Réalisation Divine Vol 15.2

Paramahamsa Hariharananda
Baba Hariharananda

Sommaire

Message du Maître

L’Amour est la Voie et le But

L’action intelligente accomplie dans la conscience divine apporte l’expérience et l’expertise. Lorsque chaque activité est dirigée vers Dieu et que l’attention se concentre sur Dieu, la fleur de la vie s’ouvre et révèle sa beauté intérieure, sa joie et sa pureté. Dans la Bhagavad Gita, le Seigneur met l’accent sur l’essentiel de son enseignement: “Travaille pour moi, accepte-moi comme le but Suprême, sois plein de ferveur envers moi et libre de tout attachement ou de toute inimitié envers les autres.”

Tout le monde est né pour travailler, mais le travail devrait être fait avec dévotion, comme un culte rendu à Dieu. On peut faire l’expérience du divin lorsque l’oeil de l’éveil spirituel nous est accordé par la grâce du Seigneur. Lorsqu’on a compris la vie spirituelle sur le plan théorique, il faut mettre cette connaissance en pratique dans le travail quotidien. La dévotion et l’amour divin sont nécessaires. Grâce à l’action (karma yoga) on atteint la connaissance (jnana yoga) qui mène alors à l’amour divin (bhakti yoga). L’amour est la voie et l’amour est le but. Il faut travailler avec amour, grandir dans l’amour et acquérir sa propre expérience spirituelle. L’amour apporte la plénitude. L’amour est divin. L’amour est éternel. L’amour lui-même est libération.

Retour au Sommaire

Extraits Livres

De Paramahamsa Hariharananda – Rédigé par Paramahamsa Prajnanananda

La connaissance du Soi, c’est à dire la sagesse, est au delà de la perception des sens. Elle ne peut être atteinte que par la méditation profonde.

Le souffle est votre vie. Sous l’action du souffle, vous serez dans l’agitation ou le calme. Observez votre souffle et le calme vous sera octroyé.

Soyez toujours purs et parfaits. Si vous restez au sommet, en Sa présence, alors vous êtes purs et parfaits.

Lorsque vous vous mettez en quête et recherchez calmement votre Âme dans chaque pensée et chaque tendance, bonne ou mauvaise, tout vient de l’Âme.

La précipitation et l’inquiétude vous causent beaucoup de problèmes.

Un passage de Gouttes de Nectar de Paramahamsa Hariharananda rédigé par Paramahamsa Prajnanananda.

UN PASSAGE DE KRIYA YOGA, ………

Chapitre 1

Les attributs du Gourou

Le gourou, le précepteur, le maître sur la voie spirituelle est l’ami, le philosophe et le guide de l’aspirant….

L’Héritage Spirituel de l’Inde…..

……Il peut transformer les sociétés et les nations, ouvrant la voie à une ère de paix, de prospérité et de bonheur dans le monde.

Retour au Sommaire

L’enseignement de Gurudev

“Mon amour est pour tout le monde sans distinction de race, de croyance ni de sexe. Je suis venu pour donner à tous un avant-goût du véritable amour spirituel. Je ne fais pas de différence. Je suis venu pour servir tout le monde. Je ne suis pas venu pour être servi. Je donnerai ma spiritualité et je distribuerai cette richesse spirituelle à tous.”

Tu Es Cela

Toutes les qualités présentes en Dieu sont présentes en vous; votre âme est la présence vivante de Dieu. Mais où êtes-vous?

L’état d’extroversion engendré par le mental, la mémoire, l’intellect, l’ego et les sens (l’ouïe, la vue, le toucher, l’odorat et le goût) est extrêmement turbulent par nature. S’il y a un rat en décomposition dehors, il sera couvert de mouches. Si vous mettez du miel d’un côté et laissez le rat de l’autre, les mouches continueront à s’agglutiner autour du rat. C’est la nature humaine.

Interrogez-donc votre conscience: combien de temps passez vous dans le divin par rapport au temps que vous passez sous la domination des démons? Deux pour cents? Un pour cent? Regardez la vérité en face.

Kri et Ya – Souvenez-vous de Dieu dans Toutes Vos Activités

Deux amoureux pensent constamment l’un à l’autre. Même lorsqu’ils ne sont pas ensemble, leur attention se concentre sur l’autre. Si vous avez préparé votre champ, vous pouvez aimer Dieu. Quelque soit ce que Dieu vous a donné dans cette vie, vous devez L’observer – kri et ya. Quelque soit l’endroit où votre mental se dirige, vous devez rester en contact étroit avec l’Âme. Remerciez Dieu pour être si doux envers vous. Vous êtes nés uniquement pour la réalisation divine, pour la libération. Quel que soit votre travail, voyez qui travaille. Est-ce vous qui travaillez? Un cadavre peut-il travailler? Votre mental, vos pensées, votre intellect, votre ego est si turbulents par nature que vous en oubliez que c’est Dieu qui fait tout à travers vous. Quel est le remède? Méditez, méditez et méditez et alors, un jour, vous atteindrez le but divin.

Qu’est-ce que la Méditation?

Méditer c’est demeurer dans l’âme et rester conscient du Soi intérieur. Méditer c’est aller au delà du mental, de la pensée, de l’intellect et de l’ego. On peut le décrire de la façon suivante:

Samlina manasah: Votre mental, votre pensée, votre intellect et votre ego sont absorbés en Dieu parce qu’ils viennent de Dieu.

Nirvishayam manah: Vous vous disconnectez de vos sensations physiques et fixez votre attention sur l’âme parce que toutes les sensations physiques viennent de l’âme.

Quel que soit ce qui se présente, observez-Le. Conservez cette vigilance intérieure à chaque instant. Lorsque vous L’avez oublié et que vous ne L’observez plus, trouvez-en la cause. Pratiquez, pratiquez, pratiquez. La pratique rend l’homme parfait. Puis-je faire votre travail? Non. Mais si je pratique, je peux le faire. Pouvez-vous faire mon travail? Oui. Si vous pratiquez, si vous êtes fermement décidés et si vous L’observez de tout votre cœur, toute la journée, vous Le ressentirez et vous L’aimerez. Lorsque la négativité s’insinuera vous en rirez et direz: “Oh Seigneur.” Lorsque des écueils apparaîtront dans le mental, vous pourrez dire: “Oh Seigneur, Oh Sauveur. Pourquoi gâtez-vous vos enfants avec toutes ces tentations?”

Ne Vous Laissez pas Induire en Erreur

Beaucoup de gens essayeront de vous dissuader. Ils diront du mal de votre technique, que leur méthode est supérieure. Avant d’accepter quoi que ce soit, faites attention. Faites attention qu’il ne s’agisse pas là que d’une illusion qui vous éloignerait de la vérité.

Celui qui est hautement réalisé ne dit jamais qu’une autre méthode est mauvaise. Il suivra sa propre technique. Dieu ne peut pas être perçu par des mots, des images, des sons. On ne peut pas toucher Dieu, on ne peut pas couper Dieu en morceaux, on ne peut pas changer Dieu. Ou est donc la vérité? Par la pratique du Kriya Yoga, vous allez au delà du mental, de la pensée, de l’intellect et des sensations physiques et vous découvrez la Vérité.

La Vigilance Constante est le Prix de la Libération

Vous devriez contrôler vos cinq téléphones des sens et observer que le fonctionnement de vos cinq organes des sens vient du mental, de l’âme, de la fontanelle. Lorsque vous le ressentirez, vous ferez alors l’expérience de cette vérité. Le monde est attirant et vicieux et vous devriez donc pratiquer davantage et rester vigilant. Ressentez Dieu en vous, dans votre enfant, votre femme, votre mari. Observez-Le dans votre travail. Observez vos mains, vos jambes. Remerciez-Le: “J’ai toujours l’impression que ma main est inerte toute la nuit, mais elle fonctionne bien. Je ne suis pas paralysé. Je peux parler. Mon cerveau est en bon état. Dieu est si bon avec moi.”

Comme un enfant qu’il faut toujours avoir à l’œil, il faut surveiller votre mental qui agit comme un garnement dans le corps. Une erreur est vite faite. Ce serait votre mort: asariram sariresu anavasthesu avasthitam, votre âme, votre âme invisible demeure dans votre corps visible.

Si vous observez l’âme immortelle agissant et travaillant à travers vous, vous êtes alors l’âme immortelle. Pratiquez le Kriya dans votre vie pratique. Lorsque vous mangez et que vous en ressentez le goût, aimez Dieu. Un mort ne peut pas manger. La langue ne peut pas ressentir de goût par elle-même. A moins que votre langue ne touche le palais, vous ne pouvez pas goûter la nourriture. Tirez la langue, posez-y une pincée de sucre et ne bougez plus. Vous ne ressentirez jamais le goût sucré sur la langue. Si vous y mettez une tablette amère, vous n’en éprouverez jamais le goût. Ce n’est que lorsqu’elle touche le palais et que la salive s’y ajoute que vous percevez le goût.

De même, pour percevoir le goût de Dieu, deux choses sont nécessaires. Observez constamment le goût de Dieu. Lorsque vous méditez, sentez que vous êtes un avec les gourous. Pensez que vous êtes Paramahamsa Yogananda, Shriyukteshwarji, Lahiri baba ou Babaji. Si vous vous identifiez avec les gourous pendant la méditation, vous entendrez automatiquement le son divin et les pensées disparaîtront. Vous ressentirez la qualité du gourou et ferez l’expérience de la lumière, de la vibration et du son divins, du calme et de la libération. Le mental turbulent, les pensées, l’intellect et l’ego disparaîtront. Ils se trouveront transformés en connaissance, conscience, super-conscience, conscience cosmique et sagesse. C’est votre état de libération. C’est ce qu’on appelle la méditation transcendantale. C’est ce qu’on appelle le yoga intégral. C’est la connaissance. Vous êtes remplis d’amour pour Dieu.

Merci beaucoup. Je m‘incline devant vous tous.

Retour au Sommaire

La peur

Par Paramahamsa Prajnanananda

Le Serpent dans la Corde.

Je suis né dans un village Indien sans électricité et lorsque j’allais à l’école je faisais mes devoirs du soir à la lumière d’une lampe. La plupart des maisons du village avaient des toits de chaume et chaque année au mois d’Avril ou de Mai, on refaisait les toits et on les amarraient avec de nouvelles cordes. En début d’été, on voyait aussi apparaître un grand nombre de serpents à cause de la chaleur. Un soir, je rentrais chez moi et je vis un serpent en chemin. De peur, je me mis a crier: “Serpent!” Le serviteur de notre famille entendit mes hurlements et accourut avec une lampe pour découvrir que ce que j’avais pris pour un serpent n’était autre qu’un morceau de corde qui traînait dans la rue. La lumière avait éliminé la peur. Avant la lumière, mon coeur battait et je tremblais de tout mon corps. Mais lorsque la lumière apparut, la peur du serpent disparut. D’où venait cette peur et quelle en était la cause? Dans cet exemple la cause de la peur avait été l’ignorance résultant de l’obscurité. S’il avait fait jour, je n’aurais pas eu peur, j’aurais vu la corde pour ce qu’elle était. L’ignorance découlait de l’absence de lumière. La confusion se déclenche, la peur se déclenche, le doute se déclenche lorsqu’il n’y a pas de lumière. Lorsqu’il fait jour, il n’y a pas de peur car vous pouvez voir clairement ce qu’il y a devant vous. De même; dans une nuit d’encre, la peur n’existe pas non plus car vous ne voyez rien. La confusion naît au crépuscule du soir qui permet d’entrevoir vaguement mais pas de voir clairement.

La Cause de la Peur

Lorsqu’on analyse l’exemple précédent, on peut distinguer deux erreurs qui entraînèrent la peur:

  1. ne pas percevoir la corde comme une corde.
  2. percevoir un serpent dans la corde.

Dans la vie, la peur se présente lorsqu’on ne voit pas les choses comme elles sont. Si j’avais clairement vu la corde, mon mental n’aurait pas créé en surimpression l’image d’un serpent.

L’incapacité de comprendre les choses comme elles sont est généralement la première erreur et la seconde consiste à projeter notre propre imagination ou nos appréhensions pour arriver à une conclusion erronée. L’erreur d’avoir pris la corde pour un serpent fut corrigée par la lumière. La peur engendrée par la double erreur de ne pas voir la corde comme une corde et de voir un serpent dans la corde peut être éliminée grâce à la lumière. La lumière c’est la connaissance, la lumière c’est l’amour, la lumière c’est la compréhension. Avec la connaissance, l’amour et la compréhension on peut rectifier ses erreurs, se libérer de l’illusion et vivre libre et sans peur.

Le 11 Septembre 2001, quelques uns d’entre nous étaient sur un vol de Vienne à Miami. Nous volions au dessus de l’Atlantique et nous approchions de New York. Généralement, les gens n’ont pas grand chose à faire dans un avion et ils passent le temps en mangeant, en regardant la télévision et en conversant avec les autres. Pour moi, c’est un moment idéal pour l’isolation complète, un rare moment où je peux être seul sans téléphone, sans interruptions. Je ne mange pas dans l’avion. Généralement, je travaille sur un livre, je médite ou je dors. Je lisais un passage des écritures lorsque je fus surpris de remarquer sur l’écran de contrôle de vol que l’avion avait fait demi-tour. Je demandais à l’hôtesse de l’air pourquoi l’avion rebroussait chemin. Elle dit qu’il n’y avait pas de raison de s’alarmer, qu’il n’y avait pas de problème avec l’avion et que le commandant de bord allait nous donner l’explication dans dix minutes. Le commandant de bord se contenta d’annoncer qu’il y avait un problème aux États Unis, que les aéroports étaient tous fermés et qu’on lui avait donné l’ordre de retourner en Europe. Aucune autre information ne nous fut donnée jusqu’à ce que nous arrivions en Europe. Nous fumes surpris de voir que des disciples nous attendaient à l’aéroport alors que nous ne les avions pas prévenus de notre retour. Nous opprimes alors ce qui s’était passé aux Étals Unis. Je ne pouvais pas retourner aux Étals Unis pour la conférence que je devais faire car les aéroports restaient fermés. Je reçus plusieurs appels téléphoniques et plusieurs emails de disciples Américains me disant de ne pas venir; que pour moi le voyage serait risqué, qu’on pourrait me suspecter d’être originaire du Moyen Orient à cause de ma barbe.

Lorsque les vols reprirent, je me rendis seul aux Étals Unis car je voulais me rendre compte par moi-même de ce qui se passait. A l’aéroport Kennedy de New York l’un des membres du personnel de sécurité me demanda s’il pouvait toucher mon corps pour le contrôle. Je répondais gentiment: “Pas de problème” et lorsqu’il eut terminé, l’officier de sécurité me dit que j’avais l’air d’une personne heureuse.

Quelle est la cause de la peur? Combien de sortes de peurs y-a t’il? Comment se libérer de la peur? Le but de la vie spirituelle est de devenir intrépide.

La Connaissance Élimine la Peur

Je vais vous raconter l’histoire d’un jeune homme. Il n’était ni moine ni saint. C’était un révolutionnaire à l’époque de l’occupation Anglaise. Comme beaucoup d’autres jeunes gens de cette époque il s’était engagé dans la lutte contre le gouvernement Anglais et il était condamné à la pendaison. On l’avait mis en isolement cellulaire et il attendait la mort. Personne ne pouvait lui parler. Les gardes l’avaient constamment à l’œil. Ce jeune homme se levait tous les jours à quatre heures du matin, faisait ses exercices quotidiens, lisait la Gita, et suivait sa routine en conservant sa bonne humeur, sans la moindre peur ni anxiété. Le dernier jour était arrivé et il devait être pendu quelques heures plus tard. Il se leva malgré tout à la même heure et fit ses exercices habituels sans s’inquiéter. Le garde qui avait observé son manège quotidien était curieux de savoir comment ce jeune homme pouvait suivre sa routine en conservant sa joie. Il s’approcha de la cellule et lui demanda: “Cher monsieur, je voudrais vous poser une question. Vous allez mourir dans quelques heures. N’avez-vous pas peur? N’êtes-vous pas triste? A quoi cela sert-il de faire ces exercices alors que votre corps doit mourir dans quelques heures?” Le jeune homme le regarda et sourit. Il répondit: “Ce corps va mourir dans quelques heures mais je ne serai pas mort. Ce corps est un don de Dieu. Je l’utilise donc au mieux jusqu’au dernier moment. Je n’ai pas peur.” Ce n’est pas une histoire inventée. Ceci c’est réellement produit. Ce jeune homme n’avait pas peur de la mort car il savait que ce n’est que le corps qui meurt et que l’âme est immortelle.

Il y a sept mille ans de cela, Shri Rama, la grande incarnation, adressa ce message à l’humanité: “J’ai fait le vœu de transmettre abhaya, l’intrépidité, de libérer tout le monde de la peur.”

Dans la Baghavad Gita il est écrit:
Abhayam satva samshuddhi jnana yogo vyavasthita
Être sans peur, mentalement pur et fermement établi dans la connaissance et la Vérité sont les qualités auxquelles on reconnaît une personne spirituelle. Vivre dans la paix, l’amour, le bonheur, la joie et dans l’absence totale de peur c’est vivre dans le vrai sens du terme.

Retour au Sommaire

Fleuve de Compassion

Extrait d’une biographie de Paramahamsa Hariharananda par Paramahamsa Prajnanananda

Chapitre 4 – Suite
L’Environnement Divin

Avec Sanyal Mahasaya

La vie familiale est-elle réellement un obstacle à la croissance spirituelle? Beaucoup de gens se posent la question. La liberté intérieure dépend de l’état d’esprit de chacun. Pour beaucoup, ce que l’on appelle le renoncement extérieur n’est pas forcément la voie à suivre. Shri Lahiri Mahasaya, la source du Kriya Yoga de notre époque, démontra qu’on peut à la fois être un chef de famille exemplaire et un Yogi accompli. Le mental humain est un phénomène complexe, plein d’ambitions et de désirs. Supprimer le désir n’est pas la bonne approche: ce que l’on supprime aujourd’hui se révoltera demain. Le mental doit être purifié par une compréhension correcte et la pratique régulière du Kriya et de la méditation.

Le renoncement extérieur peut entraîner un renforcement de l’ego et de la vanité: “Je suis moine, j’ai renoncé à tout pour Dieu seul.” C’est pourquoi Shri Lahiri Mahasaya déconseilla à de nombreux disciples d’entrer dans les ordres monastiques sans une préparation adéquate. Il disait souvent: “S’il suffisait de porter une robe orange pour atteindre la réalisation, tous les chevaux, les vaches et les chiens à poil roux seraient réalisés. Il vaut mieux mener une vie spirituelle incognito. La vie d’un chef de famille peut être vécue avec modération et les occasions d’auto discipline abondent.”

Shri Lahiri Mahasaya eut de nombreux disciples qui étaient chefs de famille et atteignirent les sommets de la réalisation de Soi. Parmi eux on trouve ses propres fils Tinkori Lahiri et Dukori Lahiri, ses filles ainsi que Pandit Panchanan Bhattacharya, Shri Sanyal Mahasaya et Ramdayal Majumdar.

Shri Sanyal Mahasaya naquit le 28 Janvier 1877 dans le hameau de Sadhan Para (littéralement lieu de pratique spirituelle) dans le district de Nadia au Bengale, sur les rives du Gange. A l’âge de deux ans, Shri Sanyal Mahasaya perdit sa mère. De ce fait il passa la majeure partie de son enfance avec son oncle maternel et le mari de sa sœur aînée qui s’occupèrent de lui et de son éducation.

Dès l’enfance il fut honnête, franc, sincère, tendre et plein de joie et d’esprit. Grâce à son bon comportement et son caractère exemplaire ses amis et ses professeurs qui l’encourageaient en toutes circonstances l’appréciaient beaucoup. Il se rendait compte de la valeur du temps et l’utilisait à bon escient. Le temps et la marée n’attendent pour personne. La vie humaine est très courte. Le bon usage du temps est la seule façon de réussir dans la vie. Il passait ses loisirs à lire les Saintes écritures. Né dans une famille brahmin il profita de son environnement spirituel.

Il célébra sa cérémonie du cordon sacré en 1890 à l’âge de treize ans. Il fut initié en même temps au gayatri mantra (un mantra védique sacré comprenant vingt quatre lettres sanscrites) qu’il pratiqua avec sincérité. Il eut la chance de se trouver en compagnie de nombreux saints, moines et personnes spirituelles dès son plus jeune âge. Il se rendit également dans de nombreux lieux sacrés. Cette atmosphère spirituelle et ces bonnes fréquentations créèrent en lui le désir de vivre une vie disciplinée et spirituelle.

Son enfance fut maladive. A plusieurs reprises, sa condition se détériora au point qu’il n’y avait plus d’espoir de le sauver. A cause de ces maladies fréquentes, il ne pouvait aller à l’école régulièrement. Néanmoins, il ne négligea jamais ses études ni sa pratique spirituelle.

Le 23 Juin 1893 Shri Lahiri Mahasaya l’initia dans la sainte voie du Kriya à sa résidence de Varanasi. Après quelques jours passés en la sainte présence de son Maître, il retourna dans sa ville natale. De 1893 à 1895, Shri Sanyal Mahasaya rendit plusieurs fois visite à son Gourou pour bénéficier de sa compagnie pendant quelque temps. Avec dévotion, amour, humilité et abandon il suivit chaque mot et chaque conseil de son maître. Il entretint également une correspondance régulière avec Shri Lahiri Mahasaya. Il progressa rapidement dans sa pratique du Kriya. Bien qu’il fut très jeune, Shri Lahiri Mahasaya l’autorisa à enseigner le Kriya, faisant de lui le plus jeune acharya dans la tradition du Kriya Yoga.

Shri Lahiri Mahasaya, connaissait le passé, le présent et l’avenir et savait qu’il devait quitter prochainement le monde matériel. Il écrivit donc à Shri Sanyal Mahasaya de s’adresser à l’un de ses disciples chef de famille avancé, Pandit Panchanan Bhattacharya, pour apprendre les techniques supérieures du Kriya.

Shri Sanyal Mahasaya fit plusieurs années d’études universitaires mais ne put les terminer dû à des circonstances familiales. Il avait aussi un grand désir de devenir moine mais là encore sa destinée s’avéra différente. En 1898, à l’âge de 21 ans, il se maria avec Shrimati Kali Dasi Devi, une femme pieuse et dévouée. Il continua sa pratique spirituelle après son mariage malgré de nombreux problèmes familiaux.

En 1902, Shri Sanyal Mahasaya atteignit l’état de réalisation du Soi et fut reconnu comme un yogi accompli. Comme à l’accoutumé, il continua ses activités de méditation, de célébration régulière du culte, d’étude des écritures et de conversations spirituelles.

Shri Sanyal Mahasaya était un proche collaborateur de Rabindranath Tagore (qui allait recevoir plus tard le prix Nobel de littérature) avec qui il travailla de 1902 à 1909 dans le cadre de l’organisation Brahmacharya Vidyalay qui devint par la suite la fameuse université Shantiniketan.

En 1910 il se rendit à Puri en Orissa pour la première fois. L’atmosphère sacrée de ce lieu de pèlerinage l’attirait. Il s’y rendit maintes fois avant de finalement y fonder un ashram qu’il appela ‘Gurudham’ (littéralement la demeure du gourou) pour s’y établir en permanence à Puri. Sur les prémisses de l’ashram il érigea une belle statue en marbre de son gurudev bien-aimé, yogiraj Shri Lahiri Mahasaya dans un temple magnifique quoique de petite dimension. Il continua à vivre en famille à l’ashram. Il fut béni par la naissance de deux fils et quatre filles.

Le Gurudham de Shri Sanyal Mahasaya n’était qu’à quelques centaines de mètres du Karar Ashram de Shriyukteswar. L’un était l’ashram d’un Kriya Yogi chef de famille et l’autre d’un Kriya Yogi ayant renoncé à tout. Shri Sanyal Mahasaya attira également des centaines de vrais chercheurs et les initia dans la voie du Kriya Yoga.

Pendant sa période de sadhana, lorsqu’il observait le silence dans la sainte demeure de Shriyukteswar, Brahmachari Rabinarayan entendit parler de ce grand yogi chef de famille. Il ne laissa pas passer la chance que constituait la divine présence de Shri Sanyal Mahasaya qui, au vu de la sincérité et du sérieux avec lesquels Rabinaryan pratiquait le Kriya, l’accepta comme disciple. Sanyal Mahasaya avait deux fils, Kashipati et Girijapati. Le fils aîné Kashipati était presque du même âge que Brahmachari Rabinarayan. Il vivait dans un état d’intoxication divine depuis son enfance. Il ne fut jamais attiré par le monde matériel ni les affaires familiales. Il devint un proche compagnon de Rabinarayan. Sanyal Mahasaya et sa femme Kali Dasi Devi aimaient tous deux Rabinarayan comme leur propre fils.

Avant sa rencontre avec Sanyal Mahasaya, Brahmachari Rabinarayan avait été initié au troisième Kriya par Swami Satyananda. Entre 1941 et 1944 Swami Satyananda passa la majeure partie de son temps dans le Sud de l’Inde. Brahmachari Rabinarayan avait donc besoin de quelqu’un pour le guider dans sa pratique du Kriya. La destinée de Rabinarayan était d’avoir pour guide différents yogis réalisés à différentes étapes du Kriya. Il pria Shri Sanyal Mahasaya de devenir son gourou et de le guider de l’avant. Jusqu’alors il avait été guidé sur la voie du Kriya par des yogis-moines tels que Swami Shriyukteswar, Paramahamsa Yogananda et Swami Satyananda. Ayant fait le point de sa pratique du Kriya et observé qu’il avait parfaitement atteint le niveau du khechari mudra et d’autres réalisation yogiques, Shri Sanyal Mahasaya se trouva très satisfait de ses progrès.

Entre 1943 et 1945 Sanyal Mahasaya lui enseigna tous les niveaux supérieurs du Kriya, les quatrième, cinquième et sixième niveaux. Brahmachari Rabinarayan passa une bonne partie de son temps en compagnie de son Gurudev bien-aimé, un chef de famille, mais aussi un yogi renommé. Kali Dasi en bonne mère de famille l’aimait et prenait soin de lui comme de son propre fils, s’occupant de sa nourriture et de ses autres besoins.

Shri Sanyal Mahasaya connaissait très bien les écritures et, suivant les enseignements de son Gurudev bien aimé Shri Lahiri Mahasaya, il pouvait donner des interprétations métaphoriques des écritures telles que la Bhagavad Gita. Ses nombreux livres comprennent Bilvadala, Tulasidala, Durvadala, Shatadala, Dinacharya, Moksa Sadhana, Yogabhasaya, Abhyasa Yoga, Guru Tattwa, etc. Il donna tous ces livres à son disciple bien-aimé Brahmachari Rabinarayan.

Pendant son séjour à Puri, Shri Sanyal Mahasaya se rendit plusieurs fois au Karar Ashram et présida à la célébration de l’anniversaire de sa fondation le 22 Mars, le jour de l’équinoxe de printemps. Parmi ses principaux disciples qui prirent plus tard la responsabilité de la propagation du Kriya, on peut citer ses deux fils Kashipati et Girajapati (qui était avocat à la Haute Cour de Patna), Jwalaprasad Tiwari et Nikhil Brahmachari.

Brahmachari Rabinarayan venait fréquemment voir son Gourou pour clarifier des doutes apparus en méditation ou pour être avec lui lorsqu’il rendait un culte aux déités ou discutait des écritures. La fréquentation de Sanyal Mahasaya attisait le feu spirituel qui consumait la vie de Rabinarayan et le fit progresser très rapidement sur la voie du Kriya. Sanyal Mahasaya était constamment dans un état de Yogastha, l’esprit absorbé dans l’état supérieur de conscience divine. Parfois le verre de lait que sa femme lui apportait le matin était encore là, intact, lorsqu’elle l’appelait pour le déjeuner tant il était absorbé dans la conscience divine.

Sanyal Mahasaya était tendre, extrêmement simple et ouvert et n’hésitait pas à parler des problèmes de sa vie familiale à son jeune disciple et fils adoptif Rabinarayan. A l’opposé, sa femme Kali Dasi Devi était une femme très forte et très stricte, parfois dure envers son mari ou ses disciples.

Sanyal Mahasaya eut très jeune le profond désir de devenir moine. Mais les circonstances lui firent accepter la vie de famille. Lorsque ses fils et ses filles furent élevés et mariés, il pensa à nouveau à se faire moine. D’après l’ancienne tradition Indienne, il y a quatre phases dans la vie, la première étant celle de l’autodiscipline et des études, puis celle de la prise en charge d’une famille et des obligations sociales, suivie d’une vie de retraite et de pratique spirituelle et finalement de renoncement total. Sanyal Mahasaya, poussé par le désir intense de devenir moine, quitta son foyer au début des années cinquante sans laisser savoir à quiconque quelle était sa destination.

Il n’y avait que deux personnes qui savaient ce que ce grand yogi avait à l’esprit, sa femme Kali Dasi et son disciple bien-aimé Rabinarayan. Dans l’après-midi du lendemain de son départ, Kali Dasi se rendit au Karar Ashram et, ayant raconté à Brahmachari Rabinarayan ce qui s’était passé, elle lui demamda de l’aider. Rabinarayan la consola en disant: “Ne vous inquiétez pas, je pense qu’il est allé à Varanasi.” Le soir même ils prirent le train et, après un long voyage, arrivèrent à Varanasi. Brahmachari Rabinarayan était au courant des liens que son Guruji avait avec plusieurs monastères de Varanasi. Ils allèrent à l’un d’entre eux dans l’espoir de l’y trouver. Lorsqu’ils arrivèrent à l’Ashram, le supérieur était en train de faire une présentation sur la vie monastique à un groupe de gens qu’il encourageait au renoncement et à entrer dans les ordres. Parmi eux se trouvait Sanyal Mahasaya prêt à embrasser la vie monastique. Brahmachari Rabinarayan se prosterna devant le supérieur et lui dit: “Mon Guruji Sanyal Mahasaya est parmi ces gens. Il est un disciple de Shri Lahiri Mahasaya qui comme vous le savez était un grand yogi de Varanasi, un chef de famille et une âme réalisée. L’épouse de Sanyal Mahasaya est également ici avec moi. Mon Guruji a t’il vraiment besoin de se faire moine? Je vous en prie renvoyez-le chez lui avec nous.”

Le Swami écouta très attentivement puis regarda dans la direction de Sanyal Mahasaya et lui dit: “Je vous en prie, rentrez avec votre disciple et votre femme. J’ai le plus grand respect pour votre Gourou Maharaj Shri Lahiri Mahasaya. Je ne vous donne pas l’initiation à l’ordre monastique.”

Ils rentrèrent tous les trois ensemble. En chemin Sanyal Mahasaya dit à Rabinarayan: “C’est ma destinée! J’ai essayé plusieurs fois sans succès de me faire moine, depuis mon plus jeune âge jusqu’à la vieillesse. C’était mon dernier essai. Tu es devenu l’instrument qui devait me ramener.”

Le 7 Novembre 1959 sa femme mourut. Bien que n’étant pas moine il menait une vie de vrai renoncement. A la fin de sa vie il devint très distrait et constamment absorbé en Dieu. Le 18 Janvier 1962 il entra en mahasamadhi dans son Ashram principal de Bhagalpur dans l’état de Bihar. Ses 85 ans de vie furent marqués par le détachement compassioné. Il vécut comme un ancien rishi des temps modernes et eut une grande influence sur Rabinarayan par le rôle unique de divin Gourou qu’il joua dans son cheminement spirituel. Parmi tous les maîtres desquels il apprit le Kriya, c’est avec Sanyal Mahasaya qu’il passa le plus de temps. Le souvenir de la vie simple, belle, pleine d’humour mais aussi spirituelle de ce grand yogi est toujours vibrant en Rabinarayan, maintenant connu sous le nom de Swami Hariharananda Giri.

Retour au Sommaire

Yoga, Voie du Divin

Enseignements de Paramahamsa Prajnanananda

Chapitre VI

SURMONTER LES OBSTACLES DE LA VIE SPIRITUELLE

Om tvamadidevah purusah purana
stvamasya visvasya param nidhanam
vettasi vedyam ca param ca dhama
tvaya tatam visvamanantarupa
vayuryamognirvarunah sasankah
prajapatistvam prapitamahasca
namo namastestu sahasrakrtvah
punasca bhuyo’pi namo namaste
(Bhagavad Gita 11-38,39)
Om santih, santih, santih

“Oh Krishna, vous êtes l’être ancien qui créa cet univers, qui supporte et entretient cet univers. Vous êtes au dedans, au dehors, partout. Je m’incline devant vous. Je perçois votre présence dans le vent, le feu, l’eau, la lune , les plantes et les animaux. Je m’incline devant vous encore et encore.

Cette prière est celle d’Arjuna au Seigneur Krishna sur le champ de bataille de Mahabharata lorsqu’il voit la forme cosmique du Seigneur.

Les Obstacles

Quels sont les obstacles à la vie spirituelle, à la pratique du yoga et à la méditation? Les connaissant, il sera plus facile de les identifier et de les surmonter. Ces obstacles sont décrits dans les écritures yogic de maintes façons différentes.

Tout d’abord examinons quels sont ces obstacles. Nous sommes des êtres humains, des êtres rationnels doués du pouvoir de discrimination. La plupart des gens savent ce qui est bien et ce qui est mal, mais à cause de leurs émotions et de leur ego, ils n’arrivent pas à surmonter les problèmes de la vie. Combien de temps pouvons nous rester englués dans ces problèmes? Méditation donne la force.

Lorsqu’on médite régulièrement, il faut faire face à tous ces obstacles. Ainsi, lorsque vous faites la lessive à l’eau et au savon, la saleté émerge au départ. Mais si vous vous arrêtez là, si vous ne continuez pas à laver, vos affaires ne seront pas propres. Lorsque l’on s’engage dans la vie spirituelle, de nombreuses pensées et émotions négatives surgissent. Certains en sont troublés et découragés. Mais si l’on continue à pratiquer, elles disparaissent. Je vais maintenant aborder deux ensembles de causes.

La Maladie (vyadhi). Le premier obstacle que l’on peut rencontrer dans la vie spirituelle est vyadhi (maladie). La maladie est elle une mauvaise chose? Non. elle est là pour nous avertir que nous faisons fausse route. La maladie découle d’un grand nombre de facteurs. D’après l’Ayurveda, la maladie est la conséquence du déséquilibre de trois éléments: vata (vent), pitta (bile) et kapha (aspect rafraîchissant). C’est le premier ensemble de facteurs. On peut guérir une maladie en rétablissant l’équilibre. On doit faire attention au choix de sa nourriture. Il n’y a pas de règle universelle concernant la nourriture lorsqu’on s’adonne à une pratique spirituelle. Chacun doit faire très attention à son choix d’aliments et trouver ceux qui sont de nature à promouvoir sa santé et aider sa pratique de la méditation. Il faut faire régulièrement des exercices tels que le mahamudra. Il y a une différence entre l’exercice physique et l’exercice yogic. Les exercices physiques aident à la musculation du corps ou à brûler des calories. Les exercices yogic aident à maintenir une bonne circulation et la respiration profonde et rythmique. Pendant les longues et lentes inhalations l’air circule davantage dans les poumons. La respiration yogic est supérieure à ce qu’on appelle l’exercice physique. Une bonne alimentation, l’exercice et la méditation engendrent l’harmonie.

Le deuxième ensemble de causes de la maladie comprend acarana (comportement), ahara (nourriture) et vihara (jouissance). Les maladies psychosomatiques se développent à travers notre comportement quotidien et notre compréhension de tous les jours. Une autre cause de maladie est la nourriture. Manger de trop ou pas assez peut entraîner la maladie. La troisième cause est la jouissance des sens. L’usage excessif de tout organe des sens crée des tensions et de la souffrance. La modération dans ces trois domaines est nécessaire. La méditation est utile à ce niveau. De plus , lorsqu’on est malade, on ne peut pas méditer. Le Kriya Yoga aide à surmonter ces obstacles.

La Paresse Ou L’Oisiveté (Styana)

Il faut être fort pour surmonter la paresse. Pour arriver au travail à l’heure, il faut se lever à l’heure. Lorsque le réveil sonne, si votre corps et votre mental ne coopèrent pas, vous allez être en retard et devoir vous dépêcher. Les premières heures du jour devraient être consacrées au calme et à la tranquillité.

N’attendez pas. Quelque soit ce que vous voulez faire, faites-le maintenant. Un jour un pauvre homme vint voir le Roi Yudhisthira et lui demanda de l’aider. Le roi lui demanda de revenir le lendemain. Au moment où il s’en allait, Bhima fit le signe de la victoire. Yudhistira fut surpris et demanda à Bhima pourquoi il avait fait cela. Bhima lui dit: “Aujourd’hui vous avez vaincu le temps. Lorsque cet homme vous a demandé de l’aide vous lui avez dit de revenir demain. De toute évidence vous devez savoir que demain vous serez encore vivant et que vous pourrez aider ce pauvre homme.”

Il n’y a aucune garantie du lendemain. Accomplissez sans délai votre tâche quotidienne. Remettre au lendemain est une faiblesse. Ne retardez pas votre méditation. Faites-la régulièrement tous les jours. Un jeune garçon demanda à son père ce que voulait dire “atermoiements”. Le père répondit: “Je regarderai demain dans le dictionnaire et je te donnerai la réponse.”

Le Manque De Motivation (Pramada) est le troisième obstacle. Il consiste à savoir ce qu’il faut faire mais à ne pas le faire.

Le Doute (Samsaya). Dans la Baghavad Gita il est dit:

samsayatma vinasyati (Baghavad Gita 4-40)

Celui qui doute périra. Je connaissais quelqu’un qui doutait de tout le monde, même de ses propres enfants et de sa famille. Ces gens là ne peuvent pas faire de progrès spirituels.

Le Souffle Arythmique (Aniyamita Svasa). Lorsque l’on est en colère ou que l’on a une émotion quelconque, le souffle devient irrégulier. La peur, l’angoisse et la tension rendent la respiration irrégulière. C’est également un obstacle dans la vie spirituelle. Vous avez appris l’art du souffle conscient, profond et rythmique. Vous pouvez surmonter cet obstacle.

Trop Manger est une autre entrave à la vie spirituelle. Vous connaissez la capacité de votre estomac. Certains mangent tellement qu’ils peuvent sentir la nourriture jusqu’en haut de l’œsophage. Ne mangez pas de trop et ne jeûnez pas exagérément.

Trop Parler est aussi un obstacle à la vie spirituelle. Je dis cela mais je n’arrête pas de parler. J’en ai le contrôle. Je vous parle pour votre bien. Les Occidentaux ne parlent pas ou parlent de trop. Lorsque j’étais jeune j’observais le silence tous les jours jusqu’à une certaine heure. J’étais professeur, mais lorsque j’avais fini mon travail, je ne parlais plus.

Évitez les bavardages inutiles et les querelles. Évitez de vous écouter parler.Ceux qui parlent trop ne peuvent pas méditer. Lorsque vous parlez, si vous restez dans la conscience divine et observez votre souffle, vous pouvez rester maître de vos paroles. La stupidité n’est pas la spiritualité, mais la parole doit être utile et proprement exprimée.

Trop Voyager. Si vous voyagez beaucoup, vous n’avez pas le temps de méditer. Il y a tellement de changements comme le changement de fuseau horaire, le changement de chambre, le changement de lit, le changement de nourriture, le changement de personnes, qu’il faut du temps pour s’adapter. Pour les débutants dans la vie spirituelle trop voyager n’est donc pas bon. Mais pour ceux dont le métier impose des déplacements, acceptez les et essayez de trouver le temps de méditer.

Les Fréquentations (Jana samsarga). Lorsque le mental est bien établi et stabilisé, la compagnie des autres n’est pas un problème. Mais tant que le mental est malléable, nos fréquentations nous influencent de maintes façons. Au début essayez donc de vous réserver du temps et des périodes d’isolement. Je ne dis pas qu’il faut boycotter la vie sociale au nom de la spiritualité, mais n’en abusez pas.

Le Sommeil est un autre obstacle. Ne dormez pas pendant la méditation ou juste après la méditation. Parfois pendant la méditation lorsque le mental est réellement concentré on peut somnoler et s’endormir. Si vous vous sentez sur le point de vous endormir, levez vous ou pratiquez la méditation les yeux ouverts. Si vous dormez pendant la méditation le mental en prendra l’habitude. Le mental a plus d’un tour dans son sac pour vous ramener au niveau de la conscience corporelle.

L’Irrégularité dans nos activités est un autre obstacle. Ayez un horaire fixe pour vos activités. Suivez un style de vie discipliné et régulier. Si vous vous levez tous les jours à 6 heures, levez vous à la même heure pendant les week-ends. Méditez un peu plus longtemps. Si vous voulez, faites une sieste l’après midi.

Nous prenons beaucoup de décisions dans la vie mais nous ne les exécutons pas. Nous les suivons un peu, puis nous les abandonnons. Il vaut mieux prendre une décision et la suivre plutôt que d’en prendre de trop et de les laisser tomber. Méditez chaque jour. N’entreprenez qu’une chose à la fois et pratiquez-la pendant deux ou trois mois. Le corps a besoin de repos mais pas autant qu’on le croit. Le corps retrouve son énergie même avec un repos de courte durée.

Trop De Travail Ou D’Exercice ne sont également pas bons. Travaillez selon vos capacités. Lorsque vous serez capables de méditer davantage, vous aurez davantage d’énergie. Mais allez-y lentement et régulièrement au départ.

L’Attente De Résultats. Un autre problème est la méditation dans l’attente de résultats. La frustration en découle lorsque rien n’arrive et peut même entraîner l’abandon de la méditation. N’abandonnez pas. Consultez votre précepteur. Si en dépit d’une méditation sincère vous ne ressentez pas la paix et la joie, c’est qu’il y a un blocage qui freine votre évolution.

Trop De Confiance En soi. Un autre obstacle consiste à acquérir un peu d’expérience et à croire qu’on sait tout, qu’on est réalisé, siddhoham. Souvenez vous que la vie spirituelle est sans fin. Vous pensez peut-être: “Je vais méditer, atteindre l’état de samadhi, et voilà.” Mais si Dieu est infini et l’amour est infini, l’expérience spirituelle est également infinie.

Dans l’Autobiographie d’un Yogi, lorsque Shriyukteswar ressuscita devant Yogananda dans une chambre d’hôtel de Bombay, il dit qu’il méditait dans une autre sphère d’existence où se trouvaient de nombreuses âmes hautement évoluées. Ne pensez pas que le samadhi est la fin de tout. La spiritualité est sans fin et continue. Expérimentez davantage de joie et d’amour. Ne vous arrêtez pas.

L’Ego. Une autre chose à surveiller est l’ego spirituel: “Je médite depuis tant d’années” ou “Mon gourou est super”. Lorsque ces idées surgissent, faites attention et restez sur vos gardes.

La vigilance éternelle est le prix de la libération: jagarane bhayam nasti. Si vous restez alerte, aucun problème ne peut vous toucher. Vous connaissez tant de théories. C’est bon de connaître des théories. C’est mieux de pratiquer. C’est encore meilleur d’être réalisé.

Prenez l’étudiant en médecine. Pour lui la classe d’anatomie est de la théorie et les démonstrations dans l’amphithéâtre sont des travaux pratiques. Mais lorsqu’il a obtenu son diplôme il maîtrise son art par lui-même.

Pour revenir à la spiritualité, combien vous pratiquez, avec quelle sincérité vous pratiquez, avec quelle régularité vous pratiquez et avec combien d’amour vous pratiquez, tout cela comptera pour votre évolution spirituelle

Le Progrès. Nous devons grandir dans l’amour, la vérité, la force et l’esprit à chaque minute. Lorsque vous quitterez cette retraite, vous emporterez avec vous tant de belles choses. Elles sont la nourriture de votre mode de vie spirituelle ou yogic.

Om tat sat

Retour au Sommaire

Questions et Réponses

1. Parlez nous du mode de vie simple.

Qu’est ce qui est simple? Prenons un exemple simple. La nourriture quotidienne comprend des protéines, des hydrates de carbone, des matières grasses, des vitamines et des minéraux. Pour avoir votre ration d’hydrates de carbone vous pouvez faire des pommes de terre cuites à l’eau, des pommes de terre frites ou faire des pommes de terre assaisonnées au curry. Faire des pommes de terre cuites à l’eau est le plus simple. Préparer et digérer les pommes de terre assaisonnées au curry est le plus difficile.

Lorsque je vivais dans un foyer d’étudiants, je mettais de l’argent de côté en vivant simplement. Ce que mes parents me donnaient était suffisant pour un étudiant moyen. Mais en adoptant un mode de vie simple il me restait de l’argent que mes amis étaient toujours prêts à m’emprunter.

Nourrissez vous d’une nourriture savoureuse et saine. Nous avons peu de besoins mais nos désirs sont tels que nos besoins s’accroissent. Adi Sankara disait:

ko va daridrah ya visala trsnah
srimansca ko yatsu samah santustah

(Maniratna mala)

“Qui est pauvre? Celui qui a de nombreux désirs.
Qui est riche? Celui qui est toujours content.”

Lorsqu’il y a beaucoup de choses dans une maison, c’est plus difficile de faire le ménage. Je logeais en Allemagne dans la maison d’un célibataire. Elle était tellement encombrée qu’il faisait venir une personne quatre fois par semaine juste pour faire le ménage. Il payait pas loin de deux mille Dollars par mois pour cette maison qu’il utilisait à peine.

Une vie simple engendre des pensées claires et laisse davantage de temps pour méditer. Vie simple et pensée noble sont les maître mots du Mahatma Gandhi.

2. Quel est le meilleur moment pour méditer?

Le meilleur moment est lorsque vous sortez du lit. Le corps est décontracté et le mental est calme. Même si les muscles tirent un peu pendant le mahamudra c’est tout de même le meilleur moment. Levez vous, asseyez vous sur le lit ou par terre et pratiquez. Si vous devez aller aux toilettes, allez-y et si vous avez encore du temps, revenez et pratiquez. Si vous faites cela vous ne serez jamais constipés.

3. Comment peut-on s’abandonner.

Quelle est l’idée derrière l’abandon? Lorsque vous allez nager dans l’océan, que faites vous pour passer les vagues? Il y a de deux façons de faire: vous baissez la tête et plongez dedans ou bien vous accompagnez la vague en sautant. Lorsque vous entrez dans cet océan de conscience cosmique, pour négocier les vagues et aller dans les profondeurs, penchez vous un peu en avant pleins d’amour pour l’océan en pensant: “Je suis ici pour nager dans tes bras.” Les vague passeront et repasseront s’abandonnant complètement à l’océan.

Comment s’abandonner à Dieu? Dans la vie nous ne contrôlons pas grand chose. Si nous n’avons pas le contrôle, qui l’a? C’est à la fois notre propre karma et le plan cosmique de Dieu. S’abandonner à Dieu c’est aimer Dieu.

Lorsqu’un enfant dépend complètement de sa mère, il est en toute sécurité. Si vous aimez Dieu comme une mère, faites comme si vous étiez l’enfant. Si votre relation personnelle avec Dieu est celle d’un enfant avec sa mère, vous aurez grâce à cette attitude et à ce type d’amour l’énergie de surmonter n’importe quel problème. La méditation est une façon de s’abandonner, la pratique du Kriya est une façon de s’abandonner, comprendre l’omniprésence de Dieu est une façon de s’abandonner. Aimez Dieu du fond du cœur, en pensées et en esprit. C’est cela l’abandon.

4. Parlez nous de Jésus et du Kriya

Jésus méditait et priait de bonne heure le matin pendant que tout le monde dormait. Jésus priait dans un endroit isolé, autrement dit il méditait. Tous les enseignements de Jésus se rapportent à la méditation et à la beauté de la vie spirituelle. Lors d’une de mes conférences donnée dans une église, une dame me demanda: “Est-ce que Jésus pratiquait le Kriya et était-il réalisé?” Quel que soit le genre de méditation que Jésus pratiquait, il était semblable au Kriya car les enseignements de Jésus dans la Bible sont très semblables à ce que nous expérimentons. En ce qui concerne sa seconde question je répondis que Jésus n’avait pas besoin de ma ratification. Jésus est, sera et était. Son enseignement est éternel. Aimez Jésus et pratiquez la méditation. Si vous êtes vraiment sincères dans votre vie spirituelle, Dieu fera votre éducation en utilisant des moyens variés, lesquels sont au demeurant moins importants que l’enseignement lui-même. La façon dont Jésus a appris à méditer a donc peu d’importance. Si vous voulez boire du vin, buvez-le; ne restez pas là avec la bouteille à la main. Ceux qui nous enseignent sont comme des bouteilles de vin. Buvez le vin et jetez la bouteille.

5. Lorsque le mental refuse de coopérer pendant la méditation, doit-on continuer ou s’arrêter?

Continuez. Inclinez vous ou pratiquez le mahamudra même si ce n’est plus qu’un exercice physique. Le mental se reprendra. Si le mental est toujours agité, ouvrez les yeux et regardez simplement une image ou quelque chose que vous aimez. Changez le point de vue de la méditation mais ne vous arrêtez pas.

Om tat sat Om

Retour au Sommaire

Message de Pâques

de Paramahamsa Prajnanananda

C’est le jour de la résurrection, le jour ou Jésus, le fils de Dieu, démontra que nous sommes immortels. Dans la Gita il est dit que l’âme est immortelle, que le feu ne peut pas la détruire et qu’aucune arme ne peut la mettre en pièces. Cette âme immortelle est présente en chacun de nous. La Gita enseigne également de ne pas avoir peur de la mort, d’abandonner toute peur. Nous sommes les enfants de Dieu.

En aimant Dieu et sa création nous devons renaître et nous transformer. Exactement comme l’oisillon doit se débattre pour sortir de l’oeuf et doit apprendre à voler librement, nous devons renaître avec cet esprit de liberté pour voler dans la conscience cosmique, dans l’océan d’amour. Nous devrions introduire l’amour dans chacune de nos actions et pratiquer l’amour en pensée, parole et action. Chaque souffle doit être utilisé pour l’amour.

Jésus fit cette prière: “Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font.” Lorsque nous arriverons à introduire cette prière dans nos vies, nous aussi, nous serons capables d’aimer et de pardonner.

Jésus dit également: “Détruisez ce temple et en trois jours je le reconstruirai.” Le corps est le temple; non seulement le corps physique mais aussi le corps astral psychologique et le corps causal. Nous devons maintenir nos corps propres et en bonne santé. Jésus disait: “Pourquoi faites-vous de la maison de mon père une place de marché?”

Utilisons ce corps, le don de Dieu, dans la prière, l’amour et la méditation. Aimez sans condition. La rivière aime couler; le vent aime souffler; les oiseaux aiment chanter la gloire de Dieu; les plantes aiment fleurir; et les arbres aiment donner des fruits. Que nos vies soient remplies d’amour.

Si vous avez des yeux vous pouvez voir et si vous avez des oreilles vous pouvez entendre le chant de Dieu constamment. Nous perdons notre temps en bavardages inutiles. La vie est le temps et le temps est la vie, d’un moment à l’autre et d’un souffle à l’autre. Dieu est si doux et si compatissant qu’il a donné cette opportunité à chacun d’entre nous. Ayons confiance. Pierre perdit confiance et renia Jésus trois fois avant de se repentir. Faisons grandir notre amour pour Dieu. Ressentons la présence de Dieu en toutes circonstances. Frappez et l’on vous ouvrira, cherchez et vous trouverez. Désirez fortement.

Changez chaque aspect de votre vie, pas à pas. Avancez d’un pas lent; il n’y a pas le feu. Avancez d’un pas ferme et équilibré et marchez avec Dieu. Intensifiez vos sentiments pour l’amour et la compassion de Dieu. Votre vie sera une vie divine.

Jésus ressuscita et dit: “Pourquoi cherchez-vous celui qui est en vie parmi les morts?” Vivez dans la conscience divine. Que la lampe de nos vies brûle à l’autel de Dieu. Laissez-vous emporter vers le Divin. Que l’arbre d’amour fasse de nouvelles pousses, que de nouvelles fleurs y éclosent. La vrai force repose sur Dieu et les gourous.

Je prie pour tout le monde et tous les êtres de l’univers entier: “Christ, donne-nous davantage d’amour et de force pour aimer et grandir. Que les bénédictions de Dieu et des gourous reposent sur nous tous.”

La vie est une prière. Méditez en profondeur et ressentez la présence de Dieu avec un amour et une dévotion profonds. L’amour ne se trompe jamais. Dieu est amour.

Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le fils de l’homme qui est au ciel. Jean, chapitre 3, verset 13.

Mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière pour qu’il soit manifeste que ses œuvres sont faites en Dieu. Jean chapitre 3, verset 21.

Retour au Sommaire

L’art du Silence

(Première Partie)
Par Paramahamsa Prajnanananda, Février 2002

OM
vakratundam mahakayam, suryakoti samaprabham
nirvighnam kuru me deva, sarva karyesu sarvada
apavitra pavitrova sarvavastha gatoviva
yasmaret pundrikaksham saubhyantaras-shuchi
gurur-brahma, gurur-vishnu gurur-devo maheshwarah
gurureva parambrahma, tasmai sri guruve namah
OM Shantih! Shantih! Shantih!

Je me souviens de Dieu. Je perçois la présence de Dieu. Dieu est la source de ma vie et de ma force. Lorsque je me souviens de Dieu, je suis purifié intérieurement. Je m’incline devant Dieu. Je m’incline devant les maîtres qui m’ont appris à aimer Dieu. Que les bénédictions de Dieu et des gourous reposent sur nous tous. OM. Amen!

Les gens portent des bijoux aux oreilles, au cou, aux mains. Mais qu’est-ce qu’un vrai bijou? Un vrai bijou est ce qui embellit une personne, qui donne sa beauté.
kanthasya bhushanam satyam: la vérité est le collier qui orne la gorge
karnasya bhushanam shastram: les bonnes paroles, les écritures sont les boucles qui ornent les oreilles.
hastasya bhushanam danam: la charité, l’aide apportée aux autres sont les bagues qui ornent les mains.
bhushnai kim prayojanam: De quel autre bijou pourrait avoir besoin celui qui possède ces trois-là?

La vérité qui orne la gorge signifie que tout ce qu’on dit devrait être vrai. Vous avez peut-être déjà entendu parler des trois singes que Gandhi avait dans sa salle de séjour. L’un des singes se couvrait les yeux, le second se fermait les oreilles et le troisième se couvrait la bouche. Le premier singe a pour légende: “je ne vois pas le mal”, le second “je n’entends pas le mal” et le troisième “je ne dis pas de mensonge.” Selon une autre version, le premier singe se couvre un seul oeil ce qui signifie: “je ne vois pas le mal, je vois le bien.” Le second ne se couvre qu’une seule oreille ce qui signifie: “je n’entends pas le mal, j’entends le bien.” Le troisième ne se couvre que la moitié de la bouche ce qui signifie: “je ne dis pas de mensonge, je dis la vérité.”

Dieu nous a donné des organes des sens, un mental, un intellect, etc… On appelle les organes des sens et le mental les instruments, comme les instruments ou les outils qui facilitent notre travail. Ces instruments nous facilitent la vie et la rendent confortable. Si quelqu’un n’avait pas d’yeux, cela pourrait rendre sa vie difficile. Lorsque quelqu’un perd une jambe son travail peut s’en trouver compliqué.

Les organes des sens sont appelés les instruments externes. Nous avons dix organes des sens, cinq organes de perception et cinq organes d’action. Les cinq organes de perception sont les cinq organes de la connaissance. Nous prenons connaissance du monde extérieur grâce à ces sens de perception. Nous voyons une variété de choses à l’aide des yeux, différentes couleurs, différents visages, différents objets. Nous entendons une variété de sons. Nous touchons beaucoup de choses, sentons une variété de types d’odeurs et goûtons des choses variées.

Grâce aux cinq organes d’action, nous communiquons, nous nous exprimons et nous travaillons. Nous parlons par la bouche, nous donnons et recevons avec les mains, nous marchons avec les pieds, nous procréons et prenons du plaisir avec les organes génitaux et excrétons avec l’anus. Ce sont les dix organes externes. On peut les fermer en cas de besoin. Il est facile de fermer les yeux, les oreilles et la bouche. Les autres organes sont faciles à contrôler.

Les quatre instruments internes sont le mental pour penser, l’intellect pour décider, la mémoire pour se souvenir et l’ego pour concevoir que “je suis.” Ces instruments internes ne sont pas faciles à gérer. La vie spirituelle suppose la prise en main intelligente de ces quatorze instruments et leur utilisation modérée et consciente. Elle suppose de savoir quand et comment parler, ce qu’il faut voir et ne pas voir, ce qu’il faut faire ou ne pas faire, ce qu’il faut manger ou ne pas manger. Une personne intelligente prend des décisions saines sur sa façon de vivre et sur ce qu’elle doit faire.

Il y a un art de vivre qu’on appelle le ‘silence’. Dans la Bhagvad Gita, le Seigneur Krishna nous dit: mauna chaivasmi guhyanam, l’un de mes multiples secrets est que je suis le silence. Dieu nous dit donc: Je suis le silence. Qu’est-ce que ce silence signifie? S’agit-il de ne pas parler? S’agit-il de parler intelligemment?

A la naissance, notre langue fut le premier organe des sens à devenir actif. Remarquez comment un bébé garde les yeux fermés la plupart du temps mais est très actif avec la langue. La langue est différente car elle a une particularité spéciale. Les yeux n’ont qu’une seule fonction, celle de voir, les oreilles, celle d’entendre. La langue en a deux, celle de goûter et celle de parler. Il y a un proverbe Sanscit qui dit:
jihvyagre vardhati laxmi, La prospérité vient de la langue
jihvyagre mitra bandhava, Vous vous faites beaucoup d’amis avec la langue
jihvyagre bandhan praptah, Vous vous créez beaucoup d’ennemis et de difficultés
avec la langue.
jihvyagre mrityu nischaya, La langue peut entraîner votre mort.

Cette langue peut vous donner deux types de choses: des amis ou des ennemis, la santé ou la maladie, la prospérité ou la mort. Il y a un autre proverbe Sanscrit qui insiste sur le contrôle de la langue:

so jihvya na vasir yasya bhojane jalpane tatha: Celui qui perd le contrôle de sa langue lorsqu’il parle ou qu’il mange
bhavanti dukhino nityam: se retrouve toujours avec des problèmes et souffre énormément.

La maîtrise de la langue est illustrée par les images de Kali, la déesse Hindoue, qu’on représente se mordant la langue pour la maintenir en place. La vie spirituelle est une vie de discipline y compris celle de la langue.

Qu’est-ce donc que le silence? En Sanscrit le silence se dit mauna dont la signification la plus simple est: ne pas parler. Mais Dieu nous a donné une bouche pour parler. Lorsque l’enfant grandit, il écoute les sons produits par les autes, en particulier par sa mère. Le bébé crée et imite toutes sortes de sons comme lorsqu’on parle à un perroquet. Peu à peu le perroquet se souvient des sons et les reproduit. Nous avons beaucoup parlé depuis notre enfance. On considère l’être humain comme un animal pensant et doué de la parole. Nous parlons beaucoup, du matin au soir. Certains parlent même lorsqu’ils dorment. Analysez votre vie, et interrogez-vous sur le genre de discours qui l’imprègne jour et nuit? Est-il réellement utile ou parlez-vous simplement par habitude? Si vous analysez votre vie, vous remarquerez que vous parlez même lorsque personne ne vous écoute. Lorsque les gens voient un chien, ils lui parlent. Ils voient une photo et lui parlent. Ils parlent au téléphone. Les gens se sentent perdus et seuls lorsqu’il n’y a personne à qui parler. Nous parlons jour et nuit.

Je me souviens d’un professeur de philosophie qui était un conférencier célèbre en Orissa. Un jour il admit honnêtement: “J’ai tant parlé. Tous les jours on m’invite à donner une conférence, parfois deux, trois ou quatre dans différentes localités de l’Etat. Je parle beaucoup et les gens aiment ça. Si mes mots avaient été placés sur des montgolfières, ils couvriraient l’océan. Mais si je tourne mon regard en moi-même, je vois une vie pleine de vide. J’ai beaucoup parlé, les gens ont beaucoup aimé mes paroles, mais je n‘ai rien accompli.” Lorsqu’il prononça ces paroles il y a environ une quinzaine d’années il avait la cinquantaine. Il ajouta: “Lorsque je vous regarde et que je me compare à vous, je vois que vous êtes sur la bonne voie et que je suis sur la mauvaise.” Cette histoire nous amène à la question suivante: nous parlons jour et nuit mais à quoi bon? Certes nous nous sommes fait des amis mais encore plus d’ennemis et nous nous sommes repentis: “Pourquoi ai-je dit cela? J’aurais dû m’arrêter à temps. C’était idiot de dire cela.”

Il y a un proverbe selon lequel, après le passage du voleur, l’homme devient intelligent. Nous nous repentons après avoir commis une erreur. Une personne intelligente est celle qui s’arrête de commettre des erreurs. L’idiot n’admet jamais: “j’ai fait une erreur.” Contrôlez votre langue.

Retour au Sommaire

Éléments de développement spirituel

Deuxième Partie –
Par Swami Suddhananda Giri, le 29 Mai 2003 à Miami.

Lorsqu’un chercheur se développe spirituellement, sa vie et sa conscience changent. Un chercheur passe de l’état de disciple à celui de dévot. Dans la vie d’un disciple, la conscience de l’amour et le désir d’aimer sont présents, mais le véritable amour n’entre dans la vie que lorsque le disciple devient un dévot .Dévot signifie ‘tout appartient à Dieu.’ L’attitude du dévot est: je n’ai rien. Dieu nous a donné cette vie, ce beau corps humain, pour l’aimer, pour le servir, pour penser à lui, pour le remercier, pour être emplis de gratitude envers lui, pour le louer et chanter sa gloire. De plus en plus d’amour emplit la vie du dévot et sa vie est consacrée à Ses pieds.

La sensation que ‘c’est moi qui agis’ se change donc en ‘ j’agis grâce au pouvoir de Dieu.’ Puis elle se transforme encore en ‘Dieu fait tout à travers moi.’ L’étape suivante est l’état de réalisation où il n’y a plus d’existence du ‘Je’ ou de Je-isme, plus d’existence du mien ou mien-isme. Dieu seul agit. C’est la vie spirituelle dans ses grandes lignes. Souvenez-vous de ces quatre étapes. Elles représentent l’évolution spirituelle:
C’est moi qui agis
J’agis grâce au pouvoir de Dieu, ce qui fait de moi un disciple
Dieu fait tout à travers moi. Je deviens un dévot
C’est Dieu qui agit.

A la quatrième étape, il n’y a donc plus de je-isme ni de mien-isme. Tout appartient à Dieu.

Baba disait toujours: “Regardez, Dieu accomplit toutes vos activités à travers vous. C’est lui qui mange la nourriture, pas vous.” Il ne s’agit pas simplement d’une façon de parler. Est-ce Dieu qui a mange la nourriture? Pourquoi Dieu mange-t’il de la nourriture? Baba dit aussi que ce n’est pas vous qui vous lavez. Dieu lave le corps. C’est Dieu qui est lavé. Dieu se lave lui-même. Souvenez-vous de cette phrase. Elle signifie que c’est lui qui agit. Si c’est lui qui agit, on doit alors se demander; qui suis-je? Que fais-je? La réponse à cette question est: je ne suis que le témoin. Cela s’appelle sakshi bhava. Je reste conscient. Lorsque je suis conscient de Dieu et que c’est lui qui agit, aucune action ne m’appartient plus. Si je n’agis pas, je n’ai pas de karma. Je ne suis pas lié. Je ne m’asservis plus au monde. Liberté!

Souvenez-vous donc de ces quatre étapes de l’évolution spirituelle. Si vous considérez ces quatre phrases, l’enseignement qu’elles contiennent est suffisant pour la vie entière. On peut tout étudier, on peut étudier toutes les écritures, mais ces quatre phrases en sont l’essence.
C’est le fondement de la spiritualité.

Maintenant vous pouvez vous évaluer. Comment vous positionnez-vous? Entre un et deux, deux et trois ou trois et quatre? Quel est votre niveau? Lorsqu’on est complètement inconscient la majeure partie du temps, on a l’impression d’être celui qui agit, on est lié au corps, au mental, aux organes des sens, aux attitudes et aux pensées. Dans cet état, il y a asservissement, colère, orgueil, émotions et agitation. Mais plus on est conscient que ‘je suis un disciple’, que ‘c’est Dieu qui agit’, ‘j’agis grâce à Son pouvoir’, ‘Dieu est en train de fonctionner’, plus cette conscience libère de la tension, de l’agitation, de la colère, de la cruauté, des émotions négatives et des qualités négatives. Elles se présenteront mais vous n’y serez pas asservis.

Auparavant, certaines situations me mettaient en colère, mais maintenant les mêmes situations ne déclenchent plus de colère en moi. Vous pouvez sentir le changement se produire dans votre vie. On ne peut pas changer le monde, on ne peut pas changer les situations extérieures. La seule chose qu’on puisse changer c’est notre vie, ce que l’on voit, ce que l’on pense etc…

Au départ, on est complètement branchés sur le corps et le mental. La deuxième étape est de se brancher sur les enseignements du Maître. Lorsqu’on reçoit ses enseignements, on se retrouve sur la même longueur d’onde que le Maître et on reçoit ses bénédictions, on sait que ‘je suis un disciple’, que ‘j’essaye de suivre Gurudev, les Maîtres, les tuteurs.’ Lorsqu’on suit de plus en plus Gurudev, on est progressivement de plus en plus en contact avec Dieu et avec la sensation que ‘ce n‘est pas moi qui agis, c‘est Lui qui agit, Il agit à travers moi.’ Alors on atteint l’état de conscience continue. L’oubli a disparu.

Contemplez ces quatre points. La vie spirituelle n’est qu’un processus, une évolution naturelle. On ne médite et on ne pratique une discipline spirituelle que pour arriver plus rapidement au but. Nous atteindrons tous le but, de façon certaine, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Le grand poète Rumi écrivit autrefois un merveilleux poème où il affirme qu’il était dans le monde minéral, puis qu’il devint eau, puis insecte, plante, animal et finalement humain. Il ajoute que plus tard il deviendra peut-être un super-humain. C’est l’évolution spirituelle, pas à pas. Nous allons tous au but. La sincérité dans la pratique spirituelle accélère l’évolution spirituelle, nous rapproche du but, nous rapproche de la Vérité.

Vous pourriez vous dire que puisque vous atteindrez le but de toute façon, la pratique spirituelle est inutile. ‘Je peux faire ce que je veux.’ Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne ressentent aucun besoin de spiritualité. Ils se contentent de jouir de leur vie et de faire comme bon leur semble. Si vous pensez que la pratique spirituelle est inutile puisque qu’on atteint le but un jour ou l’autre de toute façon, c’est que vous oubliez que la pratique spirituelle n’est que pour ceux qui en ressentent le besoin, ce n’est pas pour tout le monde. On ne peut pas forcer quelqu’un qui n’a pas faim à manger. Ceux qui ressentent le désir de paix réelle, de joie réelle, d’amour réel, de bonheur réel, pour eux, la spiritualité est nécessaire. Pour eux, il y a une discipline à suivre parce qu’ils veulent être des disciples, ils veulent être des dévots et ils veulent réaliser la Vérité.

Si vous observez votre mental, vous remarquerez qu’à certains moments vous voulez être sincère, vous voulez méditer, mais qu’à d’autres moments le mental vous entraîne vers le monde matériel et que vous pensez qu’il n’y a pas besoin de méditer. Vous décidez alors d’aller par exemple au restaurant ou ailleurs. Cela arrive à tout le monde. Il y a une lutte au dehors mais au dedans il y a la vérité. Nous avons tous ce désir d’atteindre la Vérité cachée dans notre subconscient. Même celui qui ne pratique aucune discipline spirituelle, qui ne médite pas, qui ne prie pas Dieu, a un profond désir pour Dieu. C’est caché dans le subconscient et c’est le seul but de la vie humaine. Les gens n’en ressentent peut-être pas le besoin, mais c’est là. Le désir est là. Vous avez peut-être un désir pour Dieu, un désir de la vérité, mais le profond désir de Dieu, le profond désir de la Vérité n’est pas à votre portée, ne vous est pas accessible. Il apparaît en temps voulu avec la bénédiction de Dieu et des Maîtres. On ressent de plus en plus la nécessite d’être spirituel, on ressent de plus en plus ‘je veux atteindre la Vérité.’ Ce désir est là. Le désir ne devient pas de plus en plus fort. Le désir est là. C’est votre volonté qui devient de plus en plus forte.

Alors le moment vient où ce désir fait surface et où votre vie entre dans un état d’agitation pour Dieu, pour la Vérité. Vous ne ressentez plus d’attirance ou d’attachement pour faire quoi que ce soit dans le monde. Votre vie toute entière est dans l’agitation pour Dieu uniquement. C’est un processus naturel. Vous devriez maintenir votre attention et votre conscience vers le haut. Priez Dieu, priez Gurudev, “Oh Seigneur, Oh Gurudev, bénis-moi, guide-moi. Renforce mon désir pour Toi.”

La vie spirituelle n’est qu’une vie vécue dans la conscience. Baba dit souvent: “Il est avec vous tout le temps et quel que soit ce que vous faites, c’est Lui qui le fait. Le bien que vous faites est fait par Dieu. Le mal que vous faites est aussi fait par Dieu. Tout ce que vous faites est fait par Lui. Tout ce que vous aimez c’est Lui qui le fait.“ C’est ça la vie. Tout ce que l’on fait se fait grâce au pouvoir de Dieu. Tout ce que l’on fait est fait par la volonté de Dieu. Ce n’est que par ignorance, à cause d’ajnana vidya, que nous disons “je fais” ou “je peux faire cela.” Mais tout se fait grâce au pouvoir de Dieu et selon la volonté de Dieu.

Soyons donc sincères dans notre pratique, dans notre méditation, ce qui apportera de plus en plus de conscience à notre vie. La conscience que ‘j’agis grâce au pouvoir de Dieu’ se transformera lentement en ‘Dieu agis à travers moi.’ Votre vie devrait flotter entre les niveaux deux et trois, ce qui signifierait que vous progressez dans la vie spirituelle. ‘J’agis grâce au pouvoir de Dieu’ et ‘Dieu agit à travers moi.’ Puis vous vous rendrez compte qu’en fait vous ne faites rien, c’est uniquement le pouvoir de Dieu qui opère. Cette conscience que ‘j’agis grâce au pouvoir de Dieu’ et que ‘Dieu agit à travers moi’ est une méditation. Pour pratiquer cette méditation, il faut s’astreindre à la discipline spirituelle pendant quelque temps. C’est ça la vraie pratique.

Retour au Sommaire

Les Yoga Sutras de Patanjali

Commentaires de Yogiraj Shri Shri Lahiri Mahasaya – Interprétation métaphorique de Paramahamsa Prajnanananda.

SUTRA 34

pracchardana-vidharanabhyam va pranasya

Traduction mot à mot:

pracchardana – exhalation, expulsion, expiration
vidharanabhyam – rétention, retenir
va – évidemment, seul, ou
pranasya – du souffle, (de la force vitale)

Traduction:

Ou par l’expulsion et la rétention du souffle.

Commentaires de Shri Lahiri Mahasaya:

Par le pranayama (régulation du souffle) on atteint la stabilité mentale. L’expulsion consiste à pousser l’air contenu à l’intérieur vers l’extérieur par le nez, doucement et consciemment. Pranayama comprend aussi un certain nombre de techniques pour inspirer, retenir et expirer correctement. Ces techniques s’apprennent en suivant les instructions directes d’un gourou- précepteur.

Interprétation Métaphorique:

Dans cette sutra le sage parle du processus externe de l’apaisement du mental. Le mental est agité, mais il peut être purifié et transformé pour atteindre la calme par le contrôle du souffle. Par la régulation du souffle, on peut graduellement maîtriser le mental et, en dernier ressort, sa vie. La Bible enseigne: “Reste immobile et sache que je suis Dieu.”
L’immobilité du corps, la tranquillité du souffle et le calme mental sont les caractéristiques essentielles de la croissance spirituelle.

Dans le corps il y a cinq principaux prana (airs vitaux) qui contrôlent cinq fonctions principales, à savoir:
prana – respiration
apana – excrétion
samana – circulation
vyana – digestion
udana – évolution

Mais lorsqu’on utilise ensemble les deux mots prana et apana, on parle d’inspiration et d’expiration. C’est de là que vient l’enseignement yogique du pranayama, le contrôle du souffle. Il y a différents arts du souffle enseignés par différents maîtres et chacun se doit d’apprendre, de pratiquer et de maîtriser ceux qu’enseigne son propre guide spirituel. La pratique du pranayama en suivant simplement les instructions qu’on trouve dans les livres peut provoquer des résultats indésirables ou même dangereux.

Ici, le sage parle de prachhardana c’est à dire expulsion, expiration ou vomissement. Commencer la technique du souffle par l’expiration veut dire:

  1. Meilleure inspiration.
  2. Abandonner les vieux comportements ou la mémoire qui gênent la croissance.
  3. Ressentir que les êtres humains ne vivent pas uniquement que par le souffle.
  4. Expiration est la mort.

Vidharana veut dire retenir. Retenir le souffle accroît la force intérieure. Ceci est décrit dans les écritures yogiques: “na kumblaa sadrisa valam”, il n’y a pas d’autre méthode pour acquérir la force physique et mentale que de retenir le souffle. Vidharana (vi-dharana) signifie également l’art tout spécial de la rétention du souffle, de la compréhension et de l’acquisition de l’expérience.

Métaphoriquement prachhardana signifie faire l’expérience du prana partout , de l’intérieur a l’extérieur et vidharana signifie retenir cette expérience en permanence, d’une manière toute spéciale. Ainsi, par le contrôle du souffle, le yogi transforme son mental et grâce à cela il devient capable de faire l’expérience du divin en tout.

Oh chercheur, apprend l’art du contrôle du souffle. Pratique la discipline et la maîtrise de soi. Calme ton mental et repose dans la vérité.

Retour au Sommaire

La Bhagavad Gita

Interprétation Métaphorique de Paramahamsa Hariharananda

Verset 14:

devadvijaguruprajna-pujanam saucam arjavam brahmacaryam ahimsa ca Sariram tapa ucyate.

Traduction:

Le culte rendu à Dieu, à celui qui est re-né, aux enseignants et au sage, la pureté, la vertu, le célibat et la non-violence, sont ce qu’on appelle les austérités ou la pénitence du corps.

Interprétation Métaphorique:

Dans ce verset et les deux suivants, le Seigneur indique les conditions nécessaires à la vie spirituelle. Dans la vie spirituelle on doit faire très attention à ses activités. La pureté intérieure et la conscience divine sont les fondements du progrès spirituel et de la réalisation divine. On doit rendre un culte, aimer et respecter Dieu (deva), celui qui est re-né (dvija), le maître (guru) et le sage (prajna). Pour comprendre clairement ce verset, il faut comprendre la signification de ces mots.

Qu’est-ce que deva? Ce mot a deux significations importantes: vide et illumination (lumière). Lorsqu’on se concentre entre la glande pituitaire et la fontanelle et qu’on recherche Dieu dans chaque souffle, on perçoit une lumière d’un blanc de lait qui recouvre l’univers entier (voir Matthieu chapitre 6, verset 22 and Luc chapitre 11, verset 34) et on entend l’aum, le son divin. Le souffle est sans forme. Prana est sans forme. Mahaprana, l’esprit suprême qui se cache dans chaque être humain, est également sans forme. Le père suprême et tout puissant est dans la fontanelle. L’aimer à chaque souffle, dans chaque être humain, dans toutes les créatures vivantes, dans les plantes et partout, est le culte rendu à Dieu.

Dvija veut dire re-né en Français. Les gens pensent que dvija signifie la caste supérieure mais ce n’est pas correcte. Dans la Bible (Jean chapitre 3, verset 3) on trouve: “Personne, à moins de naître de nouveau, ne peut voir le royaume de Dieu.” Et dans l’évangile de Jean, au chapitre 3, verset 5: “Personne, à moins de naître de l’eau et de l’esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu.” Renaître est le vrai baptême. Il faut abandonner les vieilles habitudes et redémarrer une nouvelle vie de conscience divine, une vie spirituelle. C’est la signification de dvija (voir la lettre aux Ephésiens, chapitre 4, versets 22 à 24).

“Gourou” est un très beau concept. Non seulement les gourous donnent des mantras, mais ils infusent le pouvoir divin dans le corps du disciple. Le gourou est le maître réalisé. Gu signifie l’esprit qui demeure au dedans et ru ce corps magnifique. Celui qui réalise le soi intérieur est donc un gourou. Le gourou est maître de toutes les tendances inférieures et repose dans la vérité.

Prajna est l’homme rempli de sagesse qui évolue dans l’atome. Non seulement c’est un spécialiste des écritures, mais il connaît aussi leur signification cachée, leur interprétation métaphorique. Tout un chacun se devrait d’aimer avec humilité Dieu, l’homme re-né, le gourou et le sage.

Tout chercheur spirituel doit essayer d’être extrêmement pur, physiquement et mentalement. La pureté extérieure ou propreté est le premier pas. La pureté intérieure est également nécessaire. Le mental doit rester en permanence au dessus des sourcils, c’est la pureté réelle. Le simple fait de prendre des bains ne rend pas pur, mais apprendre du maître a magnétiser l’épine dorsale produira une circulation différente dans le corps tout entier et apportera la pureté intérieure, Ceux qui recherchent la spiritualité mènent une vie très simple, vertueuse, noble, dénuée de toute ambition matérielle. Ils recherchent constamment la vérité.

Ceux qui recherchent Dieu devraient égalementêtre être libres de tout désir sexuel. Ils devraient donc être brahmachari, célibataires (voir la lettre aux Ephésiens, chapitre 5, versets 3 à 5). La signification ésotérique de brahnachari est de parcourir, d’aller de-ci de-là (chara) dans la conscience divine (brahma).

Les vrais disciples n’ont pas de malice (himsa). Ils ne vivent que pour l’amour et le bien-être de l’humanité. C’est ce qu’on appelle ahimsa.

Les chercheurs spirituels ne torturent pas le corps; ils ne font que chercher Dieu, l’âme qui demeure au dedans. En pratiquant la méditation en compagnie du gourou ils s’élèvent graduellement des centres inférieurs aux centres supérieurs. Tout au long de leurs vies quotidiennes, de chacune de leurs activités, ils donnent leur amour à Dieu. Ils sont libres de toute négativité et se comportent d’une manière appropriée. Dans toutes leurs entreprises, ils observent Dieu.

C’est le fondement de la vie spirituelle.

Verset 15:

anudvegakaram vakyam satyam priyahitam ca yat svadhyayabhyasanam caiva vanmayam tapa ucyate

Traduction:

Les mots qui ne créent pas de désarroi (contrariété), qui sont véridiques, agréables et utiles, ainsi que l’étude régulière des écritures (svadhyaya) sont ce qu’on appelle les austérités de la parole.

Interprétation Métaphorique:

Dans ce verset, le Seigneur explique comment les gens devraient rendre un culte à Dieu par la parole. Dieu a donné à l’homme ses organes des sens pour qu’il en fasse bon usage. Dieu n’a pas donné ces organes des sens pour la destruction de l’homme, mais la plupart des gens les utilisent à mauvais escient, en abusent ou ne les utilisent pas du tout. Utilisés à bon escient, ces organes des sens nous sont utiles de maintes façons. C’est à travers eux que l’homme agit, perçoit et réalise.

L’organe le plus puissant est la langue. La langue n’est pas faite pour “vivre uniquement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu” (Matthieu chapitre 4, verset 4 et Luc chapitre 4 verset 4). Certains moines ne parlent pas. C’est une bonne chose parce qu’il faut acquérir la maîtrise totale de la langue. Mais il ne faut pas non plus oublier que la stupidité n’est pas la spiritualité. L’expression correcte de la vérité spirituelle permet de donner aux autres un avant-goût de la vérité.

Dans la Bible (Proverbes, chapitre 6, versets 17 a 19) il est dit que le Seigneur déteste six choses: “un regard hautain, une langue menteuse, des mains qui versent le sang innocent, un coeur qui manigance des plans pervers, des pieds toujours prêts à se précipiter vers le mal, un faux témoin qui déverse des mensonges.” Dans les Proverbes (Chapitre 8, verset 13) il est dit: “Craindre le Seigneur c’est haïr le mal: je hais l’ogueil et l’arrogance, les comportements maléfiques et les paroles perverses.” Il faut complètement contrôler sa langue lorsqu’on parle.

Ceux qui pratiquent le Kriya Yoga ont une maîtrise parfaite des organes du corps. Ils peuvent facilement éviter la colère, l’orgueil, l’hypocrisie et la cruauté. Ils peuvent donc agir avec gentillesse et dire la vérité; leurs paroles n’ont pour but que le progrès de l’humanité. Ils n’utilisent jamais de mots qui offensent ou contrarient les autres. Ils lisent les livres sacrés et les expliquent clairement pour aider les gens à atteindre la réalisation de Dieu. C’est ce qu’on appelle vanamaya tapasya, rendre un culte au sans forme dans ses paroles et ses discours et faire une offrande aux oreilles et aux coeurs des autres, des paroles douces, vraies, bénéfiques et plaisantes.

Tout discours qui sort de la bouche pour l’amélioration des êtres humains est vraiment spirituel. C’est comme un médicament pour les oreilles. Il fait disparaître l’obscurité et l’ignorance (karma rasayana); il ne crée jamais d’antagonisme; il est doux, humble et divin. Les paroles de vérité libèrent les gens.

Le merveilleux pouvoir de Dieu repose entre les sourcils et au dessus. Ceux qui pratiquent le Kriya Yoga ont le regard constamment tourné vers l’intérieur et non pas l’extérieur, ils sont dénués de toute extraversion. Ils ne parlent que de la vérité, de la réalisation divine, et de l’amélioration de l’humanité. A travers leurs paroles imprégnées d’humilité et de réalisation divine, les gens se sentent inspirés, aidés et évoluent finalement vers un développement complet. Ils apprennent à réussir dans le monde matériel tout en demeurant à l’état sans forme. Grâce à ces paroles, les gens progressent sur la voie de la culture de l’âme.

C’est la parole de Dieu.

Retour au Sommaire