental, il est au delà. Les gens ordinaires sont donc toujours confus. Ils ne sont pas clairs sur ce qu’ils font ou ce qu’ils pensent. Par exemple, beaucoup ne sont même pas sûrs de la raison pour laquelle ils sont ici. Je demande souvent au cours de mes conférences pourquoi les gens sont venus. Ils ont souvent assisté ailleurs à de nombreuses autres conférences. Alors, pourquoi viennent-ils aussi à celle-ci? Si votre mental est réellement clair, vous n’irez plus à gauche, à droite. Au contraire, vous vous direz: “Mon mental est stabilisé. Je sais cela. Je vais faire cela.” Beaucoup de gens me demandent des explications sur d’autres techniques mais je ne peux pas en donner. Je ne connais aucune autre technique que celle que j’ai apprise de Baba. Rien d’autre. Ce que Baba m’a appris, cela, je le sais. Donc, je le fais et grâce à cela j’ai accompli beaucoup de choses. Je n’ai pas besoin d’aller ici et là pour en savoir davantage. Ce qu’il m’a appris est suffisant et je l’ai pratiqué. Soyez donc clairs sur ce qu’il vous faut.

Le mental aime la confusion. Il vit dans la confusion. Si la confusion a disparu, il n’y a plus de mental. Le mental est donc la faculté de douter. Lorsqu’il y a un doute en vous, sachez que c’est le mental qui crée ce doute.

Surmonter la Faculté du Doute

Pour contrôler le mental, il faut d’abord vous débarrasser de son polluant: les pensées ordinaires. Dans de nombreux ashrams on inscrit une pensée du jour. Chaque jour, on lit une pensée et on essaye de contempler sur ce sujet. Lorsque j’ai rencontré Baba, il m’a dit d’écrire chaque matin un verset de la Gita sur un morceau de papier et de le mettre dans ma poche puis, dans mes moments libres, de le sortir de ma poche, de le lire et de le remettre dans ma poche. Tout au cours de la journée ce verset restait présent à mon esprit. C’était la formation de Baba, ce qu’il m’a enseigné lorsque j’étais débutant. Je gardais la pensée de ce verset, le message de ce verset toujours présent à l’esprit, dans mon mental. Le soir, au moment d’aller au lit je contemplais et me demandais si j’avais vécu avec cette pensée la majeure partie du temps ou encore mieux tout le temps.

Nourrissez le mental. Dirigez le mental. Les gens ordinaires se laissent diriger par le mental. Mais un chercheur, celui qui veut créer la discipline dans sa vie, dit au mental ce qu’il doit faire. Au départ le mental ne coopérera pas du tout et créera des problèmes. Le mental aime le pouvoir. Si vous essayez de retirer son pouvoir à quelqu’un qui en est assoiffé il va créer des problèmes. De même le mental est toujours assoiffé de pouvoir parce jusqu’à ce jour il a pu s’amuser de vous. Mais un chercheur spirituel s’amuse de son mental. L’homme ordinaire est le jouet du mental. Mais maintenant, j’observe mon mental, je vois mon mental, je dirige mon mental et cela devient un jeu merveilleux. Je joue avec mon mental.

Un chercheur spirituel, quelqu’un qui veut grandir, se rapproche d’un précepteur et lui demande si c’est possible de tranquilliser le mental et de le transformer. Le précepteur lui assure que c’est possible. Dans le Kriya Yoga on répète encore et encore que le contrôle du mental n’est possible que grâce au souffle et rien d’autre. Vous ne pouvez changer votre mental qu’à travers le souffle. Aujourd’hui après déjeuner Baba bénissait quelqu’un en chantant un verset des écritures yogiques en Sanscrit. Il disait que le souffle est votre vie, que le souffle est votre force. Tout ce qui vit, que ce soit des plantes, des êtres humains ou des animaux, vit grâce au souffle. Sans souffle, les plantes, les insectes, les animaux et les gens ne peuvent pas vivre. Le souffle est la présence directe de Dieu.

Pour contrôler votre mental, aimez votre souffle. C’est une technique très simple. A travers votre souffle vous allez contrôler votre mental. Tel est le message des maîtres du Kriya Yoga. Il n’y a rien d’autre à faire. Pas besoin de faire beaucoup d’études. Pas besoin d’aller à de nombreuses conférences. La première technique consiste simplement à observer votre souffle. Rien de difficile. Je vais observer chacun de mes souffles et j’ai passé mes jours et mes nuits à observer. Au début j’oubliais mais plus tard c’est devenu une habitude. Lorsqu’on essaye encore et encore, cela devient possible.

Si vous observez votre souffle, votre mental va se tenir tranquille. Si vous n’êtes pas capable de faire autre chose, essayez d’observer continuellement votre souffle. Je ne manquerai pas un seul souffle. Je vais observer chaque souffle continuellement, constamment. Je vais l’aimer. C’est le souffle de Dieu. Observez simplement et voyez. Maintenant, on se demande ce qu’on entend par observer le souffle. Lorsque vous inspirez et expirez, vous inspirez et expirez jour et nuit. L’air entre par les narines et ressort. Il y a un petit frottement d’air lorsqu’il passe dans le nez. Au début, observez ce frottement d’air, comment il entre. Observez le frottement d’air lorsqu’il entre et observez lorsqu’il ressort. Simplement observez.

Il est possible de l’observer tout en faisant son travail ordinaire. Lorsque je parle, je l’observe. Lorsque je me déplace, je l’observe. Si c’est possible pour moi c’est possible pour vous. Et, comme vous le savez, un enseignant spirituel sincère ne parle jamais de choses impossibles et il enseigne ce qu’il a pratiqué. Un enseignant sincère pratique et donne. Exactement comme la mère et le bébé. Lorsque la mère donne à manger à son enfant parfois elle goûte la nourriture avant de la servir. De même le gourou, comme la mère, enseigne ce qu’il a expérimenté. C’est un système pratique mais tout dépend dans quelle mesure vous comprenez les instructions du gourou parce qu’on est tous dans un état mental différent. On peut à la fois comprendre et mal comprendre le même enseignement du précepteur sous une variété d’aspects. Il est très difficile de comprendre et très facile de mal comprendre. Si vous voulez comprendre il faut vraiment être très attentif.

Contrôlez votre souffle. Si vous observez votre souffle vous serez attentif à vos pensées. Si vous êtes attentif pour une chose vous le serez pour tout. Souvenez-vous. Si je regarde l’assiette je vois aussi la nourriture qui est dans l’assiette. Si vous observez le souffle, vous allez observer les pensées. Vous allez observer la fréquence des pensées, l’agitation des pensées et si vous êtes attentif ne serait-ce que dans l’observation du souffle, alors, lentement, les pensées vont diminuer. Je vous dis cela pour l’avoir expérimenté dans la pratique. Si vous observez votre souffle, vos pensées vont diminuer. Observez votre souffle lorsque vous faites la cuisine, lorsque vous coupez les légumes. Derrière chaque activité il y a le souffle qui entre et ressort. Observez-le. Observez-le fidèlement et sincèrement et votre mental sera contrôlé. Pour contrôler le mental il faut être régulier dans la pratique d’une technique quelle qu’elle soit, ou du type de méditation que vous aimez.

Votre Mental Peut Être Votre Ami

Au départ le mental mesure toujours votre sincérité. Parfois le mental crée des problèmes pendant la méditation; ça arrive à beaucoup de gens. Pendant la méditation certains peuvent se sentir somnolents. Ils s’allongent et sont dans un état très détendu. Ils se relèvent une heure plus tard et pensent que c’était très bon. Le lendemain, pendant la méditation, la somnolence revient. Si vous vous laissez aller à dormir pendant la méditation, le sommeil reviendra tous les jours parce que c’est un jeu du mental. Lorsque vous allez voir le précepteur pour être initié et que vous commencez à pratiquer la méditation, le mental est prêt: “Très bien, je connais la fermeté de cette personne. Aujourd’hui il est comme ça et demain il sera faible. Combien de temps va-t’il persister?” Et lorsque le mental aura découvert que vous êtes vraiment sincère, vraiment régulier, que vous essayez vraiment de vous discipliner, le mental s’asseyra pour faire de vous un ami. Au lieu de se battre avec vous, le mental fera de vous un ami. Le mental peut être un très bon ami sur la voie spirituelle. Mais pour faire de votre mental un ami vous devez être réellement fort et déterminé, sinon c’est impossible. Le mental deviendra votre ami si vous êtes régulier dans votre pratique. Aujourd’hui vous êtes enthousiaste, vous écoutez la conférence. Demain cet enthousiasme pourrait tomber. Si nous ne sommes pas vraiment sincères, le mental nous fera tourbillonner vers le bas. Soyez donc régulier dans votre pratique, méditez sincèrement, aimez Dieu à chaque souffle. Observez votre souffle.

Une Question de Maîtrise de Soi

Si vous vous contentez de vous asseoir les yeux fermés, ce n’est pas de la méditation. Il n’y a que vous qui puissiez vous faire méditer. Le tuteur peut éventuellement créer un environnement comme un ashram mais, lorsque vous y êtes, c’est à vous de vous exercer pour vous changer. C’est à vous de changer votre vie, à personne d’autre. Il faut vous discipliner, personne d’autre ne peut le faire pour vous.

Disciplinez-vous dans vos habitudes alimentaires. Pour contrôler votre mental, faites attention à ce que vous mangez. Lorsque j’étais jeune, il y avait un séminaire sur l’alimentation auquel participaient des docteurs, des nutritionnistes et des psychologues. Je posais une question à un physicien, un docteur bien connu d’un institut Indien très réputé. Je lui demandais s’il pensait que la nourriture pouvait influencer le mental. Il répondit que oui et me proposa d’expérimenter avec quelques tasses de café pour en mesurer les effets sur ma nervosité ou avec quelques pots de yaourt pour voir à quel point ça me rendrait lymphatique. Ce qu’on mange influence le mental.

Contrôlez Votre Alimentation

Nous sommes parfois contrôlés par notre langue. Lorsque le mental dit “mange cela” on le mange. J’ai souvent observé ce qui se passe lorsque les brahmacharis mettent la table dans un ashram ou que je suis invité à manger quelque part et que le sel et le poivre ont été oubliés. On voit alors un résident ou un visiteur qui se lève pour aller chercher le sel et le poivre. J’observe Madame Langue en action. Si la nourriture n’est pas salée à notre goût, la langue se révolte et demande du sel. Si l’on ne peut pas contrôler ce qu’on mange, on ne peut pas contrôler son mental.

Faites donc attention à ce que vous mangez et contrôlez ce que vous mangez. Lorsqu’on manque un repas à cause d’un retard, il est facile d’acheter quelque chose en vitesse, un hamburger ou quelques pâtisseries, mais c’est une chose à éviter. Il ne vous arrivera rien parce que vous sautez un repas. Beaucoup de gens ne mangent pas à leur faim et sauter un repas ne représente que quelques heures d’attente. Lorsque je vivais avec Baba à l’ashram de Puri, j’allais tous les jours à Cuttak qui est à trois heures de bus. Je devais quitter l’ashram à 4 heure du matin pour aller au travail. Baba venait à quatre heure moins le quart dans ma chambre pour me voir partir. Lorsqu’il venait il s’assurait de deux choses: que j’avais bien quelques fruits ou des noix dans mon sac parce qu’il était trop tôt pour prendre mon petit déjeuner et que j’étais bien couvert. Il savait que lorsque je revenais, je n’avais pas déjeuné. Je revenais entre 13H et 15 H. Il le savait et disait à tout le monde de garder quelque chose à manger pour moi. Il mettait aussi de côté dans un bol une partie de ce qui était dans sa propre assiette et empêchait les autres de la manger. Même s’il était quatorze heures je ne m’arrêtais donc pas pour déjeuner.

Lorsque Baba sort, il emporte toujours quelque chose à manger avec lui et Baba est vraiment discipliné. Nous devrions l’imiter. Discipline veut dire manger quand il est l’heure. S’il est à l’extérieur à cette heure là, il mange ce qu’il a emporté avec lui, il mange juste un peu. Il ne mange pas trop ni trop peu. Il suit d’une manière strictement disciplinée les habitudes qui forment son mode de vie. Souvenez- vous que si je ne peux pas contrôler ce que je mange, je ne peux pas contrôler mon mental.

Introduisez la maîtrise de soi dans votre vie. La première chose à contrôler est votre nourriture et vous pouvez y apporter des changements très facilement. Ce n’est pas une affaire. N’achetez pas ce qui n’est pas réellement bon. Vous savez ce qui n’est pas bon. Un jour, je faisais un exposé sur le Kriya et à la fin de l’exposé l’organisateur remercia l’audience d’être venue et annonça que sa femme avait préparé quelques boissons et quelque chose à grignoter. Je remarquais qu’il y avait entre autres des grosses bouteilles de Coca. Plus tard, je lui demandais en privé pourquoi il les avait achetées. Il répondit qu’il l’avait déjà fait à une autre occasion mais je lui expliquais que ce n’était pas bon et qu’il aurait pu avoir de l’eau plate pour ceux qui en auraient voulu. Maintenant, les gens aux État Unis sont beaucoup plus conscients et tout le monde vient avec une bouteille d’eau. C’est très bien.

Contrôlez votre mental. Créez une discipline au niveau de ce que vous mangez et de ce que vous buvez. Votre vie changera alors plus rapidement. Faites attention à ce que vous mangez. La nourriture influence le mental.
Merci à tous.
Que Dieu vous bénisse tous. Pratiquez la conscience du souffle régulièrement.

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Fleuve de compassion

Un extrait d’une biographie par Paramahamsa Prajnanananda

L’AUBE

Dans cette partie de l’Inde, sur les rives du Gange, il y a un district appelé Nadia. Nadia occupe une position unique sur la carte spirituelle de l’Inde. A l’époque médiévale, une personnalité divine, Shri Chaitanya, y naquit. Il était un grand érudit Sanscrit, un logicien et un professeur brillant à l’école traditionnelle de littérature et de culture appelée chatuspathi. C’était un chef de famille, mais il abandonna finalement tous les attachements au monde et accepta la vie monastique, devenant un moine errant, emplit d’amour divin, prêchant la voie de transformation intérieure par l’amour de Dieu. Il traversa ce pays en tous sens. Il était aussi connu sous le nom de Gourangua (gour veut dire à la peau claire, anga – corps). Il passa la fin de sa vie principalement en Orissa, à Puri, l’ancienne ville sainte sur les rives de la Baie du Bengale, sur la côte Est de l’Inde.

Parmi les autres sommités spirituelles nées à Nadia se trouve Krutibash Ojha, une personnalité de grande stature spirituelle, un poète et écrivain qui traduisit les principaux textes épiques Hindous en Bengali et était connu comme le Vyasa du Bengale. Shri Lahiri Mahasaya, l’avocat moderne du Kriya Yoga, qui est un Kriya Yogi mondialement reconnu, était aussi un fils de cette terre. Plus tard Shri Sutaram Das Omkarnath et Shri Sanyal Mahasay accrurent la gloire de ce lieu.

Au cours du temps, ce petit district de Nadia a donné naissance à de nombreux saints et est devenu un lieu de pèlerinage visité chaque année par d’ innombrables pèlerins. Il y a un proverbe populaire en Bengali: « shantipur dubu dubu nade bhese jaye ». (Shantipur – une partie du district de Nadia est toujours inondée et prête à sombrer) – dont la vraie signification est: Shantipur, le lieu de naissance de tant de saints est inondée d’amour divin.

HARIPADA – LE PÈRE COMPÉTENT

Je vais maintenant vous emmener dans une famille particulière, une dynastie de grande importance spirituelle et culturelle. Cette famille était généralement connue sous le nom de « Famille Battacharya » dans le village d’Habibpur. Habibipur est un village situé à proximité de la gare de Ranaghat, dans le district de Nadia. Ce village reculé d’Habibpur est à quelques kilomètres de « Shantipur », lieu de naissance de Shri Chaitanya.

Il y avait dans ce village des gens de classes, de castes et de professions variées. Parmi les quelques familles Brahmanes, la famille Battacharya était la plus respectée à cause de son origine spirituelle, sa prospérité et sa stricte discipline religieuse. C’était une famille de Kula Gurus. En Inde il y a deux types de lignées de Gourous (guides spirituels) – Kula Guru et Siddha Guru. La tradition Kula Guru est celle d’une lignée dynastique de Gourous qui se succèdent de père en fils. Certaines familles de disciples du voisinage leur sont attribuées et ils les guident spirituellement. La tradition Siddha Guru est une lignée où le disciple est désigné par le maître comme son successeur spirituel. Ils peuvent initier n’importe où et partout. Le chef de famille chez les Battacharya était Haripada Battacharya (Hari signifie Dieu, Pada, pieds; Haripada est celui dont l’esprit est toujours absorbé aux pieds de Dieu).

C’était un homme de forte personnalité et maître de soi. Bien qu’étant un Hindou orthodoxe fervent, il traitait toutes les religions avec amour et respect. Il célébrait tous les festivals religieux suivant les rites de sa tradition familiale. C’était une personne aisée, ou comme on les appelait à l’époque un des Zamindar (propriétaire foncier) de la communauté.

Un homme doué de nombreux talents, Haripada était érudit en Sanscrit, et connaissait bien toutes les Écritures Hindoues, l’astrologie et la chiromancie. Il avait également une connaissance approfondie de l’ayurveda, l’homéopathie et même dans une certaine mesure de la médecine moderne. Il avait une bonne maîtrise des questions légales. Il fut béni par la naissance de cinq fils, deux desquels reçurent leur diplôme de médecine, deux autres celui d’avocat et le plus jeune d’ingénieur textile. Toutes ses filles avaient également un niveau d’éducation supérieur.

C’était un homme possédant une très grande maîtrise de soi et utilisant chaque instant d’une manière productive. De bonne heure le matin, il priait et méditait régulièrement dans sa chambre et s’astreignait à une longue pratique de dévotions rituelles. L’ensemble durait au moins jusqu’à 13 ou 14 heures et il ne buvait même pas une goutte d’eau avant la fin. Puis il s’occupait de la gestion de sa propriété qui s’étendait sur des centaines d’hectares de terres, d’opulents vergers et jardins, d’étangs et de bassins remplis de poissons avec plusieurs serviteurs et d’autres employés. La gestion financière occupait la majeure partie de son temps. Un style de vie stricte, l’amour de Dieu et un haut niveau moral et éthique caractérisaient Haripada. Il conduisait ses activités dans un esprit de charité. A l’époque il n’y avait pas d’hôpitaux ni d’équipements médicaux dans la plus grande partie du pays. Haripada utilisait donc ses compétences médicales pour aider les gens et leur fournissait les équipements disponibles.

Bien qu’il fut strict en matière de discipline et connu pour son éventuelle dureté, son cœur était rempli d’amour et de compassion. Toute la communauté le respectait pour sa nature impartiale. Les gens venaient souvent lui soumettre leurs difficiles problèmes familiaux ou sociaux.

Dans la vie spirituelle Indienne, le chef de famille occupe une place de choix. Le système familial de l’Inde représente une grande contribution à la civilisation humaine. L’enfant humain est l’être le plus dénué de défenses si on le compare aux autres animaux. L’enfant humain a besoin de beaucoup de soins et d’attention pour son éducation, y compris jusqu’à l’âge de vingt ans. Pour le développement complet de l’enfant, il faut s’occuper de sa croissance physique, émotionnelle, mentale, intellectuelle et spirituelle. Pour une vie familiale équilibrée et harmonieuse, on a besoin d’un partenaire de vie adéquat.

En temps voulu, Haripada fut marié à Nabin Kali, une jeune fille pieuse et fervente, originaire du village de Birnagar, Nadia, et d’une famille Brahmin très respectable. Nabin Kali signifie littéralement Mère Divine Éternelle. Elle était réellement une incarnation de la Mère Divine. Elle complétait Haripada. Alors que son mari était souvent dur et rude, elle était toujours tendre et aimable. Elle avait le cœur plein de compassion et avait une nature charitable, aidant les pauvres et les gens de la communauté dans le besoin.

Ses mains étaient toujours prêtes à faire la charité aux pauvres et aux indigents de la localité. Elle recherchait toujours une opportunité de donner, d’aimer et de servir. Quiconque venait demander de l’aide ne repartait jamais les mains vides. Elle avait deux dons spéciaux, amour et service. Elle était considérée comme une mère par la communauté toute entière.

Haripada était très stricte dans sa vie de famille. Le premier but de la vie de famille est la réalisation du Soi à travers l’accomplissement de ses obligations familiales et sociales et une vie droite. Épouse se dit en Sanscrit « Saha Dharmini » – celle qui guide son mari sur la voie de la moralité et de la spiritualité. Vers la fin de sa vie, Haripada dit à ses enfants « Je n’ai connu ma femme qu’un si petit nombre de fois au cours de ma vie que je peux les compter. Après avoir étudié la position des étoiles et des planètes, je ne l’ai approchée que pour avoir un enfant vertueux. Vous êtes tous le fruit de ma vie contrôlée et disciplinée. » Bien qu’ils dormaient dans la même chambre, leurs lits étaient séparés. L’union de Nabin Kali et Haripada fut bénie par la naissance de onze enfants. Ils eurent cinq fils et six filles à trois ou quatre ans d’intervalle. Les cinq fils reçurent le nom de Bholanath, Pareshnat, Shailendranath, Bhupendranath et Rabindranath. Les filles furent appelées Umasahi, Sudhir Bala Devi, Gouribala Devi, Shibakali Devi, Kamala Devi et Triptimoyee Devi. Parmi eux Bhupendranath et Triptimoyee sont encore en vie ainsi que Rabindranath.

Tous ces enfants étaient uniques à leur façon. Parmi les cinq fils, deux reçurent la qualification de docteurs en médecine et deux autres d’avocats, héritant ainsi des intérêts spéciaux de leur père. Le plus jeune fils, qui était le dixième enfant, était complètement différent des autres. Après lui, cette famille bénie eut une fille.

Au mois de Mai, l’un des plus chauds en Inde, les rayons du soleil brûlent la terre. C’est en ce mois, le 27 Mai (jyestha) 1907, que naquit le plus jeune fils d’Haripada et de Nabin Kali, Ravi, ainsi nommé d’après le soleil. Cependant ce soleil ne devait pas brûler mais était né au contraire pour répandre les rayons rafraîchissants et rassurants de la spiritualité. Haripada qui était très compétent en matière d’astrologie, d’astronomie et de chiromancie, calcula la charte astrologique (horoscope) du nouveau-né. Il fut réellement stupéfait de constater que cet enfant était unique, qu’il était destiné à devenir un maître spirituel, un guide divin et une consolation pour beaucoup.

Le père ne put résister à la tentation de dévoiler à sa femme le futur de leur nouveau-né. « Te rends-tu comptes » lui dit-il « que le ciel nous a béni avec cet enfant qui doit devenir un yogi renommé, un moine réalisé et le guide spirituel d’un grand nombre? Grâce à lui beaucoup atteindront la libération. » Cette prédiction était dure à supporter pour la mère. Elle était incapable de l’accepter. Les larmes emplirent ses yeux. Elle pleura amèrement: « Comment puis-je imaginer mon fils si cher et si doux devenir un moine-mendiant, dormant à l’ombre d’un arbre, sacrifiant tous les plaisirs et conforts de la vie? Comment pourrais-je tolérer toutes ces mortifications qu’un moine généralement s’inflige? Ce n’est pas possible, non, un enfant si beau et si doux doit rester toujours avec moi. » Telle était l’attitude de la mère.

Ne trouvant pas d’autre moyen pour consoler cette mère en détresse, Haripada fit semblant de recalculer la charte et lui dit: « Non, non, j’ai fait une erreur de calcul. Lorsqu’il grandira, ce garçon recevra une éducation supérieure, sera riche et généreux et il viendra en aide à beaucoup de gens. Son nom et sa renommée se répandront aux quatre coins du monde. Il sera aimé par beaucoup. » Ces mots restaurèrent la joie et le bonheur de la mère.

L’enfant était doux et beau comme une rose qui s’ouvre. Son teint était exceptionnel. Ses yeux étaient très attirants avec leur regard enjôleur et magique. Tout le monde aimait le prendre dans ses bras et jouer avec lui. Quand l’enfant grandit, essayant de ramper et de marcher, il rappelait à tout le monde Sri Krishna dans son enfance. Il apporta une joie nouvelle à sa famille, ses parents et tout le village. Tous les signes d’intelligence, de mémoire, de compréhension et d’amour exceptionnels apparurent dès sa plus tendre enfance. Lorsque l’enfant commença à parler, sa douce voix ravit le cœur de tous.

En dehors de son père il y avait une autre personne qui intuitivement réalisait la divinité de l’enfant et qui croyait qu’il était la réincarnation d’un ancien sage. Phanu Bagadi appartenait à une caste inférieure et travaillait dans les jardins de la famille d’Haripada en tant que journalier. Il était intouchable d’après la coutume de la société Hindoue de l’époque et ne pouvait pas entrer dans la maison d’un Brahmane. Phanu eut une vision. Lorsqu’il voyait l’enfant il se souvenait que dans sa vision, il était une incarnation. Il le portait sur ses épaules dans le jardin. Là, pendant que l’enfant était assis à l’ombre d’un arbre comme un yogi innocent, il cueillait des fleurs et venait les offrir à ses pieds en s’inclinant devant lui. « Qu’est-ce que tu fais? » demandait l’enfant en guise de protestation. Les larmes aux yeux Phanu répondait: « Je sais qui tu es! Tu peux te cacher aux autres mais pas à moi. » Il offrait sa dévotion et son profond respect, adorant les pieds de ce jeune garçon. Phanu et Haripada pouvaient voir en puissance la divine personnalité de Rabindranath dès son enfance. On appelait généralement Rabindranath par son surnom de « Rabi » ou « Rabin ». Ceux qui l’ont connu dans sa jeunesse se souviennent encore de sa noble nature et de son calme intérieur.

Heureux et bénis sont les parents qui ont donné naissance à un tel enfant. Haripada et Nabin Kali menaient un vie yogique hautement spirituelle. Dans la Bagavad Gita (VI/42-43) le Seigneur déclare à Arjuna: « Un yogi sur la voie spirituelle qui n’atteint pas son but au cours d’une vie renaît dans une famille de yogis pour continuer sa pratique spirituelle. Rien ne se perd. »

Haripada, conscient de la destinée spirituelle de son enfant, fit de son mieux pour le former sous tous les aspects possibles en vue d’épanouir ses qualités spirituelles, en créant un climat favorable. Alors qu’il s’adonnait à ses pratiques rituelles régulières, il laissait l’enfant s’asseoir à ses côtés pour écouter attentivement le chant des mantras et observer les rites du culte. Avec une fervente attention, Rabi était capable de retenir par cœur tous les puja mantra. Il avait une mémoire remarquable. A l’âge de quatre ans il excellait dans le chant de tous ces mantras. Pour encourager son jeune fils, le père commençait un mantra et laissait le jeune Rabi le finir. Lorsque le fils n’était pas attentif, il lui donnait un bonbon pour attirer son attention sur le culte et les chants.

Bien qu’Haripida fut un Brahmane orthodoxe, il avait l’esprit large et aimait toutes les autres religions. Il n’avait aucun problème à employer des travailleurs Musulmans dans sa propriété. Moghai était Musulman et très proche de la famille dans son travail journalier. Les enfants l’appelaient Moghai kaka (tonton Moghai).

Les parents étaient une grande source d’encouragement et d’appréciation pour les enfants. Ils se surpassaient les uns les autres dans leurs poursuites académiques. Ils s’entraidaient dans leurs études. Rabi parlait l’anglais couramment bien que ce ne soit pas sa langue maternelle simplement en écoutant les conversations de ses frères aînés. Tous les enfants d’Haripada excellaient dans leurs études, leur observance religieuse, la pratique de la musique et du chant.

C’était la période de l’occupation britannique en Inde. Les missionnaires chrétiens propageaient activement l’évangile de Jésus en faisant du porte à porte. Ils offraient au public la Sainte Bible et d’autres écritures chrétiennes gratuitement. Rabi devenu écolier commença à lire la Bible encouragé par son père. Son cœur tendre et doux devenait parfois lourd au récit de la vie de souffrance de Jésus et il pleurait.

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Yoga, voie du Divin

Par Paramahamsa Prajnanananda

Le Corps, le Mental et l’Âme

Le Mental

Lorsque j’étais enfant, un paquet de graines de moutarde avec lequel je jouais m’échappa un jour des mains. Les graines s’éparpillèrent au sol et ce fut très difficile de les remettre en place. La vie humaine est comme ce paquet de graines de moutarde. Faites y attention. Toutes sortes de pensées, d’idées, de plans en contradiction les uns avec les autres contrôlent notre vie. Ce que vous aimez aujourd’hui, je ne l’aime peut être pas. Ce que j’aimais hier, je ne l’aime peut être plus aujourd’hui. Quelle en est la cause? Il y a un autre aspect: le mental.

Il est décrit dans les écritures yogiques et védiques:

manah eva manusyanam karanam bandha moksayoh /
bandhaya visayasangi muktyai nirvisayam smrtam
(Visnupurana 6-7-28)

“Le mental est la cause de l’asservissement et de la libération, de la joie et de la souffrance. Lorsque le mental est attaché aux objets des sens il est asservi et lorsque le mental en est détaché, vous êtes libres.”

Essayons d’avoir une compréhension plus claire du mental. Il y a de l’eau dans un verre. Il y aussi de l’eau dans un lac. Mais on ne peut pas dire que ni l’eau du verre, ni l’eau du lac soient un fleuve. Dans un fleuve l’eau coule, mais dans un verre ou dans un lac elle ne coule pas. Le fleuve a une source et une embouchure. Les fleuves se jettent dans l’océan. Quelle est la source du fleuve? On pourrait dire qu’il prend sa source dans les montagnes, mais je dirais que la source du fleuve est également dans l’océan. L’eau de l’océan s’évapore, forme des nuages qui se transforment en pluie créant le fleuve qui retourne à l’océan. Le fleuve a un flot continu.

Le mental a un également un flot continu comme le fleuve. D’après les écritures, vrtti pravaham manah. C’est le flot des pensées qui s’écoule continuellement. Quel genre de pensées nous viennent? Le genre de pensées qui nous viennent est en rapport avec les choses que nous savons et que nous avons déjà expérimentées. Pouvez vous penser à un mot que vous ne connaissez pas? Nous ne pouvons pas penser à une seule chose que nous ne connaissons pas déjà. Nos pensées ne peuvent être qu’au sujet de choses que nous avons apprises de nos sens. Ces pensées se présentent à nous continuellement, l’une après l’autre.

Dans la Baghavad Gita il est dit:

nahi kascit ksanamapi jatu tisthatyakarmakri /
karyate hyavasah karma sarvah prakrtijairgunaih. //
(Baghavad Gita 3-5)

“Personne ne peut exister ne serait-ce qu’un instant sans travailler. Les trois qualités nées de la nature forcent chacun d’entre nous à agir.”

L’homme est un animal qui pense et qui parle. On perd souvent beaucoup de temps en conversations inutiles. Mais l’homme est capable de canaliser et de changer la qualité de ses pensées. Si l’on peut changer la qualité de nos pensées, la qualité de vie pourra alors changer.

Le mental peut se diriger soit au dehors vers les objets des sens, soit au dedans vers la source. En se dirigeant au dedans vers la source, on peut changer la qualité des pensées. En se dirigeant au dehors vers les sens on peut changer la quantité des pensées. En changeant notre mode de pensée, nous pouvons changer notre qualité de vie.

Le mental est dynamique et agité, un terrain de jeu pour le bien et le mal. Le jeu se poursuit sans arrêt entre le bien et le mal, causant le bonheur et le malheur. Nous devons être en position de contrôle. Nous sommes venus ici pour connaître la nature du mental et l’entraîner à ne pas être la cause de notre malheur mais de notre joie. Examinons les différents états mentaux. On dit que le mental passe par cinq états.

Les Différents États Mentaux

1. Mudha : La simple traduction du mot Sanscrit mudha pourrait être “stupide ou confus”, quelqu’un qui n’a pas l’esprit vif, qui est lent, endormi, qui ne peut pas faire la différence entre le bien et le mal. Certains dorment et ronflent pendant la méditation.

2. Ksipta : Agitation. La plupart de gens sont dans cet état mental. Le mental est agité et veut essayer plein de choses différentes, toujours à la recherche du changement.

3. Viksipta : Être envoûté par un plaisir des sens particulier. Nous avons cinq sens de perception – voir, entendre, sentir, toucher et goûter, et cinq organes d’action – parler, donner ou recevoir, marcher, procréer, et excréter. Tous sauf un sont situés à un endroit particulier. Le sens du toucher est le seul à être présent partout et il est associé avec la procréation. Tout plaisir des sens se termine dans la souffrance. Manger de trop par gourmandise peut entraîner des douleurs abdominales ou regarder la télévision trop longtemps peut faire mal aux yeux. Après le plaisir il y a la souffrance.

Le mental absorbé dans un plaisir particulier pendant longtemps est Viksipta. Viksipta veut dire éparpillé; s’éparpiller dans un plaisir des sens particulier. La plupart des gens sont ballottés entre les deux états de ksipta et viksipta.

4. Ekagra : C’est le mental concentré et déterminé. L’objet de la concentration peut être externe ou interne. Un scientifique au laboratoire ou un chirurgien qui opère un malade est concentré sur un objet extérieur. Un yogi qui médite est concentré au dedans. Le nombre de gens concentrés sur un objet externe ou au dedans d’eux mêmes est insignifiant. Changer la qualité de vie commence ici, avec ekagra: canaliser le mental d’une façon particulière et le concentrer sur un but particulier. Ekagra débouche sur niruddha.

5. Niruddha : État mental complètement contrôlé qui peut être atteint par la méditation, un style de vie équilibré dans la conscience divine. C’est un état unique.

C’est pour atteindre cet état que nous sommes venus ici, pour purifier complètement notre mental. Plus le mental est pur, plus la vie est belle.

Le Jeu Du Mental

Voyons maintenant comment le mental crée des problèmes. Nous percevons le monde à travers notre propre mental. Ce n’est pas que quelqu’un soit bon ou mauvais ou qu’une certaine situation soit bonne ou mauvaise, mais plutôt comment mon mental le ou la perçoit. Je vois le monde à travers mes lunettes à verres teintés. Si je regarde le monde à travers des verres bleus, le monde m’apparaît bleu et si je le regarde à travers des verres rouges, il m’apparaît rouge. Avec un mental bon je vois le bien et la présence de Dieu partout, mais avec un mental qui doute, tout devient douteux.

Pour revenir à l’exemple des graines de moutarde, le mental est comme un paquet de graines de moutarde. Les graines de moutarde peuvent être utilisées de deux façons. L’une consiste à les griller pour en faire une épice et l’autre est de les planter dans le sol pour faire pousser plein de belles fleurs qui, à leur tour, donneront de nombreuses graines de moutarde. L’une est la voie du renoncement. L’autre est de vivre dans le monde avec une attitude de renoncement. La voie du renoncement est de ne pas s’attacher aux plaisirs ordinaires, d’utiliser sa vie pour atteindre le but suprême. L’autre est d’utiliser sa vie d’une façon positive, fructueuse, belle et colorée, tout en vivant dans le monde avec un sens de détachement. Lorsqu’une fleur éclot, la fleur est heureuse et apporte du bonheur à ceux qui l’entourent.

Observez le mental et prenez soin du mental. Nous prenons déjà bien soin du corps et l’âme n’a pas besoin qu’on s’en occupe. C’est le mental dont nous devrions nous occuper. Observez vos pensées. Le mental est comme la cuisine. Des pensées négatives dans le mental sont exactement comme des cailloux dans la soupe aux lentilles. Le but du mental est de savoir qui je suis, mais le mental ne me laisse pas enquêter. Je suis l’âme, il est vrai. Je vis dans un corps pour une courte durée, c’est également vrai. Mais le mental ne me laisse pas voir mon âme. Le mental me répète que je suis le corps et que je devrais jouir du monde. Il ne me permet pas de percevoir la vérité.

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Comment mener une vie spirituelle équilibrée

Première d’une série de deux parties, tirées d’un exposé de Swami Shuddhananda au Kriya Yoga Institute le 17 Octobre 2001.

Il y a une très belle histoire de Ramakrishna Paramahamsa. Il aimait raconter cette histoire illustrant comment, bien qu’étant intéressés par la vie spirituelle, nous perdons la spiritualité qui est au dedans de nous. L’histoire se passe en Inde. On y voit les vaches se promener librement dans les rues et manger ce qu’elles veulent. Si vous voulez planter quelque chose là-bas, en Inde, la plante étant généralement petite, vous devez l’entourer d’une clôture pour la protéger. De cette façon, les animaux ne peuvent pas la manger. Maintenant, la plante est là et la clôture est solide. Mais vous commencez à accorder davantage d’importance à la clôture parce que vous voulez être sûr que personne ne peut endommager la plante. Avec le temps, que se passe-t’il? La clôture est toujours très solide mais au bout d’un certain temps plus personne ne s’occupe de la plante et la plante meurt. C’est ainsi que l’histoire se termine.

Qu’est-ce qui Est le Plus Important: Seva ou Sadhana?

Dans la vie spirituelle, soyez pratique. On s’y intéresse mais on n’accorde pas la priorité à la vie spirituelle et on se cantonne à sa périphérie extérieure. On accorde la plus grande importance à la circonférence, à la périphérie extérieure, oubliant la plante spirituelle. Alors avec le temps, que se passe-t’il? Bien que nous appartenions toujours à une organisation spirituelle, la plante spirituelle est morte. Nous faisons tout le travail mais nous oublions l’essence. Des gens possédant le plus grand intérêt s’enrôlent dans l’organisation, ils vivent à l’ashram, et quelques années plus tard, que se passe-t’il? Pas de développement spirituel. Ils viennent avec tant d’intérêt, ils quittent tout, ils quittent la société, ils quittent leur maison et ils viennent vivre à l’ashram.

Que se passe-t’il. Pourquoi y a-t’il un déséquilibre? Pourquoi nous enfonçons nous de plus en plus dans les activités matérielles au lieu des activités spirituelles? C’est le jeu de samsara, le jeu du mental et de la matière. Je vous ai déjà dit maintes fois que ce mental et ces organes des sens vous distrairont immanquablement de la vie spirituelle et vous entraîneront dans la vie matérielle. Le mental veut rester dans le monde matériel et dans le monde objectif. Lorsque votre intérêt pour la vie spirituelle commence à s’estomper, que se passe-t’il donc? Consciemment ou inconsciemment le processus d’extraversion vous entraînera à la périphérie extérieure de la vie spirituelle. Donc on s’enfonce et on se sent satisfait pour quelque temps. On se dit, d’accord, je ne médite pas mais je travaille pour le Gourou, je fais du seva pour l’ashram. C’est une idée fausse, ça s’appelle de l’ignorance, c’est avidya. Ce n’est pas suffisant. Cette satisfaction passagère vous mènera finalement à la frustration. Que se passe-t’il si vous quittez votre travail et venez vivre à l’ashram pour réaliser la vérité, pour être conscient, pour demeurer dans la connaissance et que vous ne conservez pas cet intérêt en permanence? Lorsque votre intérêt commence à se relâcher un tant soit peu, immédiatement les forces du mental et des organes des sens concentrent votre intérêt sur les activités. C’est rajas guna. Sattva guna est perdu. Vous êtes venus avec sattvic guna et qu’est-il arrivé? De sattva guna vous êtes passé à rajas guna, davantage d’activité et vous aimez ça. 10 ou 20 ans plus tard, lorsque vous verrez qu’il n’y a pas de développement spirituel, alors vous changerez. Vous avez passé de nombreuses années à l’ashram mais où est votre développement spirituel?

Maintenant je pose la question. Elle s’adresse à ceux qui mènent une vie de Brahmachari à l’ashram. Comment suivre le Maître? Ceci est très pratique. Vous dites que puis-je faire? J’ai un intérêt pour la pratique spirituelle mais le Maître me dit de faire autre chose. Le Maître vous dit deux choses: soyez réalisé et observez-Le tout le temps. Le Maître donne plus d’importance à la spiritualité et non pas à la vie matérielle. Le Maître vous dit aussi de rester dans la connaissance et la conscience en même temps que vous faites ce travail. Lorsqu’il s’agit de suivre le Maître, que suivons nous? Nous ne Le suivons pas spirituellement parlant. Nous le suivons au niveau de seva et non pas au niveau de sadhana.

Deux choses devraient être présentes: seva et sadhana, la pratique spirituelle et le travail désintéressé. Bien que le travail désintéressé soit bon pour la vie spirituelle, il n’est pas bon tout le temps. En ce qui concerne ce que le Maître nous dit de faire, nous essayons de suivre ce qu’il dit matériellement et nous ne suivons pas ce qu’il dit spirituellement. Dans ce cas nous avons un conflit intérieur et un déséquilibre intérieur. Lorsqu’il y a ce déséquilibre intérieur et que vous vous demandez: “Qu’est-ce que je suis en train de faire?”, vous vous dites que vous faites ce que le Maître vous dit de faire. Le Maître vous dit aussi de L’observer à chaque souffle, mais ça, vous ne le faites pas. Vous oubliez son enseignement spirituel mais vous vous souvenez de ses autres paroles.

Les deux choses qui doivent être faites de concert sont sadhana et seva et non pas seva et sadhana. La pratique spirituelle vient en tête, et ensuite seva, le travail désintéressé. Si vous donnez davantage d’importance au travail désintéressé qu’à sadhana, sadhana s’en trouvera diminuée. Dans sadhana c’est sattva guna qui prédomine. Dans seva c’est raja guna qui prédomine. Vous devriez accomplir les deux et garder l’équilibre.

Dans la vie spirituelle, pour qu’il y ait développement, il devrait y avoir un équilibre entre les qualités sattvic et rajasic. Lorsque vous accordez plus d’importance au rajas guna, votre sattvic guna s’en trouvera diminué. En quelques années vous deviendrez un bon travailleur à l’ashram mais serez très mauvais au niveau de la vie spirituelle, vous ne vous développerez pas. Le Maître enseigne les deux mais nous n’acceptons que le dernier. Pourquoi? Parce que les forces mentales se manifestent sous forme d’avidya ou d’ignorance. C’est ce qu’on appelle maya. Bien qu’ayant un intérêt, malgré tout nous nous éloignons consciemment ou inconsciemment du sattvic et gravitons vers le rajasic. Ce qui est réel, nous n’y prêtons pas attention. C’est avidya. L’irréel, nous le considérons réel. Sadhana est plus important et plus réel que seva. Lorsqu’on pense que seva est plus important que sadhana, à cause d’avidya, la vie spirituelle est gâchée.

Équilibrez les Trois Gunas Dans Votre Vie.

Pourquoi vivez-vous dans un ashram? Pour votre développement spirituel. Vous ne pouvez pas méditer, lire les écritures et être directement en interaction avec le Maître en permanence. C’est pourquoi il y a un temps pour le travail. C’est une chose qu’il faut apprendre. Pour vous aider dans votre sadhana, il y a seva. Seva ne vient pas en premier, il ne faut pas l’oublier. Un jour un moine me dit gentiment: “Pourquoi travailles-tu autant pour l’organisation? A quoi ça sert? Qu’est ce que tu veux?” Vous voyez, il me disait, si tu occupes une position au bureau, tu as tant de responsabilités. Combien peut-on travailler? Une personne qui travaille 8 heures peut-elle avoir 4 mois de salaire?

Divisez la Journée en Trois

A l’ashram vous ne devriez pas travailler plus de 8 heures et réserver 8 heures pour le repos et 8 heures pour la pratique spirituelle. Les 8 heures de repos comprennent faire sa toilette, manger, dormir et tout le reste. Une personne spirituelle devrait consacrer 8 heures à la Sadhana pratique. Divisez la journée en trois parties: une pour sattvic, une pou rajasic et une pour tamasic. Sattvic est pour votre Soi. Pendant ces huit heures qui sont pour votre développement spirituel vous pratiquez la méditation, vous étudiez les écritures, vous parlez de spiritualité avec votre tuteur ou vos amis. Les discussions avec votre tuteur clarifieront vos conceptions. Un tiers de la journée, 8 heures, est pour s’occuper du corps. Le troisième tiers de la journée est pour le travail. Lorsque vous équilibrez les trois gunas, sattvic, rajasic, tamasic, on appelle ça yoga.

Si vous accordez davantage d’importance à une guna (dormir, manger, prendre un bain) vous êtes davantage tamasic. Si vous passez plus de 8 heures à la pratique spirituelle (méditer, étudier, contempler le Soi) vous êtes davantage sattvic et vous progresserez dans la vie spirituelle. Si vous travaillez plus de 8 heures, vous êtes en train de gâcher votre vie spirituelle. Vous n’êtes pas dans un ashram juste pour vivre une vie. La plupart des gens que j’ai rencontrés à l’ashram m’ont dit qu’ils ne peuvent pas pratiquer, ils vivent à l’ashram simplement pour vivre leur vie. Ils sont heureux, ils mangent une bonne nourriture sattvic, ils ont des Bhajans et rencontrent des gens sympathiques. Ils veulent simplement vivre une bonne vie dans une bonne atmosphère comme celle de l’ashram. Mais si vous voulez être plus sérieux dans la vie spirituelle, consacrez au moins huit heures au sadhana. Si vous ne consacrez pas huit heures au sadhana vous n’êtes pas un brahmachari. Cela devrait être très clair.

Maintenant, il y a des exceptions comme une tâche particulière confiée par le Maître. Supposons que vous y consacrez 10 heures par jour. Que va-t’il se passer? Il faut retrouver un équilibre parce que vous ne pouvez pas dire non, je ne le ferai pas. Alors comment créez vous un équilibre? Observez votre souffle et priez Dieu pour l’opportunité de pratiquer davantage. C’est là que l’aspect pratique du Kriya Yoga entre en jeu, l‘observation de la présence de Dieu dans chacun de vos souffles, dans chacune de vos actions. C’est à dire que lorsque vous pratiquez cette conscience dans vos actions une partie de votre seva se transforme en activité spirituelle. C’est à vous de décider à quel point vous voulez transférer vos qualités rajasic dans le domaine des qualités sattvic. Une partie de votre seva passera du côté des activités spirituelles. Mais n’oubliez pas que la pratique spirituelle passe en premier et est nécessaire.

Un matin, un disciple me dit qu’il allait se retirer pour pratiquer la méditation pendant trois heures et qu’il n’en bougerait pas, quel que soit qui veuille le voir ou lui parler au téléphone. Il est dit dans les écritures yogiques que si vous pratiquez pendant trois heures, vous acquérez siddhi. Le disciple me dit que même si Dieu venait frapper à sa porte pendant la méditation, il n’irait pas l’ouvrir tant était grand son intérêt pour la méditation. Quel désir! Et il le mettait en pratique.

Il faut trouver un temps pour la pratique spirituelle. Mettez aussi de côté du temps pour seva, mais pas plus de huit heures. Il faut trouver huit heures pour la pratique spirituelle et huit heures pour le repos du corps. Divisez la journée et créez-vous un emploi du temps.

La plupart du temps, on traite l’heure de pratique de la méditation comme s’il s’agissait d’une corvée routinière, sans profondeur. Finissons-en en vitesse pour passer à l’activité suivante comme le petit déjeuner. Cela veut dire que les autres activités sont devenues plus importantes que la pratique spirituelle. Cela ne devrait pas exister.

Quel que soit ce que vous faites, je vous en prie, faites-le avec une attention et une concentration absolues. Alors vous réussirez. Dans la vie spirituelle il ne suffit pas d’acquérir un savoir et de s’arrêter là. Pour se développer il faut s’y consacrer un maximum de temps, de plus en plus. Davantage d’auto-contemplation. Pourquoi suis-je ici?

Le seva est là pour les brahmacharis parce que, au niveau brahmachari le mental n’est pas bien équilibré, il n’est pas clair et des pensées négatives se présentent. Pour vous équilibrer en face des pensées négatives rendez service, seva, aux autres. Vous avez besoin de quelque chose, vous avez besoin de faire quelque chose. Mais ne gâchez pas votre vie. Établissez donc un emploi du temps et essayez de pratiquer au moins huit heures. Approfondissez votre étude.

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La Bhagavad Gita

Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Hariharananda

Chapitre 16, Verset 21 et 22

Verset 21

trividham narakasye dam
dvaram nacanam atmanaa
kamaa kridhas tatha lobhas
tasmad etat trayam tyajet

Traduction

C’est la porte de l’enfer à trois battants qui détruit le soi: passion, colère et avidité. On devrait donc les éviter tous les trois.

Interprétation Métaphorique

Dans le verset précédent, le Seigneur dit que les gens qui ont des qualités démoniaques vont en enfer. La question se pose donc inévitablement: où est l’enfer? A quoi ressemble-t’il? Dans presque toutes les religions les gens croient à l’enfer sous une forme ou sous une autre. Ils croient aussi qu’on peut aller en enfer après la mort. Mais dans ce verset le Seigneur précise de façon catégorique que lorsqu’un homme se laisse dominer par la passion, la colère et l’avidité, il a déjà ouvert les portes de l’enfer.

Kama (passion, désir, luxure, ambition), krodha (colère, envie), et lobha (avidité, possessivité) sont en corrélation et reliés causalement. Ces trois qualités rajasic font l’object d’une analyse détaillée dans la Baghavad Gita au chapitre 2, versets 62-63, au chapitre 3, verset 37 et à plusieurs autres endroits. Ces trois qualités forment la semence, l’engrais et le terrain idéals à la croissance de toutes les qualités négatives dans la vie d’une personne. L’ambition, la peur, la colère et l’avidité engendrent des problèmes sans fin, des conflits, la maladie et la mort; en conséquence il y a constamment du remord, de l’angoisse et des tensions. Les gens aux penchants ténébreux errent dans les couches inférieures de leur être, depuis le centre du coeur jusqu’en bas, le centre du coccyx. Souvenez-vous que lorsque l’une de ces qualités prend naissance, on franchit les portes de l’enfer.

Tant qu’ils n’auront appris et à moins qu’ils n’apprennent à contrôler leurs vies et à éliminer leurs tendances négatives telles que les discours inutiles, l’agitation mentale et l’intelligence destructive, ils ne pourront entrer dans l’état de pureté. Leur vie est un calvaire, remplie de problèmes et de souffrances. C‘est l’enfer en cette vie même.

Pour être libre et s’avancer vers Dieu, il faut le plus grand calme. Le calme est le fondement de toutes les religions et est essentiel pour la libération. La sérénité, la paix, l’amour et le calme ne sont qu’une et même chose. Mais les gens qui sont rajasic, remplis de passion, de colère, et d’avidité sont extrêmement agités; ceux qui sont tamasic sont léthargiques et ignorants. Dans les deux cas, le calme est absent. Les gens pourvus de ces qualités négatives sautent d’une activité à l’autre, commettent des erreurs les unes après les autres, disent des mensonges, se créant ainsi des tensions et des troubles cardiaques et cérébraux. Spiralant vers les quatre centres inférieurs de leur être, les gens démoniaques développent des angoisses, de l’agitation, une mauvaise santé et des maladies diverses. Ils sont tous en enfer.

Les chercheurs spirituels doivent être extrêmement attentifs et vigilants. Les qualités négatives naissent de l’ignorance. Lorsque ces tendances apparaissent, il faut s’en défaire immédiatement d’un coup de l’épée de la connaissance. (Voir la Bagarra Agita chapitre 4, verset 42)

Verset 22

etair vimuktaa kaunteya
tamodvarais tribhir naraa
acaraty atmanaa creyas
tato yati param gatim

Traduction

S’éloignant de ces trois portes d’accès aux ténèbres, Oh fils de Kunti (Arjuna), l’homme agit dans son propre intérêt et se dirige alors vers le but suprême (Dieu).

Interprétation Métaphorique

On appelle l’enfer un lieu de ténèbres parce que les gens errent constamment dans les ténèbres de l’ignorance, mais il faut s’affranchir des prétendus attachement et attirance des trois qualités démoniaques et agir dans son propre intérêt. Le Seigneur nous dit: “Oh Kaunteya! (fils de Kunti), ne demeure pas dans les centres inférieurs, concentre ton attention au sommet, écoute la voix du divin. Fais de ton mieux pour être complètement libre de toute ambition, colère et avidité. Cherche constamment le Soi qui demeure au dedans et atteins le but suprême de la vie.”

Le Seigneur décris la voie de la spiritualité, la méditation. Il donne deux conseils: tout d’abord d’agir dans son propre intérêt et ensuite d’atteindre le but suprême. Rechercher son propre Soi en évitant les qualités négatives et en restant dans la vérité est la meilleure chose à faire pour soi-même; réaliser Dieu et moksha (libération) est le but suprême. Le but est dans la fontanelle et la méditation est le moyen d’y parvenir.

La glande pituitaire et la fontanelle sont le siège du calme; lorsqu’on pratique sincèrement sous la direction d’un maître réalisé, on se libère rapidement de toutes les qualités négatives. Prenez par exemple l’histoire de Ratnakar, un criminel bien connu, qui, avec l’aide d’un maître réalisé, abandonna en un rien de temps ses mauvaises qualités et sa vie de péchés et se mit à chercher calmement le Père Tout Puissant caché au dedans de lui. Il atteignit la réalisation et fut alors connu sous le nom de Valmiki, le grand poète de l’Inde ancienne et l’auteur du grand récit épique, le Ramayana. Tout dépend de ce qu’on désire.

Si l’on s’entraîne à aller au delà des sens en percevant les triples qualités divines de la lumière, de la vibration et du son au dedans du corps tout entier comme l’a fait Ratnakar, on peut aller au delà de la sensation corporelle et de la perception du monde. Ratnakar était devenu si calme et absorbé à un point si extrême dans la conscience divine que, lorsque des fourmis blanches construisirent une fourmilière recouvrant tout son corps, il ne s’en rendit même pas compte.

Tout le monde peut atteindre l’état sans forme et percevoir le Père Tout Puissant recouvrant le corps tout entier et le monde tout entier à chaque souffle. On peut même atteindre l’état sans souffle et percevoir et réaliser les Quatre Grands Prononcements des Vedas:

  1. aham brahmasmi: je suis Dieu
  2. tattwamasi: Tu es Cela
  3. ayamatma brahma: mon âme impérissable est Brahma
  4. prajnanam brahma: la sagesse est Dieu

Pénétrer le point atomique de la conscience qui imprègne tout dans la fontanelle est percevoir, l’état sans pouls et sans souffle. C’est la libération suprême atteinte par la méditation profonde. C’est le travail le meilleur et le plus élevé qu’on puisse accomplir.

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Yoga Sutras de Patanjali

Commentaires de Yogiraj Shri Shri Lahiri Mahasaya – Interprétation métaphorique de Paramahamsa Prajnanananda

Sutra 26

sa poorvesaam api guruh kalenaaanavachedaat

sah = Il (Ishvara, Dieu)
pooruvesaam api = même au plus tôt
guruh = précepteur, maître, enseignant
kaalena = par le temps
anavachedaat = non limité par

Traduction:

Il est même le Gourou des premiers précepteurs car il n’est pas limité par le temps.

Commentaires de Lahiri Mahasaya:

(Ce Dieu) Ishvara n’est pas conditionné par le temps. Étant sans commencement, il est supérieur à Brahma etc.

Interprétation Métaphorique:

Les deux Sutras précédentes ont fait un portrait précis d’Ishvara (le Seigneur Dieu). Mais ce genre de connaissance d’Ishvara ne peut pas aider le chercheur à établir une relation intime et personnelle avec Lui. Le doute peut donc subsister: comment aimer Dieu, comment s’unir à Lui?

Dans le Svetaasevetara Upanishad (chapitre 6, verset 18) et dans la Gita (chapitre 4, verset 1) il y a une très belle description de Dieu en tant que précepteur ou Gourou. Dieu est la source de toute connaissance et Dieu est le porte-parole de toute connaissance. Dieu est le maître de toute connaissance et Dieu est le Gourou de toute connaissance. Dieu avec son potentiel infini et ses possibilités illimitées enseigne le parfait art de vivre. Dieu étant le précepteur depuis des temps immémoriaux, Dieu n’est pas limité par le temps. Le temps ne peut pas mesurer la connaissance et le temps ne peut pas limiter Dieu. Dieu n’a pas d’âge et échappe au temps.

Dans la vie spirituelle, un chercheur sincère a besoin d’un guide, d’un précepteur qui peut lui indiquer clairement le chemin et qui avec une compassion infinie peut le rendre capable de surmonter les obstacles de ce chemin glissant.

Cette sutra peut être comprise de deux façons:

  • Considérez le Gourou comme Dieu et amour, servez et suivez le Gourou avec une foi absolue.
  • Considérez Dieu comme le Gourou des Gourous, trouvez la voie de Dieu à travers le Gourou.

Gourou veut dire celui qui révèle vraiment le Soi et la connaissance du Soi. Essentiellement, Dieu est le vrai Gourou. Si l’on étudie la Gourou Gita et le Gourou Tantra, on peut comprendre les principes internes du Gourou, on peut acquérir la connaissance du Gourou. Le Gourou qu’on aime sous forme humaine est la manifestation physique sous forme de Gourou de l’amour de Dieu. Mais en réalité, le Gourou est le Soi, le Soi Suprême, le Purushottama de la Gita (chapitre 15). Ne superimposez donc jamais l’humanité sur le Gourou mais plutôt, à travers le Gourou, essayez d’éprouver l’amour divin et la sagesse.

La relation entre le Gourou et le disciple est pure et inconditionnelle. Elle n’a pour but que l’évolution spirituelle.

Oh chercheur! Prie Dieu qu’il te révèle le Gourou. Évite l’ego et l’égoïsme. Lorsque tu trouves le Gourou, sers-le avec amour et suis ses instructions spirituelles pratiques tels qu’Il te les donne. Souviens-toi que le Gourou est la personnification du pouvoir de la grâce, de la compassion et de l’amour de Dieu. Ne cherche jamais à te faire un nom ou à devenir fameux. Recherche Dieu dans le Gourou et aime le Gourou comme la manifestation de l’amour de Dieu. Le Gourou en tant que Dieu transcende les limites du temps. A travers beaucoup d’amour et d’abandon, la vérité te sera révélée.

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